Carnets de voyage
Juillet-août 2007
Le Dossier Pouchkine
Pouchkine
par Jean-François Pré


Paris, dans un futur proche.

Je m’appelle Fléance Morgane. Comme la fée ou la
voiture. Mais qui se souvient encore de cette voiture ? Les
collectionneurs ou ceux qui rêvent de l’être, comme moi.
La route promet d’être longue avant que je puisse m’en
procurer une ! J’exerce en effet l’honorable profession de
journaliste hippique, qui n’a jamais eu la réputation
d’enrichir quiconque… si ce n’est les marchands de papier.
La fonction de journaliste hippique ou sa résultante –
le pronostic – reste cependant un des rares métiers qui
échappe au verdict sans surprise de l’ordinateur.
Merci la glorieuse incertitude du sport !
L’aventure que je vais vous narrer et qui est mienne (je
me serais bien passé de cette paternité !) ne débute toutefois
pas sur un hippodrome, mais dans un stade de
football. Pas si bizarre… sachant que le stade en question
est celui de Chantilly, haut lieu de culture et de tradition
hippique. C’est effectivement la Cité des Condés qui héberge
l’équipe de Russie pour la Coupe du Monde. Celle-ci
bat son plein depuis la mi-juillet et la finale aura lieu
demain dimanche à Paris, au stade de France.
Il est d’ailleurs très rare de voir une même capitale organiser
deux fois cette grande fête sportive, à moins de
vingt ans d’intervalle.
Vous l’avez deviné, l’affrontement décisif oppose la
Russie à la France dont le terrain d’entraînement (Clairefontaine)
n’a pas changé depuis sa victoire mythique de
1998. Championne d’Europe deux ans plus tard, la France
du ballon rond a ensuite traversé un long tunnel dont Zidane
aurait pu la sortir en 2006, sans son fameux « coup
de boule ».
Nous revoici donc sur le devant de la scène.
Pour sa part, la Russie n’a pas été tellement plus brillante.
Elle doit son ascension au génie d’un seul homme :
Vassili Pouchkine. Dans un sport collectif, il s’agit là d’un
fait unique, mais Pouchkine est un buteur hors du commun.
Toute l’équipe s’articule autour de lui. Il suffit de lui
passer les bonnes balles et de mettre en place une défense
musclée. Comme ils le prouvèrent face à Napoléon et plus
tard à Stalingrad, les Russes ne sont pas en reste, côté défense.
Toutefois, l’absence d’une attaque percutante les
faisait stagner dans les classements internationaux, jusqu’à
l’arrivée de Pouchkine. Tous les buts qui ont assuré la
qualification de son pays pour cette finale lui sont redevables.
Les autres joueurs ne sont que des pions ; au mieux
des faire-valoir !
L’équipe de France est nettement plus homogène. Sans
dépressions ni sommets ; rien que du linéaire. Portée par
un ouragan cocardier, elle a laborieusement gravi les échelons
de la gloire. La voici dans la ligne droite, telle une
énorme machine que nul ne peut détourner de son chemin.
Personne… sauf un homme : Vassili Pouchkine.
Seul contre onze...

Car vous pensez bien que les nôtres ne vont pas le laisser
dribbler tranquille ! En tout cas, le spectacle
qu’enfantera ce combat promet d’être grandiose. Nous
verrons à la fois, le soliste et l’orchestre… ce qui est très
rare au foot. En dépit de l’heure matinale, il fait chaud et lourd.
Pourtant, sur ce petit stade de banlieue mieux gardé que
l’Elysée, on est loin de la tension qui électrise l’arène. Les
Russes s’entraînent en toute décontraction, cherchant vainement
une bouffée de rosée dans l’atmosphère pesante.


Jean-François Pré
Le dossier Pouchkine
Editions Publibook, Paris 2007


>>>>>   extrait n°4


Copyright Jean-François Pré 2007
pour  ConsultingNewsLine
Extraits du Dossier Pouchkine :
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