27 juin 2003 Le
Salon de l’Aéronautique et de l’Espace était l'occasion
idéale pour
l'Agence Spatiale Européenne (ESA) de mettre en valeur son
soutien aux
entreprises via le transfert de technologies spatiales. Un sujet
stratégique pour les consultants en innovation qui ont ainsi pu
assister à une conférence organisée par Pierre
Brisson et présidée par
Claudie Haigneré sur le Programme de Transfert de Technologies
de l'ESA
et son lien avec le programme européen Eurêka Alors qu’au dehors
grondent déjà les réacteurs des avions en
démonstration, une foule nombreuse se presse dans le magnifique
espace
de réception que l’Agence Spatiale Européenne a
campé fièrement entre
deux reproductions grandeur nature de son lanceur Ariane. Certains
visiteurs sont là pour admirer les superbes maquettes des sondes
spatiales en partance pour mars ou encore quelque comète
lointaine...
d’autres sont venus rejoindre l’étage où dans la
quiétude toute
relative des bureaux on discute projets et contrats. Dans la
pénombre
de l’espace conférence une animation vidéo en relief
tourne en boucle :
le futur système de navigation par satellites européen
Galileo y vente
ses mérites et rappelle son caractère purement civil.
Soudain la salle
s’anime. Entrent les conférenciers. Parmi eux : Claudie
Haigneré,
Ministre déléguée à la Recherche et aux
Nouvelles Technologies, Pierre
Brisson, Responsable du Programme de Transfert de Technologies de
l’ESA, Y. Ylieff, Ministre délégué auprès
du Ministre de la R echerche
belge ainsi que Philippe Jurgensen, Président Directeur
Général de
l’Anvar et à ce titre le Responsable du Programme Eurêka
pour la
France.
L’espace
est un enjeu stratégique car au service de tous
Pierre Brisson brosse rapidement un aperçu de ce qu’est le TTP, soit encore le Programme de Transfert de Technologies de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) : « ... Quelques exemples. Qui se souvient de l’airbag et des capteurs solaires ? ». Et de rappeler les nombreuses applications issues du spatial : « la voiture électrique, les radars contre les mines anti-personnel, les combinaisons pour les enfants malades »... Il enchaîne alors sur le programme Eurêka : « C’est un outil d’industrialisation exemplaire qui permet de relayer le programme TTP et que l’on utilise entre autre pour financer au niveau européen le projet d’injection sans aiguille », une technologie médicale promise à un grand avenir si l’on tient compte du grand nombre de personnes ne supportant pas les piqures. Philippe Jurgensen lui emboîte le pas : « Eurêka est une initiative de transfert de technologies du savoir vers le marché ». Rappelant que ce programme concerne des entreprises innovantes euro péennes prêtes à travailler ensemble il stigmatise les liens qui existent avec le programme TTP de l’ESA : « cette coopération consiste aussi à améliorer le contexte européen. Exemple de contribution coopérative le renouveau de la microélectronique. La France va bientôt prendre la Direction d’Eurêka. L’objectif de la présidence française sera de transférer de façon efficace le résultat des recherches vers les marchés, ensuite d’impliquer les investisseurs et enfin de recentrer vers les marchés notamment par la qualité des projets avec un label Eurêka ». Autant de points positifs qui permettent à Claudie Haigneré de déclarer : « Les transferts de technologies de l’ESA sont de qualité ». Rappelant que le partenariat Eurêka doit être intégré notamment dans le 6ème programme cadre elle observe alors que : « Le partenariat ESA-Eurêka a une belle valeur d’exemple » et conclut par « l’espace est un enjeu stratégique car au service de tous ». Des témoignages fascinants Une table ronde présidée par le Ministre Y. Ylieff et animée par Philippe Jurgensen regroupait dans la suite des industriels ayant bénéficié des programmes de transferts de technologies et proposait les témoignages de : C. Robin, de DynAero, concepteur et fabricant d’avions légers à Dijon Darois, B. Candaele du groupe Thalès ainsi que L. Masselot de Planet Observer, une société dédiée à la production d’images de la terre prises par satellites. C. Robin rappelait ainsi le leadership de sa société sur le marché des avions de tourisme et présentait un rapide historique du projet d’avion très léger que sa société a développé sous l'égide d’Eurêka. C. Robin : « Pour réaliser notre ULM de voltige on peut dire que l’on disposait de solutions (pour la cellule) résultant d’une bonne maîtrise de l’aérodynamique et des structures mais on ne maîtrisait pas la partie moteur qui devait être adaptée à la voltige. Nous avons alors fait appel à un représentant Robin portuguais situé à 1500 Km de Dijon avec le finan cier que cela entrainait. Pour soutenir le projet les délégués régionaux de l’Anvar nous ont orienté vers Eurêka. On pensait que ces procédures étaient inaccessibles aux PME. On a réussi à monter le projet en moins de 6 mois à l’aide de cabinets permettant entre autre d’évaluer les coûts budgétaires. Résultat, nous avons maintenant une Joint Venture depuis un an et demi, une régulation financière de l’entreprise, un pied à terre ibérique et des ventes en Amérique du Sud » . Un résultat tout à fait satisfaisant pour cette PME qui sans Eurêka n’aurait pu assumer seule la maîtrise de ce projet étendu. B. Candael de Thalès brossait ensuite un rapide tour d’horizon du projet SANARA porté par son groupe lequel concerne les composants et puces liées à la localisation par satellite. Une vision très « intégrée » des marchés puisqu’y est pris en compte les applications que l’on trouvera "sur étagère" pour la navigation par satellites. B. Candael : « il s’agit de l’exploitation commerciale liée à G aliléo pour laquelle dés 2008 des récepteurs seront disponibles dans les grands magasins ». Rappelant que Galiléo et ses 30 satellites permettront une localisation au mètre près et pour certaines applications à 10 cm près y compris en indoor il observe que SANARA concerne 210 collaborateurs sur 6 pays avec une chaïne de la valeur très intégrée qui va du labo au fabriquant : « Universités, LETI, Fraunhofer Gesellshaft, ST, Infineon, Thalès ... ». Il ne manque pas cependant d’observer qu’il reste inquiet pour la pérénité du projet : « Il y a incertitude budgétaire. On espère commencer en 2003 sous la présidence française ». Enfin L. Masselot rappelait la superbe aventure de sa société de 20 personnes, Planet-Observer, laquelle est née en 1989 sous le nom de M-Sat grâce à une subvention du Ministère de la Recherche de 150 KE et d’un prêt remboursable de l’ANVAR de 500 KE. Réalisant dés 94 la première mosaïque française couleur (publiée dans le magazine Géo) elle s’attaquait ensuite à l’Europe puis à l’Amérique. Utilisant des sources d’images telles que celles d’Eurimage (filiale de l’ESA) la petite société s’appliquait à l’acquisition de données de 93 à l’an 2000 puis passait au stade de la mise à jour sur 5 ans grâce à une délégation de Spot Image et des Reset du satellite SPOT 5 d’une précision de 2,5 m fournis par le CNES, ce qui permet à L. Masselot de parler aujourd’hui de « nappe d’information avec des puits de précision ». Arrivé à un plafond financier en 1999 et face à un projet de cartographie mondiale dit « Planet 2000 » qui avait pris 3 ans de retard, Planet-Observer déposait en collaboration avec la société belge Ionic Software et une Université le projet « Terra Cognita » en 99, labélisé Eurêka en Avril 2000 pour un montant d’investissement de l’ordre de 8 ME. Terra Cognita est une base de donnée de 2 Tera octets représentant le premier référentiel absolu du Globe terrestre et permettant de prouver et de quantifier les changements env ironnementaux. Ce qui permet à L. Masselot de résumer le rôle de son produit comme suivant: « c’est un outil de géopolitique long terme au service du développement durable ». On le voit, un produit High-Tech au sens ou l’entendent l’ESA et Eurêka mais aussi pour reprendre les propos de Claudie Haigneré un « enjeu stratégique car au service de tous ». Un produit qui n’aurait certainement jamais pu voir le jour sans Eurêka. Pour clore les débats le Minsitre Y. Ilieff ne pouvait que « féléciter les intervenants pour leurs témoignages fascinants » et rappeler que « l’on ne peut être que séduit par les transferts de technologies et souhaiter qu’ils se développent . On doit remercier la France et un peu la Belgique d’avoir été à leur origine ». Et de conclure par : « La science est la richesse. Les pouvoirs politiques doivent agir ; Il faut créer l’Europe de la connaissance, à savoir la partie du monde la plus compétente sur ce sujet avec un objectif qui est de le faire en 2010 ». Bertrand Villeret A noter : l’ouvrage de Prierre Brisson et John Rootes « Down to Earth, Evryday Use of European space Technology », publié en 2001 par l’ESA Publication Division, ESTEC, PO Box 299, 2200 AG Noordwijk, Pays Bas Pour Info : Technology Transfer Programme, ESA / ESTEC, Keplerlaan 1 2201 AZ noordwijk ZH, Pays Bas Anvar, 43 rue caumartin 75436 Paris, tel 01 40 17 83 00 www.anvar.fr Eurêka Lancé en 1985, le programme eurêka a pour objectif de faciliter la coopération européenne en matière de recherche technologique précompétitive pour renforcer la productivité et la compétitivité de l'Europe dans les technologies de pointe. Il s'agit d'une initiative indépendante des programmes communautaires qui associe 29 pays d'Europe et de l'Union Européenne. La XXe conférence ministérielle Eurêka s'est tenue à Thessalonique le 28 juin 2002 en présence de Claudie Haigneré, Ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles Technologies. La présidence grecque y a annoncé 169 nouveaux projets européens de R&D pour un montant de 411 millions d’Euros. La France occupe la première place à la fois pour le nombre de projets initiés et les montants investis. On constate une nette augmentation des projets en sciences de la vie mais c’est le secteur des TIC qui prédomine. Info sur la XXème Conférence Ministérielle Eurêka : http://www.anvar.fr/actulettN12arti3.htm
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De gauche à droite :
Philippe Jurgensen, Claudie Haigneré, Pierre Brisson, Y. Illief Photo: B. Villeret. Quantorg 2003
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