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26 nov 2022

PNF
Copyright : Krystell Fresneau pour ConsultingNewsLine 2022


McKinsey et E. Macron dans l'oeil du parquet Financier 
Le Parquet National Financier vient de lancer une enquête sur les comptes de campagne du candidat Emmanuel Macron lors des présidentielles 2017 et 2022 et leur possible lien avec les passages de marchés contestables entre l'Etat et le cabinet américain McKinsey pour des sommes mirobolantes dans l'aval des dites campagnes

Selon Le Parisien du 24 novembre * une "information judiciaire" aurait été ouverte le 20 octobre 2022 pour des "soupçons de financement illégal des campagnes électorales" d’Emmanuel Macron en 2017 et 2022. Les investigations viseraient les liens entre le candidat et le cabinet de conseil américain McKinsey & Co. Elles s’intéresseraient tout particulièrement aux conditions d’attributions des juteux contrats publics passés depuis lors, d'où une seconde information judiciaire aux chefs de "favoritisme et recel de favoritisme" ouverte le 21 octobre. Toujours selon nos confrères le PNF aurait précisé avoir été destinataire de signalements et de plaintes émanant d’élus, de particuliers et d’associations. Trois juges d’instruction auraient été désignés dont Serge Tournaire, actuellement doyen du pôle financier au tribunal judiciaire de Paris, en charge par le passé des affaires Sarkozy et Fillon.

Dans cette affaire il faut comprendre que ce qui pourrait bien être reproché à l'atuel chef de l'Etat (qui reste rappelons le "non justiciable" de par son statut) serait d'une part d'avoir reçu un appui technique de la part du cabinet McKinsey pendant ses campagnes - ce qui a un coû,t lequel n'aurait pas été intégré aux comptes de campagne (d'où l'illégalité du financement de la campagne, voire la dissimulation d'une partie de ce financement) - et ensuite une illégale rétribution différée du service rendu par le passage de contrats où McKinsey aurait été "plus égal" que d'autres (d'où les termes de favoritisme et recel de favoritisme, le favoritisme profitant au cabinet, le recel au candidat).

Cette enquête qui n'en est qu'à ses début fait suite à la plainte déposée au titre de l'article 40 par la commission d'enquête du Sénat au printemps dernier après constat de dépositions mensongères sous serment par la direction de McKinsey France concernant son statut fiscal. Nous avons ainsi reçu le 24 nov 2022 une note des sénateurs Bazin et Assassi, respectivement président et rapporteur de l'enquête sénatoriale, qui rappelle notamment que les résultats de la commission d’enquête du Sénat font état de "dépenses de l’État en cabinets de conseil [qui] ont plus que doublé entre 2018 et 2021, pour dépasser le milliard d’euros", et qui déplore que " le cabinet McKinsey n’a pas payé d’impôts sur les sociétés pendant au moins 10 ans ", période dont il est clair qu'elle couvre celle où Emmanuel Macron était Ministre de l'Economie !...

Toujours selon Arnaud Bazin et Héliane Assassi," Toutes ces affaires ont un point commun : le manque de transparence de  l’État dans ses relations avec les cabinets de conseil, qui jouent pourtant un rôle déterminant dans les politiques publiques". et de rappeler "Le 18 octobre dernier, le Sénat a voté à l’unanimité une proposition de loi pour en finir avec toute cette opacité". L’État aurait par exemple  "l’obligation de publier la liste de ses cabinets de conseil et aurait l’interdiction de recourir à des prestations gratuites (pro bono), ce qui n’est pas le cas aujourd’hui". Enfin les sénateurs de déplorer vivement qu'en dépit de ce vote, "le Gouvernement n’ait pas souhaité inscrire ce texte à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale". Un manquement qui en dit long sur la dérive démocratique actuelle.

Opacité, dissimulation, blocage, on reconnait bien là la marque de fabrique de l'étrange système "dictatocratique" macronien illustré par la gestion totalitaire de la crise du covid.

S'agissant de possible dissimulation, rappellons qu'Emmanuel Macron est toujours à devoir quelques explications concernant son patrimoine déclaré pour les campagnes de 2017 et 2022, comme en son temps ConsultingNewsLine l'avait fait observer. Informé par nos soins du lancement d'une procédure par le PNF, Serge Grass de l'association U3C, qui avait interpellé la HATVP et le PNF en 2017 concernant le patrimoine d'Emmanuel Macron, nous a indiqué pour l'enquête dévoilée dans la presse : " L'axe de la procédure est bien présenté, mais je regrette que l'aspect des fausses déclarations de patrimoines et d'intérêts ne soient toujours pas abordé. Là les preuves existent" et n'ont pas à être recherchées par le PNF qui a eu les pièces dès 2017. Et de nous préciser son inquiétude concernant le rôle effectif du PNF : "Est-ce que cette enquête a pour objet de faire connaître la vérité et d’engager des poursuites adaptées, ou a t'elle pour mission d’émettre un bilan "blanchissant Macron" pour lui permettre une dissolution victorieuse [de l'Assemblée nationale] ? Je m’interroge lorsque je sais que le PNF a refusé d’enquêter sur les déclarations de patrimoine de Macron, notoirement sous évaluées" !

Alors que le Garde des Sceaux est sous le coup d'une mise en examen, la justice se serait-elle enfin remise "en marche" ou ne pourrait-il s'agir "en même temps" que d'un simple étouffement organisé, d'une simple mise en scène ?

Bertrand Villeret,
Rédacteur en chef
ConsultingNewsLne



Pour info :

*https://www.leparisien.fr/faits-divers/affaire-mckinsey-une-enquete-judiciaire...
 
https://www.lefigaro.fr/politique/affaire-mckinsey-enquete-ouverte...

U3C
http://u3c.free.fr


Image :
Le Tribunal de Paris. Un bâtiment transparent pour une justice qui l'est parfois moins... Le Parquet National Financier occupe le 20ème étage de cet imposant édifice signé Renzo Piano.








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