Les
Indicateurs RH dans le Conseil
Croissance et mouvements soutenus en
2019
comme en 2018. Perspectives beaucoup plus incertaines pour 2020...
En ces premiers jours de 2020, nous
pouvons faire un bilan des deux années qui viennent de
s’écouler et
constater la très forte dynamique qu’a connu le marché du
Consulting
dans l’hexagone et sa capacité à maintenir des objectifs
ambitieux dans
un environnement macroéconomique agité. Pour 2020 les
tensions
économiques et bancaires devraient rendre le marché plus
imprévisible...
Les Chiffres :
Fidèles
aux années passées, les chiffres clés du
recrutement sur le marché du
conseil sont positifs et alignés avec la croissance du secteur
qui a
quasiment atteint 12 % en 2018 et table à cette heure sur une
croissance analogue pour 2019 (chiffres non parus), même si cela
nous
semble peut-être un peu trop optimiste au regard des derniers
échos du
marché. Avec un objectif de 4000 emplois nets
créés en 2019, le marché
table sur les bons résultats des années passées et
sur les six années
de croissance ininterrompue et un chiffre d’affaires global de plus de
7 milliards d’euros.
Cette tendance positive repose bien évidemment sur les missions
«
digitales » qui comptent pour près de 40% de
l’activité des cabinets de
conseil, toutes spécialités confondues.
Qui dit
croissance, dit recrutements sous tension !
La croissance du secteur suscite, pour bon nombre de cabinets, la
volonté de poursuivre leurs développements et - dans un
métier dont
l’essence est la prestation intellectuelle - la nécessité
d’attirer de
nouveaux collaborateurs, tout en fidélisant le plus possible les
ressources internes. Cette tension sur le marché de l’emploi
suscite
une forme de « mercato » où la loi de l’offre et de
la demande régule
les entrées et les sorties plus encore que par le passé.
En effet,
force est de constater que les candidats à la mobilité
ont les cartes
en mains pour choisir les opportunités qui semblent être
les mieux
alignées avec leurs ambitions, attentes, aspirations. Cette
nouvelle
donne pour les opérateurs du conseil très
prégnante depuis quelques
années, confirme sa tendance à se renforcer et oblige les
cabinets de
conseil à innover dans leur processus de sélection, mais
également dans
leur parcours d’intégration (onboarding), ainsi que dans leur
programme
d’évolution de carrière, faute de quoi la concurrence est
rude et les
insatisfaits ou déçus sauront très vite rebondir
et rejoindre un acteur
aligné avec ce qu’ils souhaitent ou la trajectoire qu’ils
veulent se
voir proposer.
Sur un marché où les ambitions de croissance des cabinets
reposent sur
leur capacité à recruter de nouveaux collaborateurs, on
se rapproche
sur certains segments d’une forme de surchauffe qui conduit les
cabinets de conseil à chercher des solutions alternative
à la
croissance organique pour tenir leurs objectifs de
développement, de
parts de marché ou de couverture sectorielle.
Qui dit croissance organique difficile, dit croissance externe
démultipliée
Les années passées nous nous étions fait
l’écho des différentes
opérations de croissance externe qui conduisait les acteurs du
conseil
à prendre des positions dominantes en opérant des
acquisitions, ou
rapprochements.
Cette
tendance, loin de se calmer, s’est encore
accélérée ces deux dernières
années et cela même pour des groupes qui avaient
opéré des opérations
d’envergure, à l’instar de Wavestone qui n’a pas stoppé
sa démarche de
développement et d’acquisitions, notamment aux USA, où il
a renforcé sa
présence en acquérant WGroup en juillet dernier, mais
aussi en France
où il a acquis Métis cabinet spécialisé en
supply-chain.
C’est sürement une stratégie analogue qui a motivé
le groupe Keyrus à
acquérir le cabinet Lynx Conseil, et les associés de 99
Advisory à se
rapprocher d’Azzana l’été dernier, après
s’être rapprochés de 11
Management en 2016.
Pour autant, toute les opérations ne sont pas fructueuses et
certaines
restent lettres mortes, cela semble avoir été le cas pour
Cognizant et
Exton dont la rumeur de fusion a connu quelques rebondissements cet
été, avant d’être enterrée (ou
reportée) du moins pour l’heure. Gageons
que si le marché reste aussi actif que les trimestres
passés cette
course à la prise de position par voie d’acquisition ne
connaitra pas
de pause.
Des perspectives
plus incertaines pour 2020
La
vraie question semble être, comme un écho à
d’autres secteurs tel que
l’immobilier, la capacité du marché à maintenir un
tel niveau de
croissance, alors que sur le plan macroéconomique les
inquiétudes
semblent se renforcer et que les résultats de 2019 seront plus
disparates pour les cabinets de conseil. En effet, il apparait
dès à
présent que certains cabinets publieront des chiffres moins bons
que
les années passées, comme le prouvent les récents
chiffres publiés par
les cabinets cotés et notamment les cabinets très
présents dans le
secteur bancaire - secteur qui connait une phase de mutation qui
paradoxalement suscite un besoin de conseil pour affiner les
projections stratégiques - mais de l’autre un coup de frein sur
les
missions d’accompagnement opérationnel, missions souvent longues
et
consommatrices de consultants en nombre.
Dans ce contexte, peut-être moins lisible que les années
passées, les
acteurs de conseil chercheront à être moins
dépendants d’un grand
secteur ou d’un grand client et à se diversifier, pour proposer
un
vaste éventail de prestations, dans une conjoncture globale
où le
manque de visibilité, mais aussi le manque de connaissances
et/ou de
recul face à la digitalisation légitiment l’appel aux
cabinets de
conseil.
Ces questions, pour l’heure sans réponse nous laissent à
la fois
optimiste quant aux perspectives du marché mais également
vigilant
quant aux informations et publications qui jalonneront les trimestres
à
venir.
Quoiqu’il en soit nous vous souhaitons une très bonne
année 2020 !
Romain Berne
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