La Chronique de Pierrre Zimmer




Rentrée hivernale

Le Changement fait de la Résistance
SNCM, Régie des Transports Marseillais, EDF, la Poste...


Je ne voudrais être ironique mais, dans un pays comme la France en permanente mutation, il ne se passe pas un jour sans une manifestation quelconque de résistance au changement. Des exemples : le conflit de la SNCM n’était-il pas tout simplement l’expression de réflexes corporatistes d’un modèle de service public obsolète face à un marché de libre concurrence rentable représenté par la Corsica Ferries? La paralysie de la Régie des Transports Marseillais procède de la même conception d’un service public qui tantôt s’essouffle et tantôt est complètement dépassé. Pour EDF, en voie de privatisation partielle et pour la Poste qui est en train de rajeunir ses bureaux et d’améliorer ses services, ne serait-il pas temps de réfléchir, dans la sérénité, à des organisations mixtes publiques et privées?

Qu’il est difficile de changer, de bouger, d’évoluer dans un pays qui n’a pas la culture de la négociation. Pas question de revenir sur les avantages acquis! Ah, non, ça alors, il ne manquerait plus que cela, disent en chœur les syndicats, nous avons suffisamment bataillé pour l’obtention de ces droits qui ne sont ni des privilèges, ni des prérogatives. Ce sont des DROITS, acquis de haute lutte. Mais, pourquoi les réformistes sont-ils ceux qui sont le plus opposés aux réformes? Serait-ce tenir un discours réactionnaire que de se poser juste la question?

En fait, si le bouleversement des structures est si compliqué, la raison en est toute simple : les acteurs de l’entreprise, dirigeants et employés, voudraient bien changer mais «que voulez-vous, les choses sont ainsi…» ; le veulent-ils vraiment? On peut légitimement s’interroger. Alors, fatalisme, découragement, aquoibonisme, résignation, soumission librement consentie…Tout le monde a toujours de bonnes raisons, même les meilleures raisons, pour ne pas bouger et adopter la stratégie du hérisson. On reste au chaud, dans son confort douillet, confortable, habituel. Changer ses marques et ses repères, son environnement et ses habitudes, c’est l’aventure. Est-ce que c’est bien le moment, vraiment ?

Dans les administrations et les organisations, c’est pareil : l’Etat est un dinosaure obèse et impotent qui se meut avec difficulté et les administrés, dans leur grande majorité, sont frileux, hostiles ou allergiques au changement. Mon propos n’est pas de crier haro sur le fonctionnaire mais plutôt d’essayer de comprendre comment un système a pu arriver à un tel point de blocage.

Même Valéry Giscard d’Estaing, un président de la République qui a fait ses preuves et son temps, juge, à près de 80 ans, de manière très pessimiste, que la France est un « pays paumé ». Elle vit « des changements trop rapides qui ne sont pas expliqués aux citoyens » analyse l’ancien chef de l’Etat dans un éclair de lucidité.

Retour en vogue de la réforme de l’Etat. De Rocard à Villepin, en passant par Cresson, Bérégovoy, Balladur, Juppé, Jospin, Raffarin, tous les Premiers ministres se sont cassé les dents sur l’amélioration du fonctionnement de l’administration. Les temps changent. Aboutira-t-elle cette fois-ci pour la plus grande satisfaction de l’usager des services publics? Oui, si le service public change. Vaste programme.

Pierre Zimmer,
Conseil en Communication et écrivain
zimmerpierre@orange.fr

Le présent texte a été publié dans le journal METRO le 17 novembre 2005

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