L'invité de la rédaction
>> Février 2004
57ème AMCF Meeting à New York (3-5 Decembre 2003)
Interview de Lanny Cohen
A l'occasion du 57ème meeting de l'AMCF, Lanny Cohen, Président du congrès et Vice President de Cap Gemini Ernst & Young répond à nos questions sur une économie du conseil américain quelque peu dans le doute, mais loin d'être désarçonnée...
Dehors la neige s'est mise à tomber, faisant de New York à quelques jours de Noël le plus bel endroit au monde.
Lanny Cohen, vous êtes le Président du 57tème Congrès de l’AMCF. Auriez vous l’obligence pour nos lecteurs européens de nous expliquer ce qu’est l’AMCF ?
Lanny Cohen : Aux Etats Unis nous n’avons que deux grandes associations au niveau national : l’AMCF, l’Association des Firmes de Conseil en Manangement et l’IMC, l’Institut des Consultants en Management. Ce dernier a pour but de rassembler les praticiens alors que la première s’intéresse aux sociétés de conseil. Au niveau national l’AMCF et l’IMC se préoccupent des secteurs de services et d’industries les plus diverss, ce qui inclue le secteur des Technologies de l’Information lequel est aussi représenté par l’ITTA, l’Association des Technologies de l’Information d’Amérique.
L’Amérique, car c’est bien là le mot qui pose question, ne semble pas pour autant entrer dans l’acronyme AMCF. Est-ce à dessein ?
Lanny Cohen : Autant que je le sache le A n’a jamais signifié Amérique mais Association. Rassembler des membres dans le monde entier est ce que nous faisons. Cela a toutefois changé légèrement l’an dernier, comme vous pouvez le constater dans notre déclaration d’intention, mais seulement en termes d’objectif. Pour tout dire c’est une association vraiment très internationale… Et elle n’a pas besoin de comporter Amérique dans son nom. On a pas mal de membres étrangers. Les sociétés perçoivent le marché américain comme important et souhaitent établir des partenariats, faire des affaires, ouvrir des bureaux… Aussi nous essayons de les aider.
L’AMCF est née en 1929. Doit-on y voir un lien avec la crise économique de l’époque ? Et peut-on tenter de matérialiser quelques repères dans le temps qui illustreraient l’histoire de l’AMCF ?
Lanny Cohen : A priori [1929] il s’agit d’une coïncidence. L’AMCF est issue d’une pure stratégie entrepreneuriale... Un certain nombre de Présidents et de Directeurs généraux se rassemblèrent et l’entreprise fut constituée de manière équilibrée entre des acteurs de la vie sociale et des professionnels… A ce moment là les affaires marchaient bien, avant le crash. A partir de là il est possible de décrire l’histoire de l’AMCF. La première phase fut bien sûr de collaborer sur des sujets liés à la crise. Par la suite les périodes successives se mirent à refléter plus particulièrement la composition des membres de l’association. Au tout début, la stratégie a prédominé : [BCG], McKinsey … L’étape suivante apparut lorsque les divisions conseil des grandes firmes d’Audit firent leur apparition dans les années 50 – 60. C’est alors que les stratèges s’en allèrent, mais ils en subsiste quelques uns tels Roland Berger. Une toute autre étape qui apparaît aujourd’hui s’appuie sur des entreprises de conseil basées sur des produits telles que IBM, PeopleSoft, SAP, Templeton ... D’une certaine manière cela reflète la composition du marché. Ainsi nous sommes passés de la stratégie à l’audit jusqu’aux technologies de l’information. Aujoud’hui 55% des services de conseil sont réalisées par des sociétés relevant de produits informatiques.
Ce qui nous amènes au présent ainsi qu’aux changements qui sont actuellement en cours. Pouvez-vous nous en toucher quelques mots ?
Lanny Cohen : Nous avons récemment été confrontés à une baisse de la demande associée à des problèmes de surcapacité significatifs [aux USA et de part le monde] ce qui a conduit à une réduction d’activité et à des licenciements, et parallèlement à l’émergence d’un scepticisme parmi nos clients. Ainsi nous nous sommes aliéné une bonne partie des salariés, dont les plus jeunes qui s’en sont allé vers les entreprises et les banques… Auparavant la majorité des diplômés des MBA – disons 80 % - allaient vers le conseil et les banques d’investissement. Aujourd’hui cette proportion s’est réduite à 20%… Peu ou prou nous avons perdu 60 points !
Ce qui est effectivement à l’œuvre actuellement. Mais n’y a-t-il pas quelques tendances nouvelles qui apparaitraient sur les marchés US et mondiaux actuellement ?
Lanny Cohen : La chose la plus terrible c’est qu’il n’y a pas pas de tendance majeure ou d’idée nouvelle. Au début des années 90 nous avions le Re-engineering. Au milieu des années 90 la mise en place des ERP. En l’an 2000 le « Passage à l’an 2000 [Y2K]... Ceci alimentait 75% de la demande de croissance ! Ceci dit nous pouvons observer de nouvelles choses : IBM qui a sorti son concept connu sous le nom de « On demand ». Mais beaucoup s’accordent à n’y voir de bien grande nouveauté. D’un autre côté cela met en évidence le fait que le conseil est devenu un marché piloté par les acheteurs. Le « 11 septembre » très clairement à eut un effet car le conseil était très mobile et aujourd’hui les gens recherchent des solutions plus locales. Ce qui ne doit cependant pas cacher une autre tendance. En effet, côté client s’est installé un grand changement en terme de pression sur les coûts de production qui s’est traduit récemment par l’Outsourcing [Externalisation] et maintenant par and l’Offshoring [Délocalisations].
Les délocalisations, voilà bien le problème majeur du moment, dans un pays où l’économie repart sans pour autant conduire à une croissance de l’emploi. Comment cela se traduit-il pour l’activité conseil ?
Lanny Cohen : Je ne sais pas ce qui va être la prochaine étape dans le conseil mais ce dont les gens parlent c’est d’un glissement vers l’externalisation, tout particulièrement l’externalisation de l’activité centrale de l’entreprise [Business Process Outsourcing], et pas seulement dans les Technologies de l’Information, avec une tendance forte à localiser le travail «au bon endroit» . Une certaine partie des consultants «aéronautes» vont suivrent les clients car une part du conseil va être délocalisé. Accenture l’an prochain devrait relocaliser 10 000 personnes en Inde! La grande majorité des Technologies de l’Information peut-être délocalisée : Help Desk, Développement informatique, Maintenance applicative... Mais aussi les Cost Center Operations, les capacités de Research... Pas mal d’activités ont déjà relocalisées leurs activités telles que les services clients … Là dessus il existe un débat national. Et l’on ne fait que de commencer à discuter les aspects sociaux et politiques. Le Président Directeur général de Tata aurait dépensé plus de 60% de son temps sur la « Colline du Capitol » [Capitol Hill] en discussions sur les conséquences d’un tel sujet. A cette occasion 15M$ auraient été attribués par l’Etat indien et le gouverneur à Tata .
Au delà des délocalisations en cours, entrevoit-on de nouvelles technologies qui pourraient propulser le secteur du conseil ?
Lanny Cohen : Il est difficile de faire une quelconque hypothèse. Mais quelques nouvelles technologies pourraient bien s’additionner pour conduire à quelques opportunités de marchés. Les étiquettes RFID (Radio Frequency Identification Tags) matérialisent de la sorte une tendance mondiale qui pourrait bien se mettre à piloter le marché des technologies de l’information. Et cela pourrait bien aboutir à terme à l’apparition d’opportunités pour les consultants à l’occasion de la mise ne place de ces technologies. Cela devrait commencer l’an prochain et devrait être positif pour les consultants. Ceci dit, si le RFID a un quelconque effet, nous ne savons pas dés à présent si cela doit conduire à garder espoir.
S’agissant des étiquettes de prix, que dire des honoraires des consultants ? Sont-ils portés à continuer à chuter et pourquoi ?
Lanny Cohen : Les sociétés concentrent leurs efforts le montant des paiements etc… [Nous devons y voir] le fait que l’on est confrontés à une restructuration du conseil. Les fondementaux de l’économie de notre profession sont en plein changement. Aujourd’hui tout est fondamentalement différent et modifie la structure des coûts. On a peuplé les clients avec des ex-consultants. Les gens qui ont quitté le conseil sont maintenant dans l’entreprise et leurs compétences se sont accrues. ET maintenat elle externalisent leur prropre activité de cœur… Mais embauchent des cerveaux en même temps. Le concurrent sérieux est au bout du compte le client !.. C’est une tendance très intéressante.
Ce qui a certainement des conséquences fâcheuses sur les honoraires . Dés lors peut-on croire à quelque éclaircie dans le ciel ?
Lanny Cohen : Dans les prévisions économiques nous pouvons entre-apercevoir quelques signes positifs. [ Aux USA ] le Produit Intérieur Brut [Gross Domestic ]. Mais les dépenses des entreprises en informatique ne devraient pas changer. Il faudra attendre un certain temps pour voir un retour aux fortes dépenses en conseil. De plus nous avons certains secteurs en mauvais état. 2004 devrait être une année neutre, bien qu’il n’y ait pas accord sur ce point. Les prévisions pour les Technologies de l’Information vont de - 7% à + 12% ce qui représente un écart de 90 % ! Il est établi que les dépenses publiques devraient augmenter. L’informatique des entreprises devrait être invariante. Il y devrait y avoir un accroissement des dépenses gouvernementales. Des dépenses fédérales liées aux réformes gouvernementales, sans rapport avec les élections. Au bout du compte le paysage se modifie : les dépenses des entreprises sont à plat alors que les dépenses fédérales sont en hausse.
Que peut-on dés lors dire sur les marchés, de manière comparative ?
Lanny Cohen : Mon sentiment c’est que le marché US est ressenti comme légèrement plus solide que l’économie européenne. Il s’améliore plus vite ! Le deuxième point c’est que même si le retournement est lent, il y a quelques firmes européennes qui se portent pas mal en raison notamment de la dérégulation des marchés. Quoi qu’il en soit, la « transformation des ressources » reste une tendance pour le future dont on devrait reparler.
Quel peut dés lors être la position de l’AMCF dans ce marché en plein changements ?
Lanny Cohen : La diversité est une question dont on s’occupe à l’AMCF. Les autres sujets d’intérêt sont l’éthique, la redevabilité [accountability], l’être humain, le Leadership sur les marchés, être aux avant postes de la profession et finalement fédérer les sociétés de conseil.
S’il devait y avoir une question à laquelle vous aimeriez répondre, quelle pourrait-elle bien être ?
Lanny Cohen : Je parlerai de ce que nous sommes [à l’AMCF]. Dans les bons moments qui peut bien avoir besoin de se rassembler ? Auparavant les [membres] s’évaluaient [réciproquement]. Aujourd’hui il se rassemblent pour discuter de sujets tels que la «diversité ». C’est un aspect du challenge culturel auquel nous faisons face.
Propos recueillis par Bertrand Villeret
Hyatt Regency ParkWay 5 Dec 2003
Notice :
CGE&Y avec Algoé Consultants sont les seuls membres français de l’AMCF.
Membre de l’AMCF :
Brain Management Consultants Co Ltd (China)
Algoe Consultants (Ecully, France)
Anderson & Schwab Inc. (New York, USA)
Boer & GROON Strategy & Management Group ( Amsterdam, Hollande)
Cap Gemini Ernst & Young (5 time square New York USA)
Charles Brooks Associates Inc (Charlotte, USA)
Deloitte (1633 Broadway, New York USA)
Dr Wieselhuber & Partner (Munich, Allemagne)
Establish (Fort Lee, USA)
Frank Lynn & Associates Inc (Chicago, USA)
GITP Internatinal BV (Nijmegen, Hollande)
Hay Group (Philadelphia, USA)
IBM Business Consulting Services (Armonk, USA)
International profit Associates (Buffalo Grove, USA)
James E. Arnold Consultants Inc (New York, USA)
Kurt Salomon Associates (New York, USA)
LCI Communications Ltd (New York, USA)
Management Consulting Group Plc [Institute of Management Resources - Proodfoot Consulting Europe] (Londres, Royaume Uni)
Management Partner GmbH (Stuuttgart, Allemagne)
Morgan Anderson Consulting (New York, USA)
Naremco Services Inc (New York, USA)
New System Consulting Group [Shenzen NSMAC] (Shenzen, Chine)
PeopleSoft (Pleasantown, USA)
PepperCom (New York, USA)
Princeton Consultants (Princeton , USA)
Ransford (Houston, USA)
RHR International Company (Wood Dale, USA)
Rijnconsult BV (Velp , Hollande)
Robert E. Nolan Coompany Inc (Simsbury, Dallas, USA)
Roland Berger Strategy Consultants (Munich, Allemagne)
RSM Mc Gladrey Inc (Mineapolis, USA)
SAP America (Newton Square, USA)
Templeton & Company , (West Palm Beach)
Strategic Decision Group (New York, USA)
The Center for Organizational Excellence (Rockville, USA)
The Chapman Group (Columbia, USA)
TPG and Associates (Concord, USA)
TrueTalk Inc, (Croton on Hudson, USA)
Tunnel Consulting (King of Prussia, USA)
Twynstra Gudde Management Consultants (Amersfoort, Hollande)
Watson Wyatt Worldwide (Washington, USA)
Pour Info :
AMCF, 380 Lexington Avenue, Suite 1700 Tel : 212 551 78 87
Aussi 7 Avenue des Gaulois B-1040 Brussels, Belgium
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