Le pOint 19 Novembre 2004
Acquisition de BBC par le Groupe
BPI
Interview de Bernard Brunhes Dans le paysage conseil français Bernard Brunhes Consultants fait figure de référence pour les affaires sociales et la résolution de conflit. Mais après une carrière qui l’a vu passer notamment par l’ONU et le Gouvernement, Bernard Brunhes souhaitait prendre quelque recul. C’est chose faite, même si son emploi du temps reste très chargé. Il nous l’explique Bernard Brunhes est à lui seul un parcours professionnel réussi: Polytechnicien, diplômé de Sciences-Po et de l’Ecole Nationale de Statistique et de l’Administration Economique, ancien Chef de Cabinet du Directeur général de l’INSEE, Assistant du Directeur du Bureau des Statistiques de l’ONU à New York, Chef du Service des Affaires Sociales au Commissariat Général du Plan, Président du groupe Caisse des Dépôts et Développement, cet ancien Conseiller de Pierre Mauroy pour les Affaires sociales du premier gouvernement socialiste de 1981 a par la suite acquis une solide réputation de médiateur et de spécialiste des questions sociales en fondant en 1987 le cabinet qui porte son nom : Bernard Brunhes Consultants (BBC). Mais si le groupe Bernard Brunhes pouvait il n’y pas si longtemps encore se limiter à de simples rapprochements commerciaux, comme avec Norsys la SSII lilloise, et rester indépendant de l’informatique et des grandes structures de conseil, il semble que la vague de consolidation qui n’épargne aucun secteur du conseil aujourd’hui ait fini par le rejoindre. Bernard Brunhes qui s’était déjà distancié quelque peu des affaires au début des années 2000 en nommant Danielle Kaisergruber Présidente du Directoire de BBC, ne retenant pour lui-même que le poste de Président du Conseil de Surveillance, a donc choisi d’intégrer son groupe au groupe BPI qui détient déjà Leroy Consultants et Sokratès Change (Humblot Grant Alexander). Il nous explique pourquoi. Bernard Brunhes, le cabinet que vous avez fondé vient d’être acquis par BPI. Cette démarche est nouvelle. Peut-on en connaître les raisons? Bernard Brunhes: J’aurai 65 ans dans quelques semaines, et je voulais assurer l’avenir et la pérennité de cette société que j’ai créée en 1987. Je pensais depuis un moment qu’il fallait adosser le cabinet à une autre structure et avais pris des contacts pour aller dans ce sens. Vous vous souvenez qu’il y avait eu un projet de montage avec un groupe l’an dernier mais ça n’a pas bien marché... 2003 était assez médiocre, donc cela nous a encouragés à relancer ce projet de partenariat pour être plus efficaces. Pourquoi BPI ? Bernard Brunhes D’abord et très simplement, il existe entre BPI et BERNARD BRUNHES CONSULTANTS une réelle parenté, en termes de philosophie et d’éthique. Nous avons toujours été proches., j’ai beaucoup parlé avec le DG de BPI. Le DG est quelqu’un avec qui j’ai beaucoup discuté ces 10 dernières années. On se sent proches. Avec Bernard Paoli, le fondateur de BPI décédé il y a 5 ans, nous nous appréciions l’un l’autre. Le rapprochement était naturel. Deuxième point plus technique, la complémentarité et la taille. BPI est un cabinet nettement plus grand que BERNARD BRUNHES CONSULTANTS. Un partenaire auquel s’adosser compte tenu de sa surface, de ses capacités financières, des ouvertures en termes d’emploi qu’il constitue pour les consultants… Nous sommes complémentaires, BPI est très opérationnel et apporte des appuis aux personnes : Outplacement, antennes emploi, mobilité, recrutement. BERNARD BRUNHES CONSULTANTS est plus sorienté que BPI vers les études, le conseil auprès des dirigeants, la stratégie... D’autre part, BPI s’est développé en Europe de l’ouest, BERNARD BRUNHES CONSULTANTS en Europe de l’est, BPI intervient essentiellement dans le privé, BERNARD BRUNHES CONSULTANTS est également présent dans le secteur public. Mais BPI avait déjà acquis Sokrates Change ? Bernard Brunhes: Comme quoi BPI est une firme ambitieuse et qui poursuit son développement interne et externe. Au delà du titre qui va être le vôtre, quel peut bien être votre nouveau rôle dans le groupe BPI ? Bernard Brunhes: Je pense que BPI attend de moi un appui à sa réflexion stratégique, à son développement, à ses nouveaux projets. Ce sera l’un de mes rôles. Cela dit, l’équipe que Claude Paoli a réuni autour d’elle est composée de professionnels très solides, compétents, efficaces. J’espère aussi les aider à mieux se faire connaître par le grand public et les médias. Peut-on savoir comment s’est effectué le montage? Bernard Brunhes: BPI a pris l’ensemble du capital de BERNARD BRUNHES CONSULTANTS en reprenant mes parts comme celles des actionnaires minoritaires. Mais l’actionnariat salarié dont vous nous aviez parlé en 2001? Bernard Brunhes: En effet on avait des projets en ce sens. Dans les filiales internationales de BERNARD BRUNHES CONSULTANTS, les responsables participent au capital. Par exemple en Pologne, le dirigeant a déjà une participation. C’est à Alain Coffineau, le nouveau patron de BERNARD BRUNHES CONSULTANTS, de reprendre le dossier maintenant. Cette fusion résulte en partie des difficultés du conseil. Comment voyez vous l’évolution du secteur? Bernard Brunhes: Au cours des dix dernières années, les clients ont été de plus en plus demandeurs d’un appui opérationnel, immédiatement efficace. BERNARD BRUNHES CONSULTANTS a 17 ans. Chaque crise (92-93) représente un choc. Début 90, le système était tel que les entreprises attendaient des études, de la réflexion... Cette demande nous a incités à développer la réflexion collective. Les entreprises étaient à la recherche d’aide sur pour définir leurs projets, leurs stratégies. Elles avaient besoin qu’on les aide dans leurs réflexions. Elles nous demandaient de les aider à faire parler leur personnel, à réfléchir ensemble, à développer un management plus participatif, à organiser sur le long terme le dialogue social. Aujourd’hui, c’est plus concret et immédiat. On ne nous demande plus de rapports mais de l’aide et de l’action... On doit dire ce qu’il faut faire et presque le faire. Cela pose un problème aux cabinets car cela ne correspond pas toujours aux mêmes qualifications professionnelles]. Trouvez vous là une raisons de plus pour vous éloigner de la profession? Bernard Brunhes: Je ne m’en éloigne pas vraiment, mais cette évolution est portée par les jeunes consultants. Place aux plus jeunes. C’est bien. Il y a les 35 ans qui sont passés par les cabinets américains et qui cherchaient chez BERNARD BRUNHES CONSULTANTS un peu plus d’humain. Ils sont brillants. Il y a un âge plus avancé où il vaut mieux conseiller que diriger. Et pour ce qui est de l’évolution de votre spécialité? Bernard Brunhes: Comme je vous le disais, les clients attendent de plus en plus d’opérationnel, d’aide directe, voire d’externalisation de certaines tâches. Depuis dix ans, le paysage des cabinets de consultants a beaucoup changé. Les grands cabinets internationaux se sont réorganisés autour de la mise en place et la gestion de systèmes informatiques. Ils sont moins présents sur le "soft", sur les aspects sociologiques de notre métier. En outre, les conséquences de l’affaire Enron sur le métier de l’audit et sur les grands cabinets américains a eu sur l’ensemble du monde des sociétés de consulting un effet indirect de réorganisation. Pour conclure comment voyez vous l’avenir? Bernard Brunhes: Le mien ? Je vais participer à la direction de BPI, mais aussi et surtout travailler comme consultant dans le cadre de BPI et de BERNARD BRUNHES CONSULTANTS. J’ai un livre en cours et des projets de publications. Je préside par ailleurs France Initiative Réseau, le plus important réseau français d’aide à la création d’entreprises avec 240 associations locales. Propos recueillis par Bertrand Villeret ConsultingNewsLine Pour Info: www.brunhes.com/Groupe/QDefault.htm Bernard Bruhnes Consultants BPI / Leroy Consultants Copyright Quantorg 2004 pour ConsultingNewsLine All rights reserved Reproduction interdite |
|
|