La
Chronique de Pierrre Zimmer Printemps 2006 La civilisation de l’éphémère a-t-elle commencé ? La
guerre semble déclarée. D’un côté, l’univers
de la vitesse, de la simultanéité, de la
volatilité, du « clou qui chasse l’autre », du
zapping, du blog que l’on consulte à toute allure parce qu’il
n’y a pas de raison de s’appesantir. Un monde de rapidité et de
vivacité. C’est la marche du temps. La voie du progrès.
C’est inéluctable. Au XXIème siècle, il faut que
ça dépote, que ça aille vite ; on doit se
dépêcher, être prompt en besogne, faire avec
empressement. Pas besoin de trop réfléchir. L’action, la
seule chose tangible, doit précéder la réflexion.
Etre expéditif, c’est là le secret ! Mener les choses
rondement, tambour battant, sans bâcler mais sans tergiverser,
aller droit au but, porté irrésistiblement vers sa cible.
Pierre Zimmer,De l’autre côté, il y a le développement durable, le retour aux fondamentaux, les bases solides, bien ancrées sur des fondations ancestrales, des fondements et des soubassements « en béton » ; on prône le retour aux vraies valeurs, la réapparition de l’authentique, la culture de la « patience du jardinier », la renaissance du beau, l’éloge de la lenteur. Peut-être en réaction tout simplement à tous ces énervés, ces agités du bocal, ces empressés congénitaux, ces maladroits brusques, ces imbéciles malheureux qu ne savent pas donner du temps au temps, qui dédaignent savourer l’instant présent et qui cherche la lune au bout de leur doigt au moment du coucher du soleil. Est-ce vraiment le monde dans lequel nous vivons ? Cette société bipolaire où il n’y aurait pas de juste mesure entre la vitesse excessive et la lenteur insupportable ? Evoluons-nous dans un univers dual, noir ou blanc, selon nos croyances et nos convictions qui se partagerait entre sympathiques progressistes et vilains conservateurs ? En fait, c’est bien plus simple qu’on voudrait nous le faire accroire : nous sommes tout bonnement en présence de l’éternel conflit de générations, du choc des âges et du télescopage des conceptions. Les générations montantes scandent « Place aux jeunes » et crient haro sur les vieilles carnes. Nous, les jeunes, avons la fougue, le dynamisme, l’enthousiasme, nous sommes prêts à l’action et si nous ne savons pas tout, nous apprendrons en agissant. De son côté, la vieille garde n’est pas disposée à s’en laisser conter. Nous n’avons plus la vigueur de nos vingt ans mais nous avons la maîtrise des choses, proteste-t-elle, l’expérience des situations délicates, nous possédons le discernement et le savoir. C’est bien connu : c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, on a bien vu ce qu’a donné la nouvelle cuisine, les vieilles recettes, il n’y a que ça de vrai et les plats réchauffés sont bien plus goûteux le lendemain, etc., etc. Ce débat est stérile et oiseux. Le progrès est comme la langue d’Esope. Tout le monde sait aujourd’hui que, grâce aux avancées de la médecine, certaines activités usent prématurément alors que d’autres conservent. Prenez la politique, par exemple. C’est un métier, une passion et un sacerdoce en même temps, mais elle vous fait des centenaires à ne plus savoir qu’en faire, comme dirait Jean Ferrat. En tout cas, si tous les politiciens n’atteignent pas le siècle, il n’est pas rare de voir des sénateurs, des maires, voire des présidents de la République d’âge plus que respectable. En revanche, le sport met couramment à la retraite ses athlètes avant la quarantaine. Et encore, dans quel état. Donc, on le voit, la controverse sur l’âge du capitaine n’a pas grand intérêt puisque des arguments admissibles peuvent se faire valoir dans chaque clan. Au moment où les enfants de l’après-guerre vont bientôt partir à la retraite, la querelle des Anciens et des Modernes est loin d’être éteinte. Conseil en Communication et écrivain Mail: zimmerpierre@orange.fr Blog: www.surtoutchangezrien.com Retour: La Chronique de Pierre Zimmer Copyright Pierre Zimmer 2004 - 2006
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