Etudes Economiques              
Octobre   2004
Spécial Mondial de l'Automobile
Future Automotive Industry Structure 2015
La structure de l’industrie automobile va radicalement changer d’ici à 2015, conclut l’étude Future Automotive Industry Structure 2015 menée par Mercer Management Consulting avec l’institut Fraunhofer

Selon l'étude Future Automotive Industry (FAST) 2015 menée sous la Direction de Remi Cornubert, Director et responsable de la Pratique «Automobile» de Mercer Management Consulting à Paris, les constructeurs automobiles devraient dans les années à venir se focaliser davantage sur les éléments clés de différenciation de la marque afin de créer de la valeur. Parallèlement les équipementiers augmenteraient leur part de la valeur créée en R&D et production à 77% contre 65% aujourd’hui. De même la part de la valeur des systèmes électriques et électroniques dans la valeur d’un véhicule passerait de 20% à 35% en moyenne. D'autre part de nouvelles formes de coopération devraient permettre une amélioration des marges d’exploitation d’environ 3 points (EBIT=8%) et de la rentabilité sur capitaux engagés de 5 points (ROE=15%). Enfin l’Europe devrait sortir gagnante des évolutions structurelles de la prochaine décennie.

Future Automotive Industry Structure 2015
Après l’introduction de la production de masse dans les années 20 et de la Lean Production dans les années 80, un nouveau changement structurel majeur est en train de changer la face de l’industrie automobile, estiment conjointement Mercer Management Consulting et l’Institut Fraunhofer au terme d’une étude mondiale consacrée à la structure du secteur à l’horizon 2015 et aux mécanismes de création de valeur. "Une majorité de décideurs de l’industrie automobile est convaincue qu’un changement structurel est en train de s’opérer et va entraîner une refonte complète des modes de travail et de nouvelles formes de coopération entre les différents acteurs vont voir le jour.", explique Rémi Cornubert. Intitulée Future Automotive Industry Structure (FAST) 2015, cette étude est le fruit d’une collaboration entre les instituts Fraunhofer pour l’étude des flux des matériaux et de la logistique (IML) et de l’automatisation et des techniques de production (IPA) et Mercer Management Consulting. Plus de 60 entretiens avec des décideurs clés chez les constructeurs, fournisseurs et prestataires de service de l’industrie automobile ont été menés et complétés par une analyse approfondie des 70 principales marques de voitures.. Les résultats sont fondés sur une modélisation détaillée du système de création de la valeur de l’industrie, permettant la construction de scénarii par marque, module, étape de la chaîne de valeur ou encore région.

                                             
Une industrie en profond changement
Ce changement va modifier en profondeur une industrie automobile qui représente aujourd’hui quelque 15% du PNB mondial et compte 8,8 millions d’emplois chez les constructeurs et les fournisseurs. La première source de création de valeur est la croissance du marché mondial des véhicules légers qui passera de 57 millions de véhicules aujourd’hui à plus de 76 millions de véhicules en 2015. En parallèle, les voitures vont continuer à s’enrichir en termes de fonctionnalités principalement dans la Triade (USA, Europe, Japon). Ainsi, la valeur créée par le secteur en R&D et production (hors distribution, pièces de rechange et services en aval), aujourd’hui environ 645 milliards d’€uros, augmentera en moyenne de 2,6% par année au cours de la  prochaine décennie pour atteindre 903 milliards d’ €uros en 2015. Parallèlement, l’ensemble des entreprises du secteur investiront 2000 milliards d’€uros pour accompagner cette croissance d’ici 2015.


Le poids de la marque va encore se renforcer
«Les automobiles sont de plus en plus perçues par les consommateurs comme des produits de marque et de haute technologie » souligne Rémi Cornubert. « Cette tendance va continuer à se renforcer à l’horizon 2015» poursuit-il. Pour les constructeurs, le management de la marque devient donc de plus en plus critique. Cela signifie une focalisation accrue de leur part sur les éléments spécifiques contribuant à valoriser la marque, comme le style, la conception et l’architecture produit, l’expérience client et les stratégies de service ainsi que sur les fonctions et les technologies essentielles à leurs produits comme l’électronique et les logiciels embarqués. En conséquence, les fournisseurs reprendront de plus en plus toutes les activités ne contribuant pas à la marque du point de vue du constructeur.

Les fournisseurs, un véritable moteur de croissance
Le volume d’activité des fournisseurs automobiles tels que Bosch, Delphi, Faurecia, Siemens VDO Automotive ou encore Valeo va croître de 70% jusqu’en 2015 soit 4% par an. La valeur créée par ces entreprises passera de 417 milliards d’€uros aujourd’hui à 700 milliards d’€uros au niveau mondial. Cette forte croissance est le reflet d’une focalisation accrue des constructeurs sur la partie aval de la chaîne de valeur de l’industrie, à savoir la distribution et les services. Pour les constructeurs, ces investissements ont une intensité capitalistique moindre et une espérance de rendement supérieure aux investissements dans l’outil de production, tout en étant directement liés à l’univers de marque de la voiture. «Les fournisseurs représenteront 77% de la valeur créée du secteur en R&D et production en 2015, contre 65% aujourd’hui», explique Rémi Cornubert.. «Ils deviendront un véritable moteur de croissance dans cette industrie», affirme-t-il.


Les systèmes électriques et électroniques source de valeur

L’analyse de la valeur créée au niveau des principaux modules révèle que seuls les systèmes électriques et l’électronique pourront accroître significativement leur part de valeur dans un véhicule moyen à l’horizon 2015. Cette part dans la valeur d’un véhicule moyen passera de 20% à 35% et représentera un total de 316 milliards d’€uros en valeur absolue. Parmi les autres modules, seuls les systèmes de transmission augmenteront leur part dans la valeur d’un véhicule moyen et passeront de 8% à 10%. «Selon nos projections, des réductions de coût seront nécessaires au niveau des autres modules comme le châssis, le moteur ou encore l’intérieur, qui ne croîtront pas ou très peu en valeur, malgré des volumes sensiblement plus élevés», confie Rémi Cornubert.

                                               
De nouvelles formes de coopération comme gisements de valeur
A côté de la collaboration hiérarchique bien établie entre les constructeurs automobiles et les fournisseurs de premier et deuxième rang qui sera encore la forme de collaboration prépondérante avec 65% de la valeur créée du secteur à horizon 2015, de nouveaux business models s’établiront: coopérations pour la production de systèmes et l’assemblage de véhicules, prestataires de services d’ingénierie, spin-offs, ou encore fabrication sur demande, par exemple. Une simulation par Mercer Management Consulting des effets de la mise en place de ces nouvelles formes de collaboration a permis de déceler un potentiel de réduction de coûts entre 600€ et 1 000€ par véhicule. Ainsi, une amélioration de la marge d’exploitation des constructeurs et fournisseurs d’environ 3 points (soit en moyenne 8% d’EBIT *) pourrait être réalisée, tout en augmentant la rentabilité sur capitaux engagés de 5 points (soit en moyenne 15% de ROCE **).«Pour profiter au maximum des nouvelles formes de coopération, chaque marque va devoir formuler sa stratégie de création de valeur en s’interrogeant sur ses éléments clés de différenciation à chaque étape de la chaîne de valeur» analyse Rémi Cornubert. «La création de réseaux entre fournisseurs et constructeurs exige une anticipation et une acceptation de ces partenariats de part et d’autre ainsi qu’un changement d’état d’esprit pour pouvoir s’affranchir des contraintes inhérentes aux modes de fonctionnement actuels», remarque-t-il.

L’Europe région gagnante à horizon 2015
Le cabinet et les instituts Fraunhofer estiment que l’Europe sera la région gagnante à l’horizon 2015 avec une création de valeur qui passera de 204 milliards à 318 milliards d’€uros. En même temps, la part européenne de la production automobile mondiale augmentera légèrement. La croissance européenne dans le développement et la production automobile sera accompagnée par la création de 1,2 millions de nouveaux emplois en Europe d’ici 2015 principalement chez les fournisseurs. Toutefois ce scénario demeure tributaire d’un contexte favorable à l’investissement de l’industrie automobile en Europe.



* Earnings Before Interest and Taxes = marge opérationnelle
**Return On Capital Employed = rentabilité sur capitaux engagés


Bertrand Villeret
Selon Communiqué de Mercer Management Consulting


Pour Info:

Interview de Rémi Cornubert

Autres etudes proposées par Mercer:

- Automotive Technologies 2010 (automne 2002)
- Automotive Brand Strategies (à paraître)
- Sales & Distribution 2010 (à paraître)
- After-sales (en cours)
- Winning in China (en cours)


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