Interview
: Jean-Christophe Cimetiere, Responsable .NET de Microsoft France
Steve Ballmer le CEO de Microsoft
était donc à Paris pour présenter sa vision du WEB
2.0 ainsi qu’ATLAS la « boite à
outil » du Développeur web que Microsoft a concocté
afin de permettre le développement au
sein d’un monde complexe surnommé AJAX et comprenant des technologies aussi diverses que Html,
CSS, Javascript, Xml, RSS... Jean-Christophe. Cimetiere le Responsable .NET de
Microsoft France a bien voulu faire le point pour nous sur le monde complexe d’AJAX et l’outil
ATLAS de Microsoft.
Jean-Christophe Cimetiere Steve Ballmer
est venu présenter sa vision du WEB 2.0... Que
peut-on retenir de son propos et en quoi les évolutions
récentes peuvent-elles
passer pour une évolution majeure ?
Jean Christophe Cimetiere : Steve
Ballmer l’a rappelé : au delà du marketing associé
et
du Hype suscité par le
WEB 2.0, nous assistons à une véritable évolution
avec derrière une maturité technologique et une
maturité des internautes. Une masse critique d’internautes actifs deviennent ainsi des producteurs
d’information à travers les blogs, les videocasts, les portails photo... ou encore des sites
participatifs tels que les forums... Les internautes savent donc ce qu’ils
veulent faire et sont acteurs de leur communication. Ce qui les motive c’est de ne plus subir
l’information : moins de télévision, plus d’Internet
et ça
« chamboule plein de choses ».
Est-ce à partir de là que la
technologie utilisée se doit de changer ?
Jean Christophe Cimetiere : Moins
de télévision, plus d’Internet correspond à une observation sociologique. Des
technologies d’échange et communication comme MSN ou d’autres pratiques non
autorisées comme le « peer to peer » ont
contribué à ce développement
sociologique. Ensuite bien sûr, la technologie supporte cette
évolution. Derrière le Web 2.0 apparaissent
des fondamentaux technologiques : aujourd’hui la donnée n’est plus bloquée dans des bases
de données Html. Elle apparaît sous plusieurs formes. Sous forme de flux que l’on peut diffuser,
que l’on peut agréger et derrière cela on trouve RSS qui est une déclinaison de
Xml.
Donc le RSS dont on a beaucoup entendu
parler au cours du MIX 06 serait pour les
néophytes un pendant de l’XML ?
Jean Christophe Cimetiere : Tout
d’abord, redéfinissons ces termes ensemble. XML correspond à la grammaire et
à la syntaxe qui structurent les pages d’information que l’on véhicule sur Internet. En
comparaison à HTML, XML véhicule des
métadonnées qui vont permettre aux applications de
comprendre leur structure. D’autre part, le sigle RSS pourrait être défini
comme Really Simple Syndication. Ce langage permet de syndiquer de l’information,
c’est-à-dire de la regrouper par thèmes comme le font les moteurs de recherche.
XML est un moyen
de formater de l’information structurée. A partir de là,
échanger de
l’information nécessite un accord sur un schéma de
stockage qui est fondamental. RSS correspond à un de ces
schémas. Il définit l’échange d’information de
type «News» (titre, contenu, date de publication...)
qu’il devient ainsi possible de partager. Désormais, l’information est transmise
instantanément. En comparaison à la gestion d’une
newsletter où
vous savez qui est abonné à votre communication
(où la base de données des abonnés doit être déclaré
à la CNIL), et c’est vous qui « poussez »
l’information. Avec RSS c’est utilisateur qui vient cherche
l’information, et cela anonymement en général.
Cette
méthode ne va pas faire disparaître les newletters, mais
le RSS permettra de complémenter ce mode en permettant
aux internautes de prendre des flux à leur initiative, selon certains critères et de les
réactualiser. En ce sens, il ne sera pas nécessaire de
déclarer
des listes à la CNIL puisque les utilisateurs de flux ne seront
pas déclarés. Les deux modes seront
complémentaires.
L’information est une mise en forme de
données qui appartient à son créateur. Cela
posera-t-il des problèmes de Copyright ?
Jean Christophe Cimetiere : Nous
parlons ici de technologie et non d’aspect juridique. D’un point de vue technologique et en
partant du principe que l’on a acquis les droits de diffuser un contenu, l’internaute peut
désormais syndiquer une grande quantité d’information. Le Billing,
c’est à dire le paiement, sera vraisemblablement à
développer lorsque nécessaire. Le RSS est bel et bien là et il
peut-être utilisé comme on l’a vu tout au long de MIX 06. Ce qu’il faut retenir c’est que RSS est
une façon de diffuser l’info.
On a entendu parler de SLE [tri sur flux
RSS]. De quoi s’agit-il ?
Jean Christophe Cimetiere : RSS est une technologie fondamentale dans
l’évolution du Web. Basé sur XML, les flux RSS sont simples à
utiliser, simples à produire et répondent à des
besoins de
diffusion d’information ne nécessitant pas d’infrastructure
lourde.D’ailleurs,
pour la petite histoire, Microsoft a inventé Channel Definition
Format (CDF), un
format utilisant XML, qui permettait de faire du push dans Internet
Explorer 4.0. On
peut considérer CDF comme l’ancêtre de RSS ! Les propositions d’extension avec SSE
(Simple Sharing Extensions) et SLE (Simple List Extention) sont des contributions pour faire
évoluer RSS. SSE a été conçu pour
résoudre le problème du partage d'information; l'agenda
qu'une personne
en entreprise souhaite partager avec sa famille est le premier exemple
qui vient à l'esprit. L'idée de départ
était donc de commencer avec quelque chose de vraiment
très simple s’appuyant sur des éléments
répandus et standards. RSS répondait bien à cette
définition: largement adopté, standardisé, simple. L'étendre pour véhiculer des
données de réplication semblait une bonne idée. SSE est donc un moyen de répliquer
des Item d’un flux RSS. Donc si l’information traitée peut être publiée dans un
flux RSS, alors il est pertinent de considérer SSE pour permettre un partage et une réplication
bi-directionnelle entre clients consommant/mettant à jour un
flux XML. Pour
SLE, c’est encore plus simple : SLE est un ensemble d’extension
à RSS qui permettent de faire
très
simplement des petites applications qui vont exploiter les flux RSS.
SLE permet entre autre de trieet filtrer facilement un flux RSS. Exemple
sur amazon:
http://xml-us.amznxslt.com/onca/xml?SubscriptionId=
1FJCCJ9W5JQJB6WDRM02&ListId=BUWBWH9K2H77&Style=http%3A%2F%2
Fimages.amazon.com%2Fmedia%2Fi3d%2F01%2Famzn-wishlist-xsl-1-0
.css%3Fv%3D1.0-0&ListType=WishList&ResponseGroup=ListFull%2C
Large%2CReviews&Service=AWSECommerceService&Operation=ListLookup
On considère RSS comme un
élément majeur dans la façon de
«consommer» les informations sur le Web. Bien sûr les
flux RSS peuvent être consommés dans un navigateur ou dans
un RSS Reader, mais de plus en plus ils pourront également
être consommés par des applications métiers.
Windows intègre
une «RSS Platform» qui sera disponible sur Vista en natif,
et sur Windows XP avec IE7. Les APIs sont programmables en COM et en
.NET et prennent en charge les différents formats autour de RSS.
Cette « RSS Platform » a bien sûr vocation à
être exploitée par les applications
développées sous Windows. Le schéma ci-dessous (extrait du
PPT plus complet sur le sujet en PJ) donne une vue plus
générale :
Donc RSS est un
dérivé de XML permettant de gérer les flux d’info.
Que peut-on dire des autres acronymes entendus au MIX 06 : Ajax
par exemple ?
Jean Christophe Cimetiere :
Ajax est un acronyme qui signifie « Asynchronous Java Script XML
». Ce terme regroupe les nombreuses technologies qui font le web
: HTML (standard de contenu des pages web), CSS (les pages de
style qui permettent un affichage homogène lorsque l’on passe
d’un navigateur à un autre), le Javascript (langage qui permet
d’avoir des exécutables dans une page web), XML,... En
résumé, AJAX rassemble l’ensemble des technologies
utilisées par les navigateurs modernes tels que Microsoft
Internet Explorer 6 ou Firefox 1.5.. Auparavant, la technique de base
était d’appeler des pages HTML via un navigateur.
Désormais, lorsqu’une page évolue, les corrections
s’intègrent directement dans celle-ci grâce au protocole
HTTP. Cette évolution correspond à Ajax.
Cependant, Ajax est un corpus technologique complexe à partir
duquel il n’est pas simple de développer des applications Le
développement d’applications stables et portables sur tout
navigateur est quelque chose qui devient difficile.
C’est donc là
qu’interviendrait Atlas votre outil de développement ?
Jean Christophe Cimetiere
: Atlas est le framework de Microsoft dédié au
développement d’applications web pour créer des sites
Ajax sans avoir à rentrer dans le code, c’est-à-dire sans
avoir à écrire tout le détail du code Ajax
(Javascript, etc). Atlas prend en charge notamment la
portabilité entre les navigateurs (IE, Firefox, Safari).
MIX 06 a consacré
toute une série de produits Microsoft. Que peut-on dire de
l’évolution de Microsoft ? Il semble que le clivage OpenSource -
Applications propriétaires ne soit plus aussi tranché ?
Qu’en est-il ?
Jean Christophe Cimetiere :
En 2005, Microsoft a dépensé 7 milliards de dollars en
Recherche & Développement. Nous cherchons à obtenir
de la valeur intégrée sans que l’utilisateur soit
obligé de développer ses outils où d’aller
chercher un peu partout ses briques. A titre d’exemple, Office est
désormais un ensemble complet d’outils de travail en groupe.
Bien sûr Microsoft reste en concurrence avec certains produits
comme Linux, Open Office ou MySQL, dont le modèle de
développement est l’Open Source.
A fortiori, Microsoft n’exclut pas le modèle Open Source.
Certains de nos projets le sont et nous proposons également des
projets en Shared Source. Par exemple, CLR (Common Langage Runtime) est
le cœur de la plateforme .NET, notre plateforme applicative qui forme
clairement le monde dans lequel les ingénieurs
développent aujourd’hui sur une base Microsoft. Nous
encourageons des projets Open Source comme DotNetNuke, un portail
autour duquel il est possible de travailler et d’intégrer chez
un client. A partir de là, nous vendons de l’infrastructure
serveur sur une plate-forme Microsoft.
En conséquence, nous ne sommes plus concurrents de l’Open Source
mais uniquement des produits Open Source. Tout dépendra
donc des produits à développer, du choix qui est
lié à la valeur de ce que cela procure. Nous sommes face
à deux logiques - une d’ouverture et une valorisation - et donc
deux philosophies complémentaires pour les créateurs.
Microsoft s’est
tourné depuis 1995 vers les services. Qu’en est-il ?
Jean Christophe Cimetiere
: Il faut bien préciser de quoi on parle. Concernant les
services d’intégration logiciel (développement,
installation, configuration, etc…), ces activités sont faites
par nos partenaires (SSII, éditeurs de logiciels, Web Agency).
Microsoft est un éditeur de logiciel dont la vocation est de
fournit une plateforme logicielle complète, avec pour principes,
une philosophie «des 3 i» :
- Une plateforme" Intégrée" pour faciliter l’assemblage
- "Interopérabilité" avec des produits tiers, grâce
à des points de branchement
autour d’un cœur intégré.
- "Industrialisation". Pour rationnaliser la chaine de production et
d’administration
du logiciel en entrerprise.
L’évolution notable en matière de services, c’est le
développement important de la stratégie «Software
As A Service», avec les offres autour de Microsoft Live et
notamment Office Live. Pour Office Live, l’intérêt est de
compléter les logiciels installés sur le poste client,
par des services de collaboration, directement utilisable, sans
installation d’infrastructure. Mais nous restons persuadé que
pour Microsoft, le modèle d’éditeur de logiciel est tout
a fait pérenne, simplement les modes de distribution
évoluent.
Ces possibilités
d’ouverture alliées au fait que 80% des applications tournent
sur Windows ne posent-elles pas des problèmes de
sécurité ? On se souvient des problèmes de
l’été 2003.
Jean Christophe Cimetiere
: La sécurité reste un problème de
l’informatique en général. Il est évident qu’avec
la part de marché de Windows, l’impact en cas de problème
est important. Nous plaçons la sécurité depuis
plusieurs années au cœur de nos produits : revues de codes...
Les dernières version des produits ont eu bien moins de
problèmes et de correctifs, mais nous restons vigilents. Les
produits tiennent compte « By Design » de la
sécurité, c’est d’ailleurs un des axes majeurs de Vista,
la prochaine version de Windows.
En conclusion de cette
journée dédiée au WEB 0.2 que peut-on retenir de
ce MIX 06 ?
Jean Christophe Cimetiere :
Suite au succès rencontré par l’édition
américaine de Mix’06 à Las Vegas en mars dernier, la
filiale française a décidé de proposer le
même type d’événement aux développeurs et
aux responsables Internet français. Les participants au Mix’ 06
ont bien compris l’enjeu du Web 2.0. Près de 800 personnes ont
assisté à cette édition française. Parmi
eux, nous avons pu dénombrer approximativement un tiers de
développeurs (sites web, webmasters, designers), un tiers de
décideurs (stratégies, marketing) et un tiers de
décideurs techniques tels que les DSI.
L’événement a rencontré un grand succès.
Les participants ont pris conscience de l’importance du
phénomène Web 2.0 dans lequel Microsoft souhaite avoir
une grande influence.
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