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Quantorg 2004 - 2008Dec 2007 Spécial Le Bourget 2007 Interview : Philippe Forestier Executive Vice President, Dassault Systèmes Diplômé de Sup Aero, Philippe Forestier entrait en 1975 chez Dassault et participait à l’aventure de Dassault Systèmes, société connue aujourd’hui pour son logiciel “ CATIA ” et ses nombreuses suites applicatives utilisées dans le monde entier, notamment pour le Boeing 787, premier avion conçu de manière entièrement virtuelle. En 2006 Dassault Systèmes fêtait ses 25 ans. Vingt cinq années au cours desquelles Philippe Forestier a contribué au développement de la maison de Suresnes. Il nous reçoit au pavillon de Dassault Systèmes à l’occasion du salon du Bourget 2007 Philippe Forestier, 26 ans de maison c’est toute une histoire. Pouvez-vous nous en raconter quelques extraits ? Philippe Forestier : Honnêtement, je préfère parler du futur car nous sommes une société résolument tournée vers l’innovation et donc vers le futur plus que vers le passé. Mais je peux cependant vous parler de l’histoire puisque j’en ai fait partie, et même pendant des heures, par le menu et depuis le début... Il vous faudra certainement synthétiser un peu... Au départ Dassault Systèmes est un département de Dassault Aviation avec quelques ingénieurs de l ‘aéronautique, dont je faisais partie. A l’époque, avec l’arrivée des gros ordinateurs «Mainframe» les programmes de calcul d’aérodynamique ou de calcul de structures ont réclamé une simulation la plus précise possible de la géométrie des avions. Le service « Géométrie » a été créé, dirige par Francis Bernard qui m’avait d’abord embauché comme stagiaire en 1972 et que j’ai rejoint a la fin de mon service militaire. Nous utilisions des cartes perforées pour écrire les programmes, en PL1 ou directement en langage machine et cela évidemment demandait beaucoup de puissance informatique ... Des lors que la géométrie a été générée, on a imaginé développer des applications interactives devant un écran qui permettraient de simplifier un certain nombre de processus. Le premier processus que l’on a vraiment simplifié devant un écran a été la fabrication des maquettes de soufflerie, avec, à partir de cette géométrie qui existait, la simulation interactive de l’usinage des maquettes directement dans un bloc d’aluminium, ce qui a permis de ramener le temps de cycle de fabrication des maquettes de plusieurs mois à quelques semaines. Avec une machine à commande numérique ? Philippe Forestier : Absolument. Une machine à commande numérique commandée par un programme interactif avec simulation du trajet de l’outil sur l’écran. Et cela a été une de nos premières applications. D’autres suivirent, comme la simulation de la cinématique d’un train d’atterrissage. ...Cela se prêtait bien à la chose... Cela se prêtait bien en effet car la cinématique de rentrée d’un train est complexe a définir sans le 3D. C’était très visuel, et on pouvait voir sortir et rentrer le train, avec des paramètres que l'utilisateur pouvait modifier de manière interactive. Et donc petit à petit on a commencé à développer un certain nombre de fonctions "interactives", de création de formes, d’applications qui venaient compléter les programmes plus lourds qui demandaient plus de puissance informatique. En fait, nous nous sommes inspirés de CADAM, un logiciel 2D interactif de Lockheed, dont Dassault Aviation s’est trouvé le premier acquéreur européen en 1975. Pourquoi ne pas faire des applications interactives 3D comme celles en 2D de CADAM ? Cela semblait une gageure, tant beaucoup pensaient que faire du 3D devant un écran était totalement irréaliste. L’histoire a fait qu’en 1992, Dassault Systemes rachetait CADAM Inc. qui devenait Dassault Systemes of America... En 1980 on était donc devenu un département d’une quinzaine de personnes, alors même que chacun commençait dans la société à se demander ce que l’on faisait et ce que pouvait bien être ces “ logiciels”. C’est quoi un logiciel ? Ça sert à quoi un logiciel ? Tout le monde savait ce qu’est un avion, mais un logiciel ? Et certaines personnes et en particulier le gérant de l’époque, Monsieur Charles Edelstenne ont été visionnaires... ... Actuel Président de Dassault Aviation et du Gifas... ... en effet, Charles Edelstenne, a voulu faire un Spin Off de ce département et créer une société. Il avait compris que si on voulait continuer à développer nos produits, il fallait doper la société et le R&D en particulier par des revenus externes provenant de ventes à d’autres sociétés. Il a réussi à convaincre Monsieur Marcel Dassault, qui lui a dit : “ Ecoutez Charles, je veux bien, mais... vous mettez aussi de l’argent de votre poche..”… ce qu’il a fait et c’est ainsi que Monsieur Edelstenne est devenu un actionnaire significatif d’une société qui est maintenant cotée et dont la valorisation dépasse les 5 milliards d’Euros !... cette société, Dassault Systèmes, qui à l’époque était constituée d’ingénieurs qui ne connaissaient pas du tout les arcanes du marketing et de la vente. C’est pour cela que nous avons développé un accord avec IBM pour une distribution mondiale de nos logiciels en 1981. Et là ce fut le coup de génie ! Philippe Forestier : En effet, cela a été un coup de génie qui a été orchestré à l’époque par Charles Edelstenne et Francis Bernard. Cela a été le début de l’histoire, on était 15, c’est ainsi que Dassault Systèmes est né et que l’on a pu commencer à pénétrer quelques grands comptes de l’aéronautique comme Grumman (aujourd’hui Northrop Grumman), comme Lockheed (aujourd’hui Lockheed Martin)... et des grands comptes de l'automobile comme BMW et Honda, qui sont toujours des clients stratégiques et fidèles. Quels seraient vos plus grands comptes aujourd’hui ? Philippe Forestier : Boeing, Toyota, Honda, Daimler, et bien d’autres Selon la conférence de Dassault Systèmes hier, l’aéronautique ne compterait que pour environ 30% de votre activité... Philippe Forestier : En effet, notre première source de revenus est l’automobile avec plus de 40% et Dassault Systèmes couvre maintenant 11 industries, l’Automobile, l’Aeronautique, la construction navale, les produits de consommation, l’Architecture, l’Energie,...etc.. Nous avons des clients dans des secteurs aussi divers que l’habillement, la pharmacie, etc.... Vous êtes donc passés progressivement d’une société technologique à une société plus commerciale. Comment cela s’est il déroulé ? Philippe Forestier : Il y a eu une époque où Dassault Systèmes était essentiellement une société de R&D qui travaillait en partenariat avec IBM, laquelle faisait tout le marketing, la communication, et la vente. Et en 1983 est arrivé dans la société un “ Monsieur ” qui s’appelle Bernard Charlès, que vous avez vu hier, et qui s’est employé à définir une "Vision", à définir une "Stratégie", et qui nous a permis de franchir une étape où Dassault Systèmes ce ne serait plus seulement de bons ingénieurs et de bons technologues mais « La ” référence mondiale. Nous avons franchi aussi quelques étapes avec notre partenaire IBM en s’affranchissant d’abord d’IBM sur les aspects hardware et aussi en poussant IBM a s’engager uniquement sur nos solutions. Quelle différence existe-t-il entre les définitions de formes numériques ou de cinématique dont vous nous avez parlé et cet “ avion numérique ” dont il est maintenant question ? Philippe Forestier : En fait les outils 3 D que l’on a développés dans les années 80 ont permis de créer pratiquement toutes les formes 3 D possibles, mais un avion ce sont des millions de pièces à assembler et il faut pouvoir traiter l’avion dans sa globalité. Ainsi il faut être capable de gérer la maquette numérique globale et de créer des applications de tous ordres, [forme générale, aérodynamique, champs de contraintes, champs de températures, répartition des masses, calcul de structures, statique, dynamique, fatigue, construction, aménagements intérieurs, pressurisation, ventilation, câblages, tuyauteries... aspects extérieurs, design publicitaire pour les compagnies] et les intégrer dans un ensemble unique qui doit contenir toutes les infos numérisées de l’avion. Par exemple, il faut être capable de définir le cheminement des câbles intérieurs de l’avion entier, en y intégrant aussi du savoir. On a créé le concept de “ Maquette numérique ” qui contiendrait tout cet ensemble et pourrait en simuler son fonctionnement, un peu comme si vous aviez déjà l’avion sous les yeux et avec son comportement réel alors même qu’il n’a pas encore été fabriqué... Le premier avion au monde qui s’est fait “ sans ” le recours à une maquette physique mais avec une maquette numérique a été le Boeing 777.. Cela a été un pari entre Bernard Charlès et les patrons de Boeing : "Pensez vous que nous pouvons faire une maquette numérique qui remplacerait la maquette physique ? Bernard Charles a répondu, : « je ne sais pas, mais essayons ensemble » c’est ainsi qu’est né le « working together and sharing success » qui est depuis le motto de notre partenariat avec Boeing. Le 777 a été un réel succès, pour Boeing et DS, mais Bernard Charles avait déjà la suite en tête et préparait déjà la V5 et le PLM. Car quid de toute la chaîne depuis la conception initiale jusqu'à la maintenance... c’est à dire de tout le cycle de vie et de production derrière, soit donc ce que l’on appelle aujourd’hui le Product Life Cycle Management ? … Et Dassault Systèmes inventa le PLM ! Et là, pour arriver à développer des solutions pertinentes, qui couvrent toute la chaîne[de production] il a fallu qu’on démarre une croissance qui ne soit pas uniquement organique mais aussi externe, [c'est à dire aller chercher des morceaux de logiciels que l'on n'avait pas forcément dans nos cartons] On a commencé toute une série d’acquisitions. Et toutes ces acquisitions ont été des acquisitions de technologies qui nous ont permis d’élargir le spectre de fonctionnalités et couvrir l’ensemble de la chaîne du PLM. Peut-on citer quelques noms d’entreprises qui ont été rachetées ? Philippe Forestier : Oui, 18 acquisitions à ce jour, parmi lesquelles Deneb, qui est devenu l’ossature de notre marque DELMIA dans le digital Manufacturing, Product Manager, un laboratoire d’IBM qui est devenu ENOVIA, ou Abaqus, logiciel de simulation non linéaire qui est a l’origine de la création de SIMULIA, ou MatrixOne, spécialisé dans la simulation des Business Process et qui est maintenant une partie prépondérante d’ENOVIA. Nous avions aussi fait en 1997 l’acquisition de SolidWorks, avec un objectif différent puisqu’il s’agissait de se doter d’un outil puissant de CAO pour contrer des compétiteurs tels Autodesk. Toutes ces acquisitions nous ont permis de nous consolider dans nos marchés traditionnels tels que l’aéronautique et l’automobile et nous ont permis de nous étendre sur des marchés nouveaux. Peu de gens savent que la Navy Américaine utilise toutes nos solutions pour tous leurs nouveaux vaisseaux ou que Dassault Systèmes produit de la valeur dans le domaine de l’habillement, comme chez Guess ou Gap... Donc des industries presque mieux équipées que nos propres industries militaires ... Philippe Forestier : .... L’histoire c’est aussi cela... dans l’industrie navale aujourd’hui les entreprises de pointe ce sont les Jeanneau, Beneteau, MeyerWerft.. aussi bien les navires commerciaux que le loisir. L’une des raisons de notre réussite dans l’industrie navale est que l’on est beaucoup plus compétitif que les logiciels « niche » car de nombreuses fonctionnalités sont communes à tous les marchés et en fait il y a peu de différence entre le dessin d’un sous-marin ou celui d’un avion de ligne. C’est dans cette optique que nous couvrons de multiples industries. Le développement de ce qui allait devenir notamment CATIA, puis la création de la société, la diffusion via IBM, les acquisitions dans le monde entier, cela représente la genèse de Dassault Systèmes... mais cela nous amène aussi à la question de l’avenir de ce qui est devenu, il faut bien le dire, "Le" Leader mondial des logiciels de PLM... Alors cet avenir, comment se profile-t-il ? Philippe Forestier : Ce que je vous ai raconté c’est la version courte de l’histoire... Alors maintenant, en effet, l’avenir de la société est que l’on a l’intention de progresser de manière significative sur tous ces marchés parce qu’actuellement on n’a globalement que 25 % de parts de marché, ce qui veut dire qu’il reste 75% à couvrir! On a encore beaucoup à progresser pour couvrir les marchés existants, d’autant que dans des marchés captifs comme l’aéronautique il n’existe plus un avion au monde qui ne soit numérique dès sa conception. Il faut donc maintenant qu’on arrive à convaincre l’ensemble de nos clients à utiliser le spectre "complet" des outils de PLM, démontrer les gains de coûts, les retours sur investissements et cette étape est en train de se réaliser. L’évolution des technologies fait que maintenant les outils que l’on fournit permettent aux industriels de travailler en collaboration comme si tous les ingénieurs étaient ensemble au même endroit, ce qui permet aux sociétés de prendre les meilleurs ingénieurs où qu’ils se trouvent, dans le monde, et de développer des partenariats et des méthodes de collaboration qui permettent de faire les meilleurs produits avec les meilleurs personnes. C’est ce qu’a fait Boeing avec le 787 et son organisation « GCE : global collaborative environment» qui est un ensemble de partenaires que Boeing a choisi dans le monde... il y a d’ailleurs beaucoup de français. Bien évidemment Dassault Systèmes fournit toutes les solutions de simulation des processus et les outils et de nombreuses sociétés en France, au Japon et en Italie en particulier sont autour de ce projet. C’est sur ce concept que Renault avait développé son Technocentre à Guyancourt, installant même ses fournisseurs Tiers 1 et 2 dans ses murs... Philippe Forestier : Oui bien sûr, Renault, et la plupart de OEM (équipementiers) de l’automobile, quasiment tous, sont utilisateurs de nos solutions... et nous développons des relations très étroites avec tous ces industriels au plus haut niveau des entreprises parce que finalement ce qu’on leur vend c’est des solutions industrielles mais c’est aussi une transformation de leur façon de travailler. Une “ Business transformation ” parce que si vous voulez être compétitifs sur toute la chaîne depuis la conception jusqu'à la fabrication, vous avez intérêt à ne pas avoir de cloisonnements entre les différentes organisations de telle manière que dans la phase de conception on puisse prendre en compte l’ensemble des contraintes qui sont dans les phases aval. On ne fait plus le design sans penser à la façon dont ça va être construit et maintenu. Et donc on est capable de faire le produit et toute sa simulation de fabrication totalement dans le monde virtuel. Et là, on a avec Boeing réalisé une grande première mondiale, à savoir le “ Virtual Roll Out ” du Boeing 787, le 6 décembre 2006, c’est à dire qu’on a sorti l’avion dans le monde virtuel... avant même qu’il ne soit construit il était fini ! Et le 8 juillet l’avion réel sortait du hangar.. On savait déjà simuler les vols virtuels maintenant on fait des avions totalement virtuels, c’est bien cela ? Philippe Forestier : Oui. Avant de faire le Roll Out réel on fait le Roll Out virtuel. Nous faisons vivre les produits avant qu’ils existent... . Donc tout ce qui se fait avant que le premier outillage soit fait, c’est nous. On développe des outils qui sont de plus en plus simples à utiliser, en faisant appel à des technologies qui mettent de plus en plus internet à contribution, desoutils “ On Line ”, qui permettront à tout le monde dans l’entreprise, pas uniquement aux ingénieurs et aux gens de la production, mais aussi aux gens des achats, du marketing, aux "patrons", de pouvoir accéder, notamment depuis leurs chambres d’hôtel, grâce à internet, aux outils de développement et ainsi de collaborer et expliquer à leurs collaborateurs ce qui va et ce qui ne va pas, et prendre des décisions dans le cadre de l’évolution du projet. Donc des technologies qui dans le passé fonctionnaient sur Main Frame, puis sur des machines sous Unix assez lourdes, puis sur PC, vont fonctionner maintenant]“ On Line ”. C’est une totale révolution dans les systèmes de travail, de développement et de production. On est en train de révolutionner la façon de travailler. Pour résumer, nous développons des outils de 3 types : D’abord pour créer, tester et fabriquer des produits, avec SolidWorks, CATIA, DELMIA et SIMULIA, Puis pour collaborer, avec ENOVIA, en utilisant la puissance du 3D comme media de communication et pouvoir ainsi réaliser des produits avec les meilleurs ingénieurs disponibles dans le monde. Et des outils «on line» qui vont nous permettre de nous connecter ou connecter nos clients industriels avec les utilisateurs finaux, car de plus en plus les entreprises ont besoin de co-créer avec les clients finaux pou développer, ceci sous notre nouvelle marque 3DVIA. Vous évoquez la collaboration entre les partenaires via les outils numériques. J’ai donc une question que vous attendiez certainement puisqu’elle a été abondamment abordée par les journalistes hier à la conférence de presse, à savoir les problèmes rencontrés sur l’Airbus A 380 pour lequel des défauts de coordination sont apparus sur les câblage électriques entraînant quelques 6 mois de retard dans le programme et des remous au sein de la société EADS... On dit que l’origine du mal venait de l’emploi par les Allemands d’un produit concurrent du vôtre, que l’on ne citera pas, et que ceci serait au bénéfice de Dassault Systèmes Philippe Forestier : Nous allons faire réussir Airbus aussi bien que Boeing ! Nous avons depuis longtemps un partenariat technologique étroit avec Boeing sur l’ensemble de nos solutions. Avec Airbus, c’est un partenariat plus récent et que nous sommes en train de développer, parce que Airbus utilisait d’autres solutions il y a encore quelques années. Mais on est en train de converger sur les nouveaux programmes, A350 par exemple, sur l’utilisation globale de l’ensemble de nos solutions. Est-ce que l’on peut dire pour autant qu’il y aurait chez Airbus un recentrage vers CATIA comme cela a été écrit dans la presse dans le cas particulier de l’A380 ? C’est à dire le plus gros porteur au monde... Philippe Forestier : CATIA c’est le Produit Virtuel. Cela fait déjà plusieurs années que CATIA a été choisi par Airbus. Mais il n’y a pas que CATIA. Il y a ENOVIA, DELMIA, toute la chaîne de gestion du cycle de vie... Aujourd’hui, nos solutions sont en train de devenir le standard chez Airbus. Pour le reste, certains logiciels qui ne sont pas dans votre gamme, étaient utilisés. Et il y a eu de ce fait des problèmes sur le câblage électrique. Comment pensez-vous que cela va être solutionné ? Philippe Forestier : C’est très difficile à dire. Il y a les produits que l’on fait et la façon dont on les utilise. On peut toujours expliquer quand quelque chose ne va pas que c’est une défaillance du produit, mais les changements de processus qui accompagnent la mise en place des logiciels sont fondamentaux. Il est clair aussi que l’utilisation d’outils intégrés de la même gamme limite les chances d’erreur, c’est pour cela que nous poussons nos clients a utiliser nos solutions pour la simulation de A à Z depuis la conception initial jusqu'à la fabrication et la maintenance, le tout dans un environnement de collaboration global. C’est ce qui s’est fait avec Boeing sur le 787, avec Dassault Aviation sur le Falcon 7X, sur les Toyota, les BMW, etc.. Et c’est ce que nous souhaitons mettre en place avec Airbus. Est-ce une philosophie générale ? Philippe Forestier : C’est ce que l’on fait avec les grosses sociétés, Boeing, Toyota, BMW, que je viens de citer mais aussi de plus en plus dans les autres couches de l’industrie, c’est à dire les Tier 1, les Tier 2, les Tier3, autrement dit le PLM doit être mis à la portée des petites et moyennes entreprises, avec des produits parfois d’entrée de gamme pour des raisons de coût mais des produits qui soient tous compatibles. En fait nous fournissons aux entreprises des outils qui leur permettent de rester compétitives dans un monde ou les difficultés sont nombreuses Une PME qui investit dans le PLM se dote d’outils qui lui permettront de mieux faire face aux challenges de la nouvelle économie. Est-ce applicable aux industries qui n’ont pas encore fait leur révolution numérique ? Philippe Forestier : Oui, ce le sera et c’est pour cela qu’on attaque ces marchés. L’attaque des nouveaux marchés va nous permettre de faire toute la collaboration et la simulation des processus industriels pour des industries pour lesquelles on n’imaginait pas il y a seulement quelques années que l’on puisse appliquer des principes imaginés au départ pour l’aviation. Par exemple gérer les processus de développement de nouveaux médicaments dans l’industrie pharmaceutique ou gérer les sorties de nouvelles collections dans l’habillement chez Gap ou Guess, c’est vraiment différent de la fabrication d’un avion, mais beaucoup de solutions sont communes. Votre conquête des gros clients est une réussite, celle du middle market semble bien partie. Comment cela vous positionne-t-il par rapport à la concurrence ? Philippe Forestier : On est numéro 1 mondial, on fait 25% du marché, on prend environ 2% de part de marché à nos concurrents par an et je dirai que c’est une course à l’innovation dans laquelle on a toutes les armes pour réussir. Nous avons mis en place des relations stratégiques avec la plupart des entreprises les plus prestigieuses de cette planète et notre progression dans le middle market avec nos solutions PLM ou SolidWorks est impressionnante. J’ajouterai qu’on est pas « OPAble », puisque notre actionnariat est sécurisé à plus de 50%.. On fait 27% de marge opérationnelle et l’on investit 25% du CA en recherche et développement. Mais dans la course à l’innovation il est sain qu’il y ait une concurrence et nous sommes extrêmement vigilants sur leur évolution. Ainsi le plus important, UGS, qui est utilisé chez un certain nombre de nos clients, vient d’être racheté par Siemens, une société de Hardware et d’Automation, après avoir été possédée par des financiers. Que vont-ils devenir ?... C’est un peu délicat de savoir quelle va être leur stratégie. Donc on est bien placés par rapport à la concurrence et c’est important d’avoir une concurrence, nous la respectons. En effet, et dans le cas d’Airbus nous avons pu apprécier ce respect et la discrétion que Dassault Systèmes et vous même avez affiché envers un de vos concurrents. Une dernière question toute aussi stratégique à nos yeux et proche de notre lectorat : aujourd’hui le conseil en organisation se développe sur la base des technologies informatiques, comment vous positionnez-vous par rapport aux sociétés de conseil, on pense notamment à Accenture qui nous a accueilli au Bourget et qui en est cette année le sponsor officiel, sachant que les sociétés de conseil mettent en place vos solutions ? Est-ce que vous allez vous impliquer plus dans le conseil en organisation ou au contraire faire plus appel aux cabinets conseil ? Philippe Forestier : Dassault Systèmes est une société qui fait 90% de son CA dans le logiciel car nous sommes une société de logiciels ! Malgré tout, il est important que l’on développe des pratiques qui permettent à nos clients de déployer facilement nos solutions. Ces pratiques nous les développons et nous mettons en place des partenariats avec des sociétés de services qui déploient chez leurs clients nos solutions. Nous faisons donc de la “ R&D de services ” et nous pouvons fournir aux sociétés de service les outils et les meilleures pratiques qui leur permettrent de déployer correctement nos solutions. Ce faisant nous faisons aussi du “ service ”, mais cela reste marginal par rapport à nos partenaires et on a pas du tout l’intention d’être en compétition avec eux ! Les cabinets de conseil en stratégie comme Roland Berger nous intéressent car ils parlent aux Directions Générales et celles-ci ont besoin d’entendre nos messages sur le PLM. Propos recueillis par Bertrand Villeret Rédacteur en chef ConsultingNewsLine Pour info : /www.dsdsf.com/ Images : B. Villeret pour ConsultingNewsLine. Copyright B. Villeret / Quantorg 2007 pour ConsultingNewsLine All rights reserved Reproduction interdite |
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