Jacques Leray : CGI est une entreprise canadienne d’origine québécoise, crée en 1976 et dont le siège est à Montréal. CGI est cotée à New York et à Toronto. CGI compte 25 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 2.5 Milliards d’Euros, le Canada représentant 59 % de l’activité, les Etats- Unis 34 % et l’Europe 7%. En Europe, CGI est principalement présent dans 4 grands pays: le Royaume Uni, l’Allemagne, l’Espagne et la France, mais est aussi présent : au Portugal, aux Pays - Bas, en Pologne....  Nous comptons également entre autres 2 centres de développement «Offshore » en Inde à Mumbaï et Bangalore employant plus de 1200 personnes.


Avec un CA de 2,5 Milliards d’Euros cela vous place où par rapport aux Leaders du marché ?

Jacques Leray : CGI compte parmi les 10 premières sociétés en Technologies de  L’Information mondiales.


Pour une offre qui se distingue comment ?

Jacques Leray : CGI est une SSII qui propose des activités de conseil en IT, conseil métiers ainsi que des services d’infogérance. Dans ce cadre, notre volonté est de développer une relation de longue durée avec nos clients et de faire évoluer leurs SI que nous gérons. Notre philosophie n’est pas de gérer uniquement l’existant mais de réinvestir leurs économies d’échelle dans la refonte du SI client. Nos prestations vont donc bien au-delà de la simple infogérance.


Pour une clientèle et une organisation qui se répartissent comment ?

Jacques Leray : L’organisation du groupe est déclinée autour d’Unités d’Affaires dont le modèle est celui de la proximité avec le client. Au Canada, nos implantations principales sont à Montréal, Toronto et Ottawa. Nous sommes très présents dans les provinces de l’Atlantique (Halifax, Nouveau Brunswick, Nova Scottia, Terre Neuve...), à Québec (où le groupe est très présent au niveau du gouvernement.) et dans les provinces de l’Ouest (Alberta, zones pétrolifères). Nos principaux secteurs d’activité sont les suivants : Services Financiers, Gouvernement et Service Public, Telco/ Utilities, Distribution et Industrie .En France, nos bureaux sont à Paris.


CGI reste assez peu connu en France - au moins pour les consultants. Peut-être cela résulte-t-il d’une croissance rapide. Comment s’est-elle faite ?

Jacques Leray : La filiale CGI France a vu le jour suite à l’acquisition de IMR Global en 2001. Le groupe a en effet beaucoup grandi par croissance externe, avec des acquisitions au Canada d’abord puis aux Etats-Unis et enfin en Europe.


Cette apparition sur le continent européen s’est donc faite de manière assez discrète jusqu'à ce rachat de Plaut France. Maintenant vous êtes très visibles, notamment en volume, si l’on retient les chiffres que vous avez précédemment cités. Doit-on compter sur une poursuite de cette croissance ?

Jacques Leray : La volonté stratégique de CGI sur 3 ans est de tripler les positions en Europe et aux USA pour aller vers une répartition du chiffre d’affaires ciblée comme suit : 40% du CA réalisés au Canada, 40% réalisés aux USA et 20% réalisés en Europe.


Plaut se situe où dans cette stratégie ?

Jacques Leray : Traditionnellement CGI est bien représenté dans les secteurs Financiers, Telco et Gouvernement. C’est en tous cas historiquement la répartition pour l’Amérique du Nord. La situation est très différente en Europe et en France. Les acquisitions en Europe correspondaient jusque-là à des reprises de filiales d’activité américaines. Plaut est le premier rachat purement européen. A noter que s’agissant des rachats d’entreprises, nous recevons des dizaines de dossiers chaque semaine. Cela dit, nous sommes très sélectifs dans l’étude de nos dossiers. Notre stratégie était de nous renforcer et de nous diversifier pour répondre à la demande de nos clients internationaux. C’est le sens de l’acquisition de Plaut. Pour illustrer cela, disons qu’avant cette acquisition, notre pourcentage en termes de chiffres d’affaires par secteur d’activité se répartissait comme suit : notre activité était concentrée sur les Services Financiers (avec une forte expertise dans la Finance de Marché), les Utilities (électricité, gaz et eau) et les Telecoms. Suite au rachat de Plaut Consulting, très implanté pour sa part dans le secteur de l’Industrie, notre répartition par secteur d’activité devient la suivante : Manufacturing 35%, Services Financiers 35 %, Utilities  25 % et Telco 9 %. Plaut était donc une opportunité de complémentarité en termes de secteurs.


Cela c’est pour l’aspect sectoriel mais qu’en est-il des Practices ?

Jacques Leray : En effet. On avait deux axes de développement : l’internationalisation des clients mais aussi le développement d’un pôle de compétences SAP pour l’Europe. Plaut, dont SAP était une spécialité, est venu renforcer cette Practice. L’expertise et la compétence de Plaut Consulting sur SAP sont venues renforcer notre offre « Business & SAP Consulting Services ». Nous disposons aujourd’hui d’une capacité de 600 à 800 consultants autour de SAP au niveau global.


Au delà de SAP, l’aspect «conseil  de Plaut a-t-il été pris en compte dans le choix de rachat du cabinet?

Jacques Leray : Avant l’acquisition de Plaut, CGI proposait également des prestations de Conseil en amont et en complément de nos missions, mais ce n’était pas notre savoir-faire de base et l’on n’en faisait pas un «métier». Avec le rachat de Plaut, c’est une véritable division Business Consulting qui voit le jour.


Qui agira sous son propre nom ? Avant le présent rachat, Plaut France, filiale de Plaut, avait fait l’objet d’un MBO parisien, tout en maintenant l’enseigne allemande bien connue. Qu’en est-il aujourd’hui du nom après cette reprise par CGI ?

Jacques Leray : Plaut Consulting est devenue une division de CGI France, la division Business & SAP Consulting Services (BSCS). L’intégration est à présent totalement réalisée et tous les consultants de Plaut Consulting sont devenus des salariés de CGI.


Ceci dit, l’entité Plaut doit-elle se fondre progressivement dans la masse, et là je rappelle les déboires connus par ailleurs par d’autres cabinets rachetés par des SSII, ou la personnalité propre de Plaut peut-elle et doit-elle subsister ?

Jacques Leray : Notre mode de fonctionnement c’est une bonne autonomie opérationnelle. Donc la division BSCS nouvellement créée est responsable de son P&L et de son développement dans le respect du mode opératoire de CGI (par ailleurs première SSII nord américaine certifiée ISO 9001-2000 sur l’ensemble de ses bureaux).


Donc à priori une autonomie encadrée qui devrait assurer du succès de l’opération. On vous le souhaite. Qu’est-ce que cela donne en terme de volume et de localisation des équipes ?

Jacques Leray : Les équipes de Plaut Consulting ont quitté leurs bureaux pour venir s’installer en nos locaux – 20 avenue de l’Opéra. Nous étions 180 et nous passons à 300 personnes. Je dois également ajouter que la nouvelle de l’acquisition a été accueillie favorablement par l’ensemble de nos clients.


Plaut France n’est certainement pas la dernière acquisition prévue dans l’année. Des projets en vue ?

Jacques Leray : Nous continuons à étudier d’autres opportunités d’acquisitions. Dans ce domaine, la discrétion est de mise et seule garante de succès.


Au delà ces acquisitions en cours d’évaluation, le présent rachat de Plaut France augure-t-il d’un rachat complet du réseau de cabinets de Plaut par CGI, comme l’avait fait EDS sur A.T. Kearney en 1995 ?

Jacques Leray : Non. C’est vraiment une opération locale réalisée avec un cabinet qui était devenu autonome suite à son MBO et pour lequel nous avions trouvé des complémentarités. Nous souhaitions nous diversifier sectoriellement et nous renforcer sur SAP en Europe. Ce rachat l’a permis. Mais cette opération est totalement indépendante.

Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef de ConsultingNewsLine