La Chronique de Romain Berne 




Janv 2020
Les Indicateurs RH dans le Conseil
Croissance et mouvements soutenus en 2019 comme en 2018. Perspectives beaucoup plus incertaines pour 2020...

En ces premiers jours de 2020, nous pouvons faire un bilan des deux années qui viennent de s’écouler et constater la très forte dynamique qu’a connu le marché du Consulting dans l’hexagone et sa capacité à maintenir des objectifs ambitieux dans un environnement macroéconomique agité. Pour 2020 les tensions économiques et bancaires devraient rendre le marché plus imprévisible...


Les Chiffres :
Fidèles aux années passées, les chiffres clés du recrutement sur le marché du conseil sont positifs et alignés avec la croissance du secteur qui a quasiment atteint 12 % en 2018 et table à cette heure sur une croissance analogue pour 2019 (chiffres non parus), même si cela nous semble peut-être un peu trop optimiste au regard des derniers échos du marché. Avec un objectif de 4000 emplois nets créés en 2019, le marché table sur les bons résultats des années passées et sur les six années de croissance ininterrompue et un chiffre d’affaires global de plus de 7 milliards d’euros.

Cette tendance positive repose bien évidemment sur les missions « digitales » qui comptent pour près de 40% de l’activité des cabinets de conseil, toutes spécialités confondues.


Qui dit croissance, dit recrutements sous tension !
La croissance du secteur suscite, pour bon nombre de cabinets, la volonté de poursuivre leurs développements et - dans un métier dont l’essence est la prestation intellectuelle - la nécessité d’attirer de nouveaux collaborateurs, tout en fidélisant le plus possible les ressources internes. Cette tension sur le marché de l’emploi suscite une forme de « mercato » où la loi de l’offre et de la demande régule les entrées et les sorties plus encore que par le passé. En effet, force est de constater que les candidats à la mobilité ont les cartes en mains pour choisir les opportunités qui semblent être les mieux alignées avec leurs ambitions, attentes, aspirations. Cette nouvelle donne pour les opérateurs du conseil très prégnante depuis quelques années, confirme sa tendance à se renforcer et oblige les cabinets de conseil à innover dans leur processus de sélection, mais également dans leur parcours d’intégration (onboarding), ainsi que dans leur programme d’évolution de carrière, faute de quoi la concurrence est rude et les insatisfaits ou déçus sauront très vite rebondir et rejoindre un acteur aligné avec ce qu’ils souhaitent ou la trajectoire qu’ils veulent se voir proposer.

Sur un marché où les ambitions de croissance des cabinets reposent sur leur capacité à recruter de nouveaux collaborateurs, on se rapproche sur certains segments d’une forme de surchauffe qui conduit les cabinets de conseil à chercher des solutions alternative à la croissance organique pour tenir leurs objectifs de développement, de parts de marché ou de couverture sectorielle.


Qui dit croissance organique difficile, dit croissance externe démultipliée

Les années passées nous nous étions fait l’écho des différentes opérations de croissance externe qui conduisait les acteurs du conseil à prendre des positions dominantes en opérant des acquisitions, ou rapprochements.

Cette tendance, loin de se calmer, s’est encore accélérée ces deux dernières années et cela même pour des groupes qui avaient opéré des opérations d’envergure, à l’instar de Wavestone qui n’a pas stoppé sa démarche de développement et d’acquisitions, notamment aux USA, où il a renforcé sa présence en acquérant WGroup en juillet dernier, mais aussi en France où il a acquis Métis cabinet spécialisé en supply-chain.

C’est sürement une stratégie analogue qui a motivé le groupe Keyrus à acquérir le cabinet Lynx Conseil, et les associés de 99 Advisory à se rapprocher d’Azzana l’été dernier, après s’être rapprochés de 11 Management en 2016.

Pour autant, toute les opérations ne sont pas fructueuses et certaines restent lettres mortes, cela semble avoir été le cas pour Cognizant et Exton dont la rumeur de fusion a connu quelques rebondissements cet été, avant d’être enterrée (ou reportée) du moins pour l’heure. Gageons que si le marché reste aussi actif que les trimestres passés cette course à la prise de position par voie d’acquisition ne connaitra pas de pause.

Des perspectives plus incertaines pour 2020
La vraie question semble être, comme un écho à d’autres secteurs tel que l’immobilier, la capacité du marché à maintenir un tel niveau de croissance, alors que sur le plan macroéconomique les inquiétudes semblent se renforcer et que les résultats de 2019 seront plus disparates pour les cabinets de conseil. En effet, il apparait dès à présent que certains cabinets publieront des chiffres moins bons que les années passées, comme le prouvent les récents chiffres publiés par les cabinets cotés et notamment les cabinets très présents dans le secteur bancaire  - secteur qui connait une phase de mutation qui paradoxalement suscite un besoin de conseil  pour affiner les projections stratégiques - mais de l’autre un coup de frein sur les missions d’accompagnement opérationnel, missions souvent longues et consommatrices de consultants en nombre.

Dans ce contexte, peut-être moins lisible que les années passées, les acteurs de conseil chercheront à être moins dépendants d’un grand secteur ou d’un grand client et à se diversifier, pour proposer un vaste éventail de prestations, dans une conjoncture globale où le manque de visibilité, mais aussi le manque de connaissances et/ou de recul face à la digitalisation légitiment l’appel aux cabinets de conseil.

Ces questions, pour l’heure sans réponse nous laissent à la fois optimiste quant aux perspectives du marché mais également vigilant quant aux informations et publications qui jalonneront les trimestres à venir.

Quoiqu’il en soit nous vous souhaitons une très bonne année 2020 !

Romain Berne

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Courtoisie d'Exeo Search 2019

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