Federal November 2004 Dossier spécial Conference Feaco - Sesma 2004 à Athènes Interview: Janko Arah, Président de l'AMCOS AMCOS,
l'Association des Consultants en Management de Slovenie était
l'organisatrice en 2003 de la conférence annuelle de la FEACO
à Lubljiana. Un an plus tard la conférence
d'Athènes était le moment idéal pour revoir Janko
Arah, le Président de l' AMCOS afin d'évaluer avec lui
l'impact de la conférence précédente
Monsieur Arah vous êtes le fondateur de Arah Consulting et le Président de Association des Consultants en Management Slovènes, l’AMCOS. L’an dernier vous avez accueilli la conférence annuelle de la FEACO à Lublijana sous le titre « Local meets Global ». Que peut-on dire un an plus tard du développement du secteur Conseil en Management en Slovénie et de la coopération avec les acteurs internationaux (Global Players)? Janko Arah: La première chose qui me vient à l’esprit c’est que c’était vraiment le bon moment pour organiser la conférence de la FEACO en Slovénie car nous étions juste un an avant que la Slovénie ne rejoigne l’Union Européenne le 1er mai 2004. Nous avons été très honorés d’organiser la conférence annuelle de la FEACO, ce qui nous a donné l’opportunité d’évaluer le Conseil en Management en Slovènie et en Europe et de renforcer notre position aux côtés de nos voisins: l’Autiche, l’Allemagne, la Hongrie. L’impact en a été que le Conseil en Management n’a pas cessé de croître depuis lors, et ce de façons les plus diverses: en terme de nombre de cabinets et en terme de croissance du Chiffre d’Affaires global. Comment cela se peut-il qu’un congrès de seulement quelque centaines de personnes ait eu un impact si important? Janko Arah: Pour la Sovénie ce fut important. Le Conseil en Management est bien mieux accepté maintennat par les media, les PME et les PMI. Le congrès a permis de montrer ce qu’était la stratégie, les consultants et mis en valeur les divers projets en cours. D’un autre côté la croissance du nombre de consultants et du nombre de cabinets a eu un effet inverse : nous avons subit une pression sur les honoraires qui se sont réduits de 10 % pour la première fois. D’autre part tout cela a aussi contribué à une pression sur la qualité et à une demande de la part des entreprises pour le recourt aux meilleurs consultants du marché, ce qui est excellent pour le développement des affaires Avez-vous au passage engrangé les liens avec les acteurs internationaux que vous espériez? Janko Arah: Nous avons à cette occasion pu présenter les projets de management que nous avons avec d’autres pays. Les relations ont ainsi pu être renforcées ce qui a conduit à de nouveaux projets comme par exemple dans le cas de la Hollande. Quelques allemands ont par ailleurs noué des relations. Même si tout cela ne pouvait être conclu sur le champ ça devrait conduire à des accords pour l’avenir. Les gens nous connaissent mieux maintenant et connaisent notre liste des sociétés de conseil. Ceci dit les choses doivent être conclues sur une base pragmatique, ce qui généralement prend du temps. Comment définissez vous la Slovénie et les cabinets slovènes ? Comme une opportunité? Janko Arah: La Slovénie est une puissance économique restreinte. Toutefois celui qui souhaite y établir des affaires peut mettre à profit notre connaissance des nombreuses langues d’Europe de l’Est, du système juridique local, de notre régime fiscal, de notre environnement et de notre histoire. Ensuite dans le cas des provinces les plus développées de l’ancienne Yougoslavie (Serbie, Monténégro...) la Slovénie apparaît comme particulièrement attractive pour les firmes multinationales qui souhaitent y faire des affaires sous les auspices slovènes sans prendre pour autant trop de risques en investissant dans ces territoires. Avoir des gens très compétents et être bien acceptés dans la région nous permet au bout du compte d’être un excellent porte-avions dans les Balkans. Cela signifie-t-il que vous seriez la destination d’Offshoring par excellence? Janko Arah: Malheureusement non. Nous avons su attirer de grandes compagnies comme Adventis, Renault, L’Oréal... en raison du talent de nos employés et comme je le disais de par notre position stratégique dans les Balkans. Mais la Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie et la Hongrie présentent de meilleurs opportunités grâce à des troupes plus nombreuses et dont les salaires sont inférieurs.Les salaires slovènes sont conséquents et notre économie très structurée, aussi nous avons une bonne productivité mais cela a un coût. La plupart des externaliseurs souhaitent minimiser le coût et pour ce faire louent des mètre carrés là où ce n’est pas cher puis font venir de jeunes talents en provenance d’autres pays européens. C’est ainsi que les Big 5 ont outsourcé leurs services en Hongrie, en Pologne, en Tchéquie mais assez peu en Slovénie. J’ai interpelé mes confrères slovènes sur ce sujet l’an dernier. Leur réponse a été unanime, le conseil en management n’outsource pas en Slovénie. Aussi il faut définitivement nous considérer comme un porte-avion permettant d’agir dans les autres pays balkaniques. Oui mais il existe aussi un autre porte-avion dans la zone balkanique, la Grèce, qui a un remarquble vaisseau encré en Méditerranée. Comment vous comparez-vous à l’Etat héllenique? Janko Arah: D’une certaine manière la Grèce fait figure de challenger, tout particulièrement parce qu’elle est déjà un membre ancien de l’Union Européenne et que de plus elle a de nombreuses ressources. La Grèce a développé de nombreuses activités de Conseil en Management dans les Balkans , voire même en Slovénie et je n’ai pas souvenir d’une activité slovène en Grèce. Toutefois les grècques sont très intéressés par des projets communs dans les Pays de l’Est tels que le Kasakstan, le Tadjikistan, l’Ukraine où nous pouvons opérer facilement et de par le fait que pour ces pays, l’Union Européenne est portée à donner son support. Les Grècques ont d’excellentes relations à Bruxelles leur permettant de verrouiller les budgets. Nous avons discuté de tout cela hier après ma présentation et j’ai décidé d’en informer mes membres afin que nous puissions rapidement mettre sur pieds des projets et obtenir des résultats concrets avec les sociétés de conseils grècques dés la fin de cette conférence et monter des Start-Up pour ce faire. Nous avons entendu dire que dans les faits, ce n’était pas si facile pour les sociétés grècques d’agir directement en Europe de l’Est. Que dire de la Russie, un pays que vous connaissez personnellement bien? Janko Arah: C’est un vaste pays. Il ya en Russie près de 400 sociétés de Conseil en Management et près de 7000 consultants. Mais il existe divers niveaux auquels le conseil est prêté. Nous avons en Russie deux villes principales, Moscou et Saint Petersbourg et.. le reste. Si vous voulez faire des affaires vous devez considérer Moscou. Et c’est ce que l’on a fait !.. Tous les grands acteurs du conseil y sont car là se trouvent les grands investisseurs internationaux occidentaux, pricipalement allemands. Cela a commencé il y a 10 ans. Le marché potentiel est énorme mais il n’est pas si facile que cela car la philosophie des dirigeants d’entreprises russes actuels est qu’il ont appris leur «boulot sur le tas» et que par conséquent «il savent tout mieux», ce qui ne rend pas le conseil aisé. Quand avez-vous décidé d’entrer sur ce difficile marché des Pays de l’Est? Janko Arah: En mars 1998 lorsque nous avons présenté notre livre sur l’Unions Européenne à la Douma (Chambre basse du Parlement Russe). Ce livre a été écrit par Metka Arah mon épouse, Docteur en Sciences Politiques et en Relations Internationales. La présentation du livre était un investissement en terme d’image pour l’activité du cabinet Arah Consulting. Dans la droite ligne philosophique de ma société nous avons commencé par le Système Qualité. Tout cela a ainsi débuté en 1991 et le livre écrit en slovène a été publié pour la première fois en avril 1995. Il fut présenté en décembre 1995 en Croatie puis traduit en russe en 1998. A cette époque nous souhaitions montrer ce qu’était une approche de l’extérieur (mon épouse a une thèse scientifique) et sur la base de la qulité de l’ouvrage nous souhaitions montrer la qualité du système. Nous en avons vendu 5000 ouvrages en Russie en 3 mois. La présentation à la Douma était totalement privée mais nous avons pu bénéficier d’un agréable discours d’introduction de la part d’un parlementaire. En Russie ils ne souhaitaient pas distribuer l’ouvrage dans les règles de l’art aussi nous avons dû quelque peu passer au dessus de cela, ce qui est assez caractéristique des limites imposées au conseil sur les nouveaux projets. Toutefois, tout cela a été plutôt bien reçu et l’Académie des Sciences Russe nous a même invité à faire une présentation. Cette année vous avez présenté à Athènes des chiffres synthétisant les marchés du conseil en Europe de l’Est. D’autres congressistes ont présenté par ailleurs des rapports sur l’Est et l’Asie. Pour conclure cette entrevue que vous vient-il à l’esprit lorsque vous rempensez à tous ces graphiques? Janko Arah: Pour commercer par ma propre présentation des marchés de l’Est je dirai que ce fut un challenge tout particulier pour moi d’arriver personnellement en Grèce au terme d’un périple qui a duré 6 mois et qui m’a vu visiter des consultants à Budapest, Prague, Helsinki ainsi que dans les nouveaux Etats membres de l’Unions Européenne tels que l’Estonie, la Létonie, la Lituanie etc... et au final présenter mes diagrammes à Athènes. Pour ce qui est des autres intervenants ayant parlé du développement du Conseil en Managemlent en Europe et dans le monde (T.Smith, Matt Lyons, KK Yeung de Hong Kong) je retiendrai qu’ils ont su mettre en avant l’externalisation des activités non centrales aux Cabinets Conseil des pays de l’Ouest vers les pays de l’Europe centrale et vers la Chine, avec pour conséquence une nouvelle structuration du Conseil en Management et en particulier comme cela a été clairement démontré une nouvelle structure pyramidale ressemblant de plus en plus à un diamant qui montre à l’évidence que des activités qui étaient auparavant des piliers du conseil sont maintenant "outsourcées". L’autre conséquence de cette nouvelle situation est que la demande se concentre maintenant sur le recrutement de consultants en management choisis parmi les plus expérimentés du marché au détriment de la strate du bas (juniors et activités support). C’est ainsi qu’on assiste à une réduction des équipes dans les sociétés de conseil et que pour l’Europe dans son ensemble une part des 300 000 consultants risque d’être "outsourcée", ce qui explique d’une certaine manière les sureffectifs qui ont été rencontrés récemment. Un autre phénomène est qu’en "outsourçant" les activités on "outsource" aussi les consultants qui vont avec. Aussi, au final les consultants les plus faibles risquent bien de disparaître. Propos recueillis par Bertrand Villeret ConsultingNewsLine Athènes, Astir Palace de Vouliagmeni, le 22 October 2004 |
Janko Arah
President AMCOS |
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