International
Février 2005

Spécial World Economic Forum 2005 à Davos 

Deloitte au World Economic Forum
François Essig, Vice Président chez Deloitte France et Vincent Bocart, Senior Manager, répondent à nos questions

Comme à son habitude la station des Grisons accueillait cette année les hommes politiques et les capitaines d'industrie pour une semaine de réflexion dans le cadre du World Economic Forum.

La Suisse a ceci de charmant qu'elle incarne en toute tranquilité les 3 époques stratégiques de l'humanité: celle de la force d'abord, puis celle de l'argent et enfin aujourd'hui celle de l'économie du savoir... que l'on peut symboliser de manière helvétique par celle de l'arbalette (arquebuse), celle de la banque et enfin celle du  World Economic Forum de Davos. Ainsi du 26 au 30 janvier Klaus Schwab, recevait les Top Leaders de ce début de 21ème siècle. François Essig, Vice-Président chez Deloitte France et Vincent Bocart, Senior Manager, étaient présents dans la station grisonne pour une semaine de réflexion stratégique et quelques moments plus conviviaux.


Vincent Bocart, Deloitte était présent à Davos. Qu’est-ce que le World Economic Forum représente pour votre société et ses clients ?

Vincent Bocart : Il y a un partenariat historique entre le WEF et Deloitte qui dure depuis plus de 15 ans. Après quelques années en tant que « Knowledge partner », Deloitte fait partie depuis plus de 10 ans des 38 Strategic Partners annuels du WEF (World Economic Forum). Davos en est le Meeting annuel, sachant que le WEF organise par ailleurs de nombreuses conférences et forums régionaux tout au long de l’année : Inde, Chine, Moyen-Orient, Europe... Davos se distingue par plusieurs événements majeurs : les conférences qui se tiennent au Palais des Congrès, mais aussi les rencontres organisées en dehors, notamment à l’hôtel Steigenberger, ce que l’on pourrait appeler un « festival Off ». Ainsi chaque année il y a implication de Deloitte à  divers niveaux : participation aux débats au sein du Palais des Congrès en tant que contributeur, Bill Parrett CEO de Deloitte Global a notamment contribué cette année aux débats sur la Chine et le management des risques ; par ailleurs sortie d’études réalisées en partenariat avec le WEF, contribuant à alimenter les débats en terme de contenu (cf. Deloitte.com) ; enfin des rencontres organisées par Deloitte avec cette année deux manifestations principales : le jeudi soir un dîner avec des intervenants tels que Monsieur Aznar, qui est intervenu à l’invitation de Deloitte Global sur les relations transatlantiques et la géopolitique internationale, et d’autre part un déjeuner organisé le vendredi par Deloitte France en partenariat avec l’AFII  (l’Agence Française pour les Investissements Internationaux), regroupant 60 chefs d’entreprises internationales autour du Ministre de l’Economie sur le thème de la compétitivité de la France. Donc une approche plutôt économique pour faciliter les échanges entre dirigeants de grandes entreprises. Mais contrairement à l’idée reçue, Davos est également riche en sujets non économiques. Les gens viennent se rencontrer, écouter les idées nouvelles, réaliser des échanges très variés. François Essig qui a suivi de nombreux débats peut en attester.


François Essig, vous êtes Vice-Président chez Deloitte France et à ce titre vous avez participé à de nombreuses manifestations de ce World Economic Forum. Que peut-on selon vous retenir de  Davos 2005 ?

François Essig : Il y a en fait deux aspects : les débats repris par la presse internationale qui font la une des journaux, extraordinairement variés avec des thèmes politiques et économiques, ainsi que de plus en plus des thématiques sociétales. Pour ce qui est des thèmes politiques c’est une tribune des chefs d’Etats, avec cette année pour la première fois le Président français Jacques Chirac, le premier Ministre britannique Tony Blair, le Chancelier allemand Gerhard Schroeder, le Président brésilien Lula, ainsi que les présidents d’Ukraine, de Pologne, le Vice premier Ministre chinois et le président de la Commission Européenne, pour n’en citer que quelques uns. Les débats sont aussi d’ordre géopolitique avec par exemple la prospective sur le Leadership américain en 2025. Pour ce qui est des aspects économiques, je retiendrai certains thèmes majeurs comme : l’Europe monétaire, la parité Euro - Dollar et la possible dévaluation du Yuan chinois. Enfin le sociétal où l’on peut observer la forte prise de conscience des problèmes liés au sous-développement et notamment le retard du continent africain. Comment lutter contre ce sous-développement ? On a entendu le discours de Jacques Chirac et la proposition quelque peu similaire du Royaume-Uni pour financer le développement des pays sous-développés, la proposition française reposant sur une taxation avec un choix ouvert : taxation des transactions financières qui ne soit pas de type Tobin sur les pays maintenant le secret bancaire ou encore taxation du kérosène ou des billets d’avion ..., la proposition anglaise repose quant à elle sur un emprunt qu’il faudra bien rembourser, peut-être sous une des formes proposées par Jacques Chirac.


Quel positionnement pour Deloitte en rapport à ces débats très globalisés ?

François Essig : Sur ces mesures proposées, nous ne prenons pas position sur les techniques de financement. En revanche, nous comprenons le caractère indispensable des politiques de relance et de soutien. Les entreprises deviennent de plus en plus internationales, elles voient les problèmes liés aux retards de développement ainsi que les avantages d’un rattrapage du sous-développement. C’est le cas des grands groupes français présents en Afrique, du Nord au Sud, etc...On a tout intérêt à ce que ces économies locales soient soutenues. Bien sûr, nous laissons aux politiques le soin de définir les voies et les moyens qui devraient être utilisés et qui seront discutés dans le cadre du G8. Celle qui paraît la plus facile à mettre en œuvre est une taxe sur les billets d’avions. Elle pourrait rapporter 3 milliards de dollars par an. Mais est-ce le moment de lancer une telle taxe dans une conjoncture de crise pour le transport aérien ? Pour ce qui est de la taxe sur les transactions financières (cas Tobin) il existe un obstacle difficilement franchissable pour que ça marche : il faut que tous les Etats l’appliquent ! … Nous, nous sommes avec les entreprises avec lesquelles nous travaillons, pour une relance du développement de ces pays, basée sur un mécanisme facile à mettre en œuvre et appliqué par tout le monde. Enfin nous sommes attentifs au développement des nouvelles puissances économiques. C’est tout le sens de l’intervention de Bill Parrett, CEO de Deloitte Global sur la Chine. Car la grande priorité pour la Chine demain et pour l’Inde au même titre, c’est de concourrir pour être numéro un.


Et pour ce qui est du sociétal, thématique à laquelle sont généralement plus sensibles les cabinets spécialisés en Développement Durable ou encore les sociétés réalisant de l’Audit social ou environnemental, quelles impressions et quel positionnement pour Deloitte ?

François Essig : Là dessus Davos est une formidable tribune de rencontres entre le monde de l’entreprise et les thématiques sociétales. On a discuté sida, paludisme, tuberculose, mais aussi diversité culturelle, place de la femme dans la société, vieillissement des populations, etc. Il y avait des ateliers sur ces thèmes dans la partie « In » du forum. J’ai également assisté à un atelier : Global Compact (une initiative lancée par Koffi Annan et de grandes entreprises mondiales), mais là c’était dans le Off. Il s’agit pour les entreprises de s’engager, concrètement, en matière de développement, respect de la diversité, développement durable ou encore lutte contre la corruption. Au-delà du simple débat, il y a là des effets tangibles et mesurables pour les signataires de cette charte.  Donc quelque part, on est au-delà de la grande foire aux idées. On est bien dans la tradition de Davos qui est d’essayer de faire ressortir les phénomènes qui vont émerger et de proposer des actions concrètes derrière. C’est là son grand intérêt, c’est là le secret de son succès depuis ses débuts. Et c’est pourquoi tant de chefs d’entreprises vont à Davos.


Donc un laboratoire et un marché des idées où vous invitez vos clients.  On imagine que cela a un prix dans cette station prestigieuse

François Essig : L’inscription est de 15,000 Euros, montant qui peut doubler avec l’hôtellerie et les frais sur place. Il y a 2500 participants. Les invités sont des membres participants au Forum. Pour le déjeuner organisé par l’AFII et Deloitte France, il y avait 60 personnes dont 50 chefs d’entreprises invités, ce qui est un véritable succès compte tenu du niveau des participants et de leurs projets potentiels pour investir dans notre pays.  Par ailleurs les invités apprécient de pouvoir échanger avec des patrons de groupes comme Nestlé, Siemens, EDF, Renault, JC Decaux... ou encore de croiser des personnages célèbres comme Bill Gates ou Carly Fiorina


D’autres cabinets d’audit ou de conseil sont présents à Davos : KPMG, PWC, Accenture... Pourquoi y êtes vous présents et comment se différencie Deloitte France dans cet univers  des sommets?

François Essig : Nous y sommes très présent car nous avons un rôle de partenaire actif. Pourquoi cette forte présence et cette forte activité ? Je dirai que c’est parce que nous jouons la carte des investisseurs internationaux dans les deux sens. Dans un sens nous appuyons les français présents dans le monde, à travers le Commissariat aux comptes de grands groupes globalisés comme Lafarge, L’Oréal, LVMH, France Telecom, EDF... et donc il est très important pour eux que nous sachions sentir et suivre les grandes évolutions économiques, de la transparence financière, du développement de la sécurité financière, de la diffusion des normes comptables telles que les IFRS. Dans l’autre sens, nous suivons de très près les investisseurs internationaux qui s’intéressent à la France et jouent la carte des « Amis de la France », afin de leur faire bénéficier du réseau mondial de Deloitte et de la qualité des services de Deloitte France, qui est reconnue des grands opérateurs internationaux.


Donc Deloitte joue la « Carte France ».  Un thème qui vous est cher en tant que Président de Friend (French International Enterprise Development) Peut-on en toucher un mot en guise de conclusion ?

François Essig : A titre personnel, cela fait 30 ans que je participe à la prospection des investissements étrangers. Aujourd’hui je le fais avec les régions regroupées dans Friend (Ile de France, Lyon, Côte d’Azur, Alsace, Lorraine, Nord pas de Calais et Ouest-Atlantique) pour promouvoir une image positive et forte de la France. La France a des cartes superbes à jouer. Ce n’est pas pour rien si l’on est le 2 ou 3ème pays au monde pour l’accueil des investissements et le 3 ou 4ème pour l’exportation. D’autre part dans les 100 premières entreprises mondiales on trouve 10 entreprises françaises et dans le Fortune 500 il y en a 37 françaises. Donc nous avons des cartes puissantes à jouer. Aujourd’hui dans ce qui est en pointe et innovant comme l’aéronautique, l’automobile, les services aux collectivités ... on a les n°1, n°2, n°3 mondiaux... On comprend dès lors pourquoi Motorola a implanté ses centres de recherche en France : parce que la société y a trouvé des talents. Mais c’est vrai que l’on a aussi le talent de se créer des lois difficiles à comprendre de l’étranger... Il y a 30 ans on comparait les aspects d’aides financières entre les pays. Pour s’implanter, le financier était majeur. Aujourd’hui il n’a plus le même poids, même lorsque l’on considère les règles fiscales. Aujourd’hui ce qui attire c’est la qualité de l’infrastructure, la qualité de l’enseignement supérieur, de la recherche, l’existence d’un marché interne, et là France reste un marché dynamique. Sur ces terrains là, la France reste attractive. Reste à devenir un peu moins bureautique. C’est aussi cela que nous défendons auprès de nos invités à Davos.

Propos recueillis par Bertrand Villeret
ConsultingNewsLine




Nota:

François Essig : Conseiller d'Etat honoraire, a été Délégué à l'Aménagement du Territoire et à l'Action Régionale (DATAR), Directeur Général de la Marine Marchande, Directeur Général de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, Président du Conseil de Surveillance de Worms & Cie et Président Directeur Général de Worms & Cie Développement. Il a rejoint le Cabinet Deloitte en 1998.

Vincent Bocart : Ecole de Commerce, troisième cycle au CELSA, a commencé sa carrière dans la communication au sein des groupes Matra Défense, puis L'Oréal et Saatchi & Saatchi, avant de rejoindre l'ACTIM (dispositif d'appui au commerce extérieur, devenu UbiFrance). Il est chez Deloitte depuis 1997, où il officie depuis 2000 comme Directeur adjoint de la Communication.



Pour Info:
www.deloitte.fr



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