Métiers
de
conseil et Communication B2B :
Comment
cibler une Direction et mieux s'adapter à son interlocuteur ?
par Cyril Chassaing et
Delphine Jouenne, Managing Partners, Enderby
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Directions
générales, juridiques, financières, RH, marketing,
communication ou
encore informatiques, telles sont les cibles clients et prospects des
sociétés de conseil. Ce ciblage B2B implique
évidemment des actions de
communication appropriées, que l’on vise un grand groupe, une
ETI ou
une PME. Mais il convient, pour celles et ceux qui ont à charge
le
marketing d’un cabinet ou d’une société de service, de
parfaitement
connaître et comprendre les hommes et femmes qui composent ces
directions d’entreprises, afin de leur proposer une communication
personnalisée, hautement spécifique, et au bout du compte
efficace
La communication « one-to-one », personnalisée en
fonction du client et
en opposition à la communication de masse, est monnaie courante
depuis
déjà des années. Dans le commerce
inter-entreprises (B2B), s’il paraît
évident qu’une entreprise doit s’adresser aux fonctions cibles
et
décisionnaires chez ses prospects pour vendre ses produits ou
services,
la communication à leur égard n’est pas toujours
adaptée en fonction du
comportement des acheteurs et des « consommateurs » dans
l’entreprise.
Voici quelques pistes pour mieux appréhender vos interlocuteurs.
Dans l’univers du B2B et particulièrement dans le secteur des
métiers
de conseil, on cible ses clients potentiels en fonction de la taille de
l’entreprise (SBF 120, ETI, PME, TPE, artisans…), le secteur
d’activité
(industrie, télécoms, distribution…) ou encore par zone
géographique
(locale, régionale, nationale ou internationale), mais la cible
principale sont les hommes et femmes que l’on cherche à
atteindre parce
qu’ils sont consommateurs, utilisateurs, acheteurs,
décisionnaires ou
prescripteurs au sein de l’entreprise : le directeur
général, le
directeur financier, le directeur marketing, le directeur juridique, le
DRH etc.
Avant d’envisager quelconque outil ou action de communication
(publicités, plaquettes, e-mailings, relations presse, salons et
événements, web et réseaux sociaux…), il est
primordial de prendre le
temps nécessaire d’analyser les comportements et les besoins de
sa
cible client. Cela permet d’envisager des actions de communication de
qualité et très ciblées avec davantage de retour
sur investissement
plutôt qu'une seule et même communication pour tous. Cela
évite tout
autant l’agacement des clients et prospects à l’égard
d’une
communication qui ne leur correspond pas, même pire, qui les
ferait
fuir !
Se mettre à la
place de
son client
Pour mieux comprendre le comportement d’achat de son client au sein de
l’entreprise et pouvoir ainsi mieux s’adresser à lui, il faut
d’abord
penser à sa place, comme un jeu de rôle : « si
j’étais un directeur
général de PME… », « si j’étais un
directeur général ou un directeur
financier du CAC 40… ». Il est primordial de mieux se rendre
compte de
ses problématiques pour connaître ses véritables
besoins : ses
problématiques techniques actuelles, les changements de
réglementation
en cours ou à venir et qui le concernent, ses relations avec sa
hiérarchie, ses actionnaires ou autres parties prenantes
(syndicats,
journalistes, analystes financiers, pouvoirs publics…), ses
problématiques de management…
Egalement il sera intéressant de bien avoir conscience des
degrés
d’urgence, de pression et de stress avec lesquels il travaille, son
environnement de travail général et son propre bureau,
ses moyens de
transports, ses habitudes de déjeuners, ses passions et centres
d’intérêts (sport, culture…). Tout ce qui permet de mieux
appréhender
l’être humain derrière la fonction.
Plus précisément d’un point de vue communication, il
faudra se mettre à
la place du client et réfléchir aux messages auxquels il
est sensible,
ce qu'il lit au bureau (presse généraliste,
économique, spécialisée,
sites internet d’informations) et ce qu’il lit le week-end ou en
vacances, les livres et études qu’il consulte, les
événements auxquels
il se rend, les conférences et cocktails auxquels il participe,
ses
réseaux et cercles d'influence, sa maîtrise des
réseaux sociaux
(Linkedin, Viadeo, Twitter…), son temps disponible pour l’information,
etc.
A
l’inverse, il sera tout aussi intéressant de connaître et
bien
comprendre les messages qui ne le touchent pas, ce qu’il ne lit pas,
les événements, cocktails et conférences auxquels
il ne participe pas
par manque de temps, d’intérêt ou autre, les
réseaux et cercles
d’influence qu’il fuit etc.
Les prescripteurs
Il vous faudra en général vous intéresser plus
à la cible client
finale, c’est-à-dire à l’utilisateur, mais sans jamais
oublier de
cibler ses prescripteurs, qu’ils soient externes (relations
professionnelles, amis, associations professionnelles, clubs
d’affaires, réseaux d’anciens…) ou internes dans l'entreprise
(par
exemple pour un directeur financier, son directeur
général comme son
N-1 ou N-2 pourront être prescripteurs sur des offres de services
pour
la direction financière, chacun pouvant lui parler d'un
prestataire
vers lequel il peut se tourner, lui donner des noms plutôt que
d'autres, ce qui pourra influer sur ses choix). Ces cibles sont
à ne
pas négliger en terme de communication pour « toucher
» votre client
final.
Le poids des services
achats
Les services achats dans les grands groupes, ETI et
certaines PME sont un passage obligé pour tout achat de produits
et
services. Même si la plupart du temps, ils ne sont pas «
consommateurs
» des produits ou services eux-mêmes, leur métier
consiste à contrôler
tout achat par l’entreprise, s’assurer de la qualité et
négocier au
meilleur prix. En période de crise structurelle ou
conjoncturelle, ils
sont même sensibilisés à la chasse aux coûts
et aux négociations à
outrance pour obtenir ristournes, rabais et conditions de paiement plus
intéressantes.
Plus que prescripteurs, ils sont incontournables pour convaincre les
interlocuteurs finaux dans l’entreprise, même pour des offres de
services comme le conseil (juridique, fiscal, stratégie,
organisation,
management, recrutement…) pour lesquelles les prestataires sont de plus
en plus amenés à jouer le jeu des services achats pour
faire baisser
leurs honoraires, en participant à des appels d’offres, des
panels de
prestataires, etc. Mais ces responsables achats pourront toujours se
heurter parfois à l’hostilité des directions de
l’entreprise qui
veulent continuer à imposer leurs prestataires ou conseils,
qu’ils ont
connus par d’autres voies de communication…
Delphine Jouenne et Cyril Chassaing,
Associés
fondateurs d’Enderby, cabinet
de conseil en stratégies de communication et relations
publics pour les métiers de conseil.
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