Hommage à Gérard Welter

Carnet Fév 2018

Hommage à Gérard Welter, Designer d'automobiles anc. Directeur du Centre Style de Peugeot Fondateur du Welter Racing et de la société d'ingénierie Welter Recherche Technologie Industrie	Copyright B. Villeret, Quantorg 2010
Image : B.Villeret - Quantorg 2010 pour ConsultingNewsLine	Gérard Welter dans son stand lors de l'arrivée des 24 Heures du Mans 2010
La WM Peugeot n°51 du record de Roger Dorchy exposée à la Citée des Sciences et des Technologies de Paris - La Villette lors du Forum FIT 2010 organisé par l'API, ConsultingNewsLine et Nodal Consultants.
C'est avec beaucoup de peine que nous avons appris le décès de Gérard Welter, survenu le 31 Janvier 2018. Designer fétiche du constructeur Peugeot dont il dirigeait le Centre de Style, à la Garenne Colombe d'abord, à deux pas des tours de la Défense, puis à Vélizy dans les nouveaux locaux ADN érigés par PSA en bordure de l'aérodrome de Villacoublay, celui que nous avions affectueusement surnommé "La Griffe du Lion" s'était illustré dès son entrée chez Peugeot (1960) en dessinant les phares arrière de la 404. Il devait ensuite participer aux 204, 304, 604, et se révéler en dessinant le coupé 205, un des grands succès de la marque, puis en surpervisant, de véhicule en véhicule et de gammes en gammes, tout le style extérieur de Peugeot, en digne successeur de Paul Bouvot, avant de clôturer sa carrière en beauté avec la réalisation en 2004 de la 907, Concept-car de grande classe à moteur "V12 avant" réalisé en collaboration avec Jean-Christophe Bolle-Reddat, et passer définitivement le relais à Jérôme Gallix en 2007. Gérard Welter était le Pininfarina français et son nom cotoyait dans les revues spécialisées ceux des Giugiaro, et autres Bertone. Pour autant, celui qui exerçait le difficile métier de designer "industriel", à l'égal des Lefèvre, Charbonneau, Tallon et autres le Quément, devant arbitrer des compromis technologiques et économiques difficiles sur chaque véhicule, n'en restait pas moins un homme simple, "pas facile mais simple", généreux, pragmatique, et surtout complet, aussi doué pour le moteur, la boite, les trains que les lignes et l'aérodynamique, ce qui se retrouvait dans ses productions personnelles, autant que collectives, les fameuses WM et WR. Passionné de sport automobile - ses premières voitures de sport créées avec son compère Michel Meunier datant de la fin des années 60 (WM 69 et WM 70) - Gérard Welter passait tout son temps libre à développer des voitures de course dans l'atelier situé... au fond de son jardin, repère secret de générations de jeunes techniciens et ingénieurs, d'où sortaient des "formes extraordinaires munies de 4 roues" et d'une grande efficacité sur piste, aboutissant à de nombreux résultats : une 4ème place aux 24 Heures du Mans dès 1980 (WM); et surtout, sur cette piste mancelle qu'il affectionnait tant, des pole-positions et meilleurs temps en course: 1991 (Peugeot 905), 1995 (WR)... les prototypes griffés Welter s'y révélant remarquablement véloces, caractéristique qui devait culminer par le record de vitesse de Roger Dorchy (407 Km/H) sur les Hunaudières en 1988 avec la WM P88 n°51. C'est aussi sur un châssis WR que Sylvain Boulay et l'équipe d'Idée Verte Compétition, soutenus par l'Agence Spatiale Européenne, devaient battre en 2004 sur l'aérodrome de Brétigny, un record de vitesse pour une voiture non polluante (317 Km/H), propulsée par un moteur V6 alimenté par du GPL injecté en phase liquide et lubrifié à l'huile de tournesol... C'est par une belle matinée ensoleillée que nous avions revu récemment Gérard Welter chez lui, dans son repère de Thorigny, rue Carnot - ça ne s'invente pas - entouré de sa sympathique garde rapprochée, alors qu'il préparait son retour au Mans sur un nouveau prototype écologique doté d'un moteur thermique révolutionaire fonctionant au Bio-méthane. Un Gérard Welter détendu et souriant, heureux de nous présenter la maquette de soufflerie grandeur nature encore bardée de ses brins de laine, et le fauve réel qui attendait sagement dans un coin de l'atelier, en pièces détachées, l'heure d'entrer en piste avec son maître... La maladie en aura décidé autrement. Souhaitons que la merveille de hautes technologies qu'il concoctait apparaîsse un jour prochain au Mans et que les deux sociétés que Gérard avait fondées puissent perdurer au delà de la disparition de leur créateur : Le Welter Racing pour la compétition et les voitures électriques Luciole ainsi que la société d'ingénierie Welter Recherche Technologie Industrie qui conçoit et développe de nouvelles solutions environnementales pour les transports, notamment des piles à combustible Hydrogène, technologie déjà présente sur le châssis Welter dévoilé au Mans en 2012 par le projet suisse GreenGT. A sa famille, à ses proches et à son équipe avec laquelle nous avons eu l'honneur et le bonheur de collaborer pour le projet d'Idée Verte Compétition, nous transmettons nos plus sincères condoléances. Bertand Villeret
Image : B.Villeret - Quantorg 2010 pour ConsultingNewsLine