L'invité de la rédaction
Janvier 2005 Patrick
Levy-Waitz,
Président
de Dynargie
Quelques jours
après qu’Altedia ait acquis Dynargie, le groupe de Conseil de
Raymond Soubie est lui-même capturé par Adecco,
leader suisse de l’Interim. Consolidation, création de groupes
internationaux, capacité à mettre à disposition
des talents... le phénomène qui s’est
déroulé dans l’informatique se serait-il aussi mis en
marche dans les RH? Certainement. Mais la taille humaine des structures
d’expertise doit pouvoir subsister. C’est le constat que fait Patrick
Levy-Waitz, Président de DynargiePatrick Levy-Waitz, Dynargie que vous présidez vient d’être capturé par Altedia, le groupe dirigé par Raymond Soubie ? Doit-on y voir un effet de la consolidation qui a actuellement cours dans le secteur RH ou bien s’agit-il d’une stratégie propre ? Patrick Levy-Waitz : Vous avez raison, on va vers une consolidation du secteur RH mais après ce constat, il faut remarquer que les modèles peuvent, suivant les entreprises, être très divers. Pourquoi les dirigeants de Dynargie ont-ils pris la décision de se rapprocher d’Altedia ? Contrairement à ce qui se passe souvent, ce n’est pas parce que Dynargie est en difficulté que ce rapprochement se fait, bien au contraire, c’est une entreprise en pleine expansion qui a choisi de rejoindre un Groupe à la suite d’une analyse stratégique murie. Notre métier c’est l’accompagnement humain du changement dans son volet managérial. C’est à un niveau stratégique de l’entreprise que nous intervenons convaincus que c’est sur le levier humain qu’à l’avenir reposera la plus grande création de valeur. Observons qu’en management il y a des modes : d’abord il y a eu le Marketing puis l’Informatique puis l’optimisation des process... aujourd’hui on revient …enfin à l’essentiel, c’est comment permettre aux hommes d’être efficaces dans leurs actes individuels et collectifs! Fort de notre croissance organique de plus de 10% par an dans un marché atone (+18% en 2004), nous avons pris la décision de rester focalisés sur notre cœur de compétences en apportant à nos Clients - à la recherche d’expertises pointues, connexes aux nôtres - la réponse à leurs besoins. Alors pourquoi Altedia ? Patrick Levy-Waitz : C’est d’abord le leader, une marque reconnue et un groupe respecté et dirigé avec la double préoccupation, celle de favoriser à la fois l’esprit entrepreneurial et celui de bâtir des synergies de compétences au service du Client. C’est une vraie conviction de Raymond Soubie qui, d’après moi, est la seule voie pour réussir à faire émerger la créativité des hommes et éviter le syndrome du « copier-coller » du consultant. C’est parce que la valeur ajoutée pour le Client est forte que ce groupe est reconnu et cela a été pour nous tout à fait déterminant. Deuxièmement, on a rejoint un groupe qui était lui- même en réflexion sur l’accompagnement managérial, lequel accompagnement correspond à une demande de plus en plus importante de la part des Clients très intéressés par cet aspect mobilisation et dynamisation des équipes. Altedia était à la recherche de notre savoir-faire et présente une ambition européenne. Fort de cette conviction commune, le rapprochement a pu se faire car dans la mutation qui s’opère, il faudra aussi savoir pouvoir répondre à l’échelle internationale. Donc selon vous, ce rapprochement est le mariage de l’expertise en accompagnement managérial et de la capacité à l’international ? Patrick Levy-Waitz : Vous avez raison, c’est bien la mondialisation des entreprises qui est évidemment en arrière plan de tout cela. Leur problématique c’est d’avoir une vision globale et d’avoir des accompagnateurs capables d’agir localement à leur côté. Sans cela, il ne leur sera plus possible de réussir durablement. Aujourd’hui au niveau des métiers, les problématiques entraînent une demande de plus en plus complexe et la pertinence commande que les réponses soient à la hauteur… avec une concurrence de plus en plus forte. Doit-on, sous l’effet de la pression concurrentielle, voir une bipolarisation du secteur RH comme cela est observé dans le reste du secteur Conseil avec d’un côté des niches players et de l’autre de grands groupes consolidés ? Patrick Levy-Waitz : Je ne pense pas que la bipolarisation puisse fonctionner dans les RH de manière aussi simple. Mais il y aura, en effet, de grands groupes capables de répondre à des problématiques lourdes et complexes. II y aura aussi des Clients qui voudront avoir un spécialiste sur chaque domaine d’expertise et qui sauront faire la synthèse eux-mêmes. Par conséquent, on continuera à trouver des petites entités restant indépendantes sur des niches très spécifiques. Quant à nous, nous avons choisi de rester nous-mêmes… dans un cadre plus large et duquel nous avons beaucoup à apprendre. Notre choix, c’est de rester à taille humaine tout en nous donnant la capacité de créer de l’intelligence collective avec d’autres. C’est là, le sens de notre rapprochement avec Altedia. Mais la démarche d’Altedia semble globale. En se rapprochant d’Adecco, elle s’assimile à ce que l’on a vu dans l’informatique où parallèlement à la consolidation les grands groupes ont su capitaliser sur les commodités, la mise à disposition de talents et d’équipes ? Patrick Levy-Waitz : Certainement, mais le modèle est à chercher ailleurs. Les grands de l’Interim sont en fait en train de bâtir leur devenir sur 2 pieds : les solutions RH d’une part, et le Conseil RH à forte valeur ajoutée d’autre part, et ce au niveau mondial. On le voit avec Adecco, Manpower ... Mais la mutation culturelle au sein du monde du Conseil RH, il me semble que ce que l’on observe s’apparente plus à ce que l’on a vu chez les géants de la Communication ces 20 dernières années : Havas, Publicis, WPP... Le modèle économique n’est pas celui des batteries de consultants mais de la juxtaposition d’entités à taille humaine dans des groupes internationaux. Idem donc à ce que l’on a vu en Marketing et Communication ces 20 dernières années. Si la manoeuvre est réussie, pensez-vous conserver cette autonomie propre aux « entités de taille humaine », pour reprendre votre expression ? Patrick Levy-Waitz : Attention, autonomie n’est pas synonyme d’indépendance. Autonomie, c’est la capacité à apporter aux autres son expertise, sa vision pour les confronter à d’autres en faisant jaillir le meilleur au service du Client, donc de l’actionnaire. Les dirigeants du Groupe et moi-même en sommes convaincus et nous le démontrerons. Par ailleurs, Raymond Soubie m’a confié la direction d’une nouvelle ligne d’activité « Accompagnement Managérial » qui va reposer sur 2 entités : Dynargie et Altedia-Cogef . A nous d’être exemplaires ! Propos recueillis par Bertrand Villeret Consultingnewsline Pour info: http://www.dynargie.fr Crédit photo: Elise Severe pour Dynargie Copyright Quantorg 2004 - 2005 ConsultingNewsLine All rights reserved Reproduction interdite |
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