Introduction

Le groupe informatique Hewlett-Packard (HP) a commandé une étude auprès du très vénérable King’s Collège et de son institut psychiatrique. Celui-ci a constaté que, sur les 1100 personnes étudiées sur leur lieu de travail, 62 % d’entre elles sont de véritables drogués de l’email et environ 50 % mettent un point d’honneur à répondre dans l’heure.

C’est ce que HP appelle l’info-mania. L’entreprise a d’ailleurs publié un guide pour lutter contre ce fléau. Car elle s’est aperçue que cette consultation compulsionnelle avait des effets néfastes sur la santé de leurs collaborateurs…et sur la performance de ses équipes. De telles addictions à sa messagerie électronique ou instantanée ont de fâcheuses conséquences sur le quotient intellectuel des sujets atteints. Les chercheurs travaillant sur l’étude ont remarqué que le Q.I. des cobayes chutait de 10 points lorsqu’ils étaient constamment distraits par l’arrivée d’une sollicitation électronique. En comparaison, le Q.I. d’une personne qui vient de fumer du cannabis ne chute que de 4 points.

Cette information n’avait pas pour but de vous inciter à fumer un joint mais juste à vous faire réfléchir sur les abus d’une ingestion outrancière et débridée de courriers et messageries électroniques. A consommer donc avec modération.

Pour le téléphone mobile, c’est à peu près pareil, sinon pire. L’Association française des opérateurs de mobiles a commandé une étude très fouillée à dix universitaires du Celsa, école des sciences de l’information et de la communication de la Sorbonne, pour analyser votre comportement avec ce petit objet qu’on met dans la poche ou dans son sac, qui sonne de temps en temps quand on cherche à vous joindre et que vous sollicitez quand vous désirez appeler un correspondant : votre téléphone portable.

Premier constat : vous développez un rapport affectif et excessif avec un objet somme toute usuel, un peu comme avec sa voiture. Et en plus, alors qu’en Norvège par exemple, il y a désormais plus de mobiles que d’habitants, vous croyez, pauvres naïfs, que vous êtes le seul à posséder, non pas un téléphone portable, mais celui précisément que vous détenez. Deuxième constat : vous avez un comportement compulsif. Dès que vous entrez dans un endroit public, vous n’attendez pas une minute pour sortir votre mobile comme un signe extérieur de reconnaissance sociale. Troisième constat de cette étude particulièrement instructive qui doit bientôt être publiée : vous passez vos appels de n’importe où, à voix haute et sans la moindre pudeur pour la plupart. Comme 75 % des Français équipés…et donc compréhensifs. Les sociologues parlent désormais de « communauté compatissante ».

Je vous laisse. Mon portable est en train de sonner. Je crois que c’est le rédacteur en chef de Consultingnewsline qui va me demander quand, enfin, je lui enverrai ma chronique…par mail.