24
Heures du Mans 2007...
84 ans après leur naissance
en 1923, les 24 Heures du Mans pour leur 75ème édition se
portent plutôt bien… Qu'on en juge ainsi : plus de 230 000
spectateurs lors de la dernière édition, (250 000
attendus cette année), un budget de plus de 16 Millions d'Euros
pour des recettes directes qui atteignent aujourd'hui les 36 Millions
d'Euros (en augmentation sensible ces deux dernières
années). L'édition 2007 ne devrait donc pas être en
reste avec son "Combat des Titans" annoncé haut et clair, avec
tambours et trompettes, pour le "grand retour" de Peugeot en
compétition après ses victoires au Mans de 1992 et 1993.
Les nouvelles 908 de Vélizy vont ainsi devoir combattre les
redoutables Audi d'Ingolstadt, 6 fois vainqueurs en Sarthe depuis l'an
2000. Un combat de technologies, puisque les Peugeot diesel 908 - V12
HDI FAP (Filtre à particules) vont devoir affronter les tenantes
du titre, les Audi R10 TDI et leur moteur V12 Power diesel à
injection directe… de quoi faire se retourner dans sa tombe
l'ingénieur allemand Rudolph Diesel, inventeur du concept
à la fin du 19 ème siècle… Ce qui ne devrait
toutefois pas empêcher les Challengers postés à
l'affût, tels Pescarolo, Courage ou encore Zytek de briguer le
titre suprême avec des moteurs à essence plus classiques…
mais combien redoutablement efficaces, puisque la seule victoire
d'un diesel au Mans date justement de … l'an dernier.
Jean Pascal Gayant, Professeur d'Economie à L'université du Maine, lors de notre entrevue réalisée au cours des essais préliminaires des 24 Heures du Mans 2007. Image B. Villeret Cela dit, et au delà des tambours de guerre, Le Mans 2007 c'est aussi une remarquable machine économique qui va se déployer dans les jours qui viennent, comme le démontrent avec minutie plusieurs enseignants - chercheurs qui se sont employés à décrypter l'organisation et l'économie sous-jacente à cet événement majeur du sport - automobile français. Ainsi, selon Jean-Pascal Gayant, Arnaud Chéron et François Langot, Professeurs de Sciences économiques à l'Université du Maine, lesquels se sont "colletés" depuis de nombreuses années à l'étude économique des 24 Heures du Mans, la course mancelle représenterait près de 36 millions d'Euros de rentrées directes pour le circuit, 30 millions de rentrées indirectes pour la Sarthe et 51 millions de rentrées indirectes à l'échelle nationale, soit en tout 87 millions… Ce qui entraînerait des "retombées économiques" de l'ordre de 125 millions à l'échelle départementale, soient aussi 2 700 emplois permanents, et 280 millions à l'échelle nationale, soient encore 6 400 emplois permanents (chiffres 2006 en augmentation de 20 % par rapport à 2004). La manne de 87 millions de rentrées directes et indirectes se répartirait entre : Billeterie 18%, Droits-Concessions et produits dérivés 19%, Transports 26% et Hébergement-restauration 37%. Interrogé sur cette répartition qui fait la part belle au "Catering" Jean-Pascal Gayant rappelle que: « les études de fréquentation montrent un public des 24 Heures fidèle, avec une proportion conséquente d’étrangers (principalement des anglais) qui dépensent beaucoup d'argent (environ 5 fois plus que la moyenne des spectateurs français). Ce public est sensible à l'alchimie qui existe entre le spectacle et l'exotisme du "bien vivre" à la française ». Les chercheurs universitaires ont aussi comparé les 24 Heures du Mans à d'autres événements majeurs. Ainsi les retombées nationales du circuit du Mans seraient très supérieures à celles d'un grand prix de F1 et quasiment le double des retombées annuelles d'un club de football tel que l'OM à sa belle époque. D'autre part « tout se passerait comme si le bassin économique du Mans accueillait les JO tout les 32 ans », ce qui selon les auteurs de l'étude « est considérable ». Le secret du mécanisme reposerait donc en 3 points : « Un bonus immédiat au moment de la course (plusieurs milliers d’emplois et une très forte charge économique sur une dizaine de jours dans le bassin économique sarthois), une activité permanente au Mans, notamment sur le technoparc du circuit, et enfin une récurrence forte qui permet les investissements à long terme ». Pour l'ACO (Automobile Club de l'Ouest), association de loi 1901 organisatrice des courses au Mans depuis 101 ans et le Syndicat mixte du circuit qui regroupe Le Mans Métropole et le Conseil général de la Sarthe, ce modèle pourrait faire école!.. Selon Jean-Pascal Gayant, on serait : « loin d'un modèle type Tour de France qui coûte de l'argent aux villes qui souhaitent le voir passer. Les 24 Heures rapportent et sont en plein développement économique. Maintenant cette belle réussite reste fragile en raison de la culture (honorable) "d'indépendance" de l'organisation mancelle et de la concurrence qui ne lui fait pas de cadeaux ». Que les 24 Heures du Mans soient économiquement rentables pour leurs organisateurs et la collectivité est une chose, que les annonceurs y trouvent aussi leur compte en est une autre. Mais là encore il semble que le rende'Mans soit au tournant. En effet, à 50 minutes de Paris par TGV les 24 Heures du Mans restent une opportunité pour les entreprises qui souhaitent s'y afficher avec leurs collaborateurs et leurs clients, et ce d'autant qu'entre les essais préliminaires, le traditionnel "pesage", les essais qualificatifs et la course c'est près de 15 jours de spectacle qui s'offrent aux invités …et que les prix y sont encore raisonnables: entrées à partir de 25 € jusqu'à 460 € pour un Pitwalk et loges d'entreprise à partir de 15 000 € … Il en coûtera toutefois près de 120 000 € pour sponsoriser chacun des 3 pilotes d'une voiture… à négocier directement avec les écuries. Bertrand Villeret Rédacteur en chef ConsultingNewsLine Nota : Nos remerciements les plus vifs vont à Jean-Pascal Gayant, Arnaud Chéron et François Langot, qui ont actualisé à notre demande certaines données de leur étude (déjà parue dans nos colonnes en 2005) et qui nous ont ménagé une entrevue dans le village lors des essais préliminaires 2007. Pour info : Brève paru dans Economie matin : http://www.economiematin.com/article.php3?id_article=6129 Le Mans en chiffres :
Le Mans, combien ça coûte?
Sources : ACO et Université du Maine 2005 - 2007 |
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Ce Spécial Le Mans 2007 est
réalisé en collaboration avec
les rédactions de : Stéphane Blu : RCF Le Mans Bertrand Villeret : ConsultingNewsLine Maxime Jamaux : Sathmag |
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