>> Insolite Août  2004                                             

Pour palais fins et Garnier: le miel des ruches de l'Opéra

Chacun pouvait raisonablement penser que l'Opéra était le lieu d'habitation exclusif des petits rats... C'était sans compter sur des hordes animales tout aussi ouvrières: les abeilles. Deux ruches installées sur le toit du Palais Garnier sont là pour en témoigner. Insolite? 

Avec l'Opéra Garnier c'est toute une page de l'histoire de France qui se dessine. Construit à la demande de Napoléon III  c'est après la fin des hostilités de la guerre de 70 qu'il sera finalement inauguré par le premier Président de la Réplique Française, Mac Mahon. Auparavant les représentations lyriques et la danse sont l'exclusivité de la Salle Louvois et de l'Opéra de la rue Lepeletier. Le 13 Février 1820 le Duc de Bercy, second fils du Comte d'Artois, le futur Charles X, est assassiné lors d'un spectacle donné à la salle Louvois. Ce crime marque l'arrêt d'activité de la salle. La troupe de l'Opéra s'installe alors rue Lepeletier. Le théatre est inauguré en août 1821. Mais il ne tardera pas lui aussi à être à son tour la cible d'un attentat qui vise cette fois-ci Napoléon III en 1858. Des bombes qui explosent alentour. Le souverain s'en tirerea sans mal et pourra même rejoindre le spectacle. L'idée d'un grand Opéra est dans l'air et ce dernier attentat achève de décider Napoléon III à en passer commande en 1860. La construction est confiée à Charles Garnier, un jeune architecte méconnu mais qui s'est vu attribué le "Grand Prix de Rome" en 1848. Pour éviter les risques de proximité et d'exiguité  qui font le lit des attentats l'emplacement est choisi par le prefet Hausseman au carrefour de grandes artères dont il a lui même décidé la réalisation. La construction s'avère longue et difficile pour des raisons techniques liées à la nappe phréatique, de coûts et de guerre qui approche. La façade est dévoilée aux parisiens lors de l'Exposition Universelle de 1867 mais c'est après la guerre de 70 que Mac Mahon inaugure l'intérieur le 5 janvier 1875. Acclamé comme un des plus élégants batiments dans toute l'Europe le Palais Garnier sera dés lors le coeur battant de l'art lyrique et de l'opéra jusqu'à l'inauguration en juillet 1989 de son remplaçant, l'Opéra Bastille. Rénové en 1996, et notamment lifté de sa façade noiratre, il retrouve son lustre d'antant ainsi qu'une seconde vie puisque l'art lyrique et les ballets y sont à nouveau représentés en alternance. Une seconde vie bien méritée pour ce vaisseau fantôme auquel les parisiens restent très attachés en raison des nombreux trèsors, caches secrètes et mystères qu'il est sensé abriter, certain faisant fantasmer jusqu'au bout du monde.  A commnencer par sa bibliothèque exceptionnelle renfermant quelques 80 000 partitions et pas moins de 20 000 maquettes et décors dans laquelle on dit que certains compositeurs se seraient perdus... Mais c'est dans ses sous-sol que réside certainement le mystère qui séduit le plus les visiteurs:  un lac, imaginé par Garnier pour drainer les eaux du sous-sol, site choisi par Gaston Leroux pour y abriter son célèbre "Fantôme de l'Opéra".  De la cave aux combles il n'y a qu'un pas, que les petis rats ont si souvent effectué de la pointe des pieds pour échapper à leurs maîtres de danse et s'en aller jouer. Aussi il n'est pas étonnant que ce soit "en fait" sur les toits de l'Opéra, lieu magique, romantique, temple aérien de la mystique amoureuse que l'on découvre les deux petites merveilles d'entre les merveilles :  deux magnifiques ruches abritant de vrais abeilles concoctant un véritable miel... en plein ciel de Paris. Dés lors, on ne peut que se complaire à rêvasser dans la lumière du soir aux rayons dorés et aux alignements de pôts étiquetés... "accacias", "tilleul", "milles fleurs"... "Allées des Tuileries", "Palais Royal," "Grand Palais"...  Insolite ?


Bertrand Villeret



Photo Opéra Garnier


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