Profession Consultant
Sept-Oct 2005  

Dossier spécial:  Intelligence Economique

Interview: Olivier Darrason
Président du cabinet CEIS
Olivier Darrason, ancien Sous-Prefet, ancien Chef de Cabinet de François Léotard au Ministère de la Culture et Député  des Bouches du Rhône, ancien Secrétaire général de SVP, et à ce titre un des grands spécialistes de l’information économique, a créé la Compagnie Européenne d’Intelligence Stratégique (CEIS), société spécialisée dans les domaines de souveraineté nationale. Avec près de 30 consultants cette structure située Boulevard St Germain à deux pas du Palais Bourbon est devenue en quelques années un des plus grands acteurs du domaine

Olivier Darrason  vous êtes le Président de CEIS, un cabinet spécialisé en Intelligence Stratégique qui en quelques années s’est taillé une solide réputation sur la place de Paris. Pouvez-vous nous préciser ce qu’est CEIS et revenir sur les débuts du cabinet

Olivier Darrason : CEIS est une société d’Intelligence Stratégique spécialisée dans les Industries de Souveraineté : Aéronautique, Spatial, Défense, Energie, Telecom, Nouvelles Technologies, Pharma-Biotech, Alimentaire, Luxe... Nos clients sont des grandes entreprises à 90% et des institutions. On fait peu avec les PME. La société est certifiée ISO 9001 et est membre de Syntec Conseil en Management. Nous sommes structurés en 6 pôles d’activités autour d’un Directeur général, Pierre Conesa et notre savoir-faire c’est essentiellement l’Intelligence Stratégique. On se positionne ainsi sur la stratégie à travers la Gestion de Risques. On est donc assez peu C’est donc sur ces domaines que nous sommes présents en IE (Intelligence Economique).  Crée en 1997, il y a maintenant 8 ans, CEIS a récemment développé avec l’ADIT (Agence pour la Diffusion de l’Information Technologique, société d’Etat à 100%) une filiale : F2I (France Intelligence Innovation), spécialisée en Intelligence Economique Territoriale et dont la mission est d’apporter un soutien aux Pôles de Compétitivité actuellement en cours de développement. Nous avons aussi une filiale d'édition de logiciels de recherche et de traitement de l'information: CEIS Technologies. Toutes activités confondues nous comptons aujourd’hui une trentaine de 30 de personnes à temps plein.


Justement ces consultants passent pour avoir des profils très éclectiques. Qu’en est-il?

Olivier Darrason : Nous avons en effet créé un cabinet de consultants avec une grande diversité de cultures et de profils : des économistes, des énarques, des St Cyriens, des physiciens, des pharmaciens, des biologistes, des informaticiens... et quelques journalistes...


Comment se structure l’offre du cabinet?

Olivier Darrason : Sans prétendre à l’exhaustivité je dirai : Risques d’Image, Etudes de Marchés, Due Diligence, Recherche d’Opportunités et de Partenariats pour les appels d’offres (afin d’accroître l’avantage compétitif de l’offre), Positionnement Stratégique, où là nous avons un réseau mondial de spécialistes en concurrence avec les autres acteurs d’IE.presque avec l’ADIT... Mais comme je l’ai déjà indiqué nous ne faisons pas d’Intelligence Economique.


On imagine que la plupart des missions réalisées restent confidentielles, mais peut-on néanmoins esquisser les types de missions et de clients faisant appel à vos services?

Olivier Darrason : Certaines missions sont sur appel d’offre public et je peux donc les citee ; pour le reste il n’est possible de que donner le type de mission. Ainsi nous avons accompagné le Changement dans le cadre de la Réforme de la DGA (Délégation Générale à l’Armement), dossier important pour le Ministère de la Défense. Nous avons aussi réalisé une Etude des Technologies Critiques pour les Ministères delIndustrie, de la Recherche et de la Défense. Par ailleurs nous avons conduit un Benchmark sur des technologies énergétiques, ainsi que des études économique dans le cadre de la dérégulation des marchés de l’Energie, de l’IE Territorial, de l’audit de sécurité de l’information et du patrimoine technologique.


Quels sont les grands principes qui sous-tendent l’activité que vous proposez et que vous venez de nous décrire. Quelles limites aussi?
 
Olivier Darrason : En règle générale on ne travaille que pour des sociétés françaises, ou européennes s’il n’y a pas conflit d’intérêt avec une entreprise française. Et l’on s’interdit de travailler contre une société française ce qui fait que lorsqu’il existe des concurrences on ne fait pas de «franco-français». Ce sont des choix éthiques. Notre approche est basée sur l’asymétrie. On regarde les problèmes non pas sous un angle logique mais analogique, ou «alogique» : déstabilisation des entreprises, transferts de savoir-faire...


Ceci a conduit à une autorité reconnue pour votre cabinet. Quels sont les diverses instances et publications  où vous êtes présents?

Olivier Darrason : Nous participons par exemple aux Etats Généraux du Développement Durable (séminaires privés). Sous l’autorité de  parlementaires, comme par exemple Nathalie Kosiusko-Morizet, nous y mettons  « en débat » les acteurs du domaine : Agro-alimentaire, Industrie, Pharmacie... Nous y animons les débats. L’an dernier ces Etats Généraux étaient présidés par Edgard Morin, sociologue bien connu.Nous sommes aussi    présents à l’Université d’Eté de la Défense, une instance qui réuni chaque année  Ministre,et Chefs d’Etat-major, Think Tank et Industriels. Enfin, nous participons à des salons technologiques tel que  «Milipol» par exemple.


Il n’est pas de meilleur observateur qu’un spécialiste de l’Intelligence. Ne dit-on pas que les services secrets français sont les meilleurs au monde. Aussi, quelle perception avez-vous de votre propre marché, et du marché de l’Intelligence Economique en général?

Olivier Darrason : Les «services»  français sont en effet parmi les meilleurs au monde mais ils ne sont pas destinés aux entreprises. Aussi pour cette activité tournée vers le marché, et que nous représentons, je dirai que l’on observe une trentaine d’acteurs, dont de nombreux petits cabinets, souvent très compétents  sur une tendance que je qualifierai de normale, au sens où il n’y a pas de sous-consommation par les entreprise françaises.C’est un un marché vivace et en croissance. Il est loin d’être atone, même si ce n’est pas un marché « à la chinoise ». En tous cas il n’est pas «flat».


Mais les entreprises françaises n’ont-elles pas tendance à gérer leur Intelligence Economique en interne? Peut-être trouve-t-on là une raison pour l’Etat à inciter les entreprises à sortir de leur «coquille» et au delà de la Veille, à jouer des jeux d’«influence»?

Olivier Darrason : Les entreprises ont tendance à avoir leur propre dispositif stratégique, mais elles ont besoin d’un Benchmark. Là, il est possible de faire des offres attrayantes. Je ne suis pas un zélateur d’une spécificité de l’IE mais il convient d’en bien comprendre les diverses strates. Il existe un intérêt pour l’IE au niveau de l’Etat français, comme on le voit aussi aux USA. Là, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs nationaux pour ce qui est identifié comme faisant partie des priorités nationales. Là, c’est la sphère d’intérêt de la stratégie «France» : Tel est le sens de l’expression de «Patriotisme Economique» employée par le Premier Ministre. C’est précisément l’objet de la mission d’Alain Juillet, en tant que Haut Fonctionnaire de l’Intelligence Economique, rattaché organiquement au SGDN. Et ensuite il y a l’intérêt des entreprises françaises, ce qui est autre chose, et là, il est fait appel au conseil en Intelligence quelle soit  Stratégique ou Economique : C’est à ce titre d’ailleurs que l’on a développé un Département «Affaires Publiques» avec des spécialistes de l’influence et de la contre influence, du Lobbying diraient certains. Mon expérience de législateur m’a amené à bien connaître cela et nous nous sommes attaché la collaboration d’ancien collaborateurs ministériels, sans parti pris politique, et qui viennent de gauche comme de droite. C’est un débat  intéressant…et surtout très fructueux !


Pour conclure, si l’on devait esquisser les tendances nouvelles pour votre cabinet quelles seraient-elles?

Olivier Darrason : On est parti des activités de Défense en 97 et l’on s’est progressivement orienté vers l’IE Territorial, avec au passage la création de F2I.. En même temps nous avons développé les aspects «Techno» avec la création de «CEIS Technologies» et plus récemment le rattachement de la formidable marque «Innovation 128», entreprise spécialisée dans la veille technologique dont l’un des principaux fondateurs nous a rejoints. Aussi maintenant je dirai que l’on accélère à l’International et sur les Technologies, notamment de recherche et de traitement d’info en relation avec les Pôles de Compétitivité. Là, on est à la croisée de l’International et des considérations de «Localisation». La question posée à laquelle les pôles tentent de répondre c’est «comment rester sur place?», en terme d’entreprises, de savoir-faire et de compétences? c'est en fait répondre à la question : "Comment  lutter contre les délocalisations"?  Les pôles sont des initiatives locales, donc à priori des entités qui ne sont pas dans la mouvance de l’Etat.. Aujourd’hui cela avance énormément, et le Ministre de l'intérieur vient, moins de deux mois après le dépôt par les pôles des statuts de gouvernance, de tenir le premier congrès de l’ensemble des pôles !.. Certes, l’idée n’est pas nouvelle, il n’est de que voir Sophia Antipolis ou Clemont-Ferrand avec Michelin. Mais avant il y avait sédimentation alors qu’aujourd’hui le Challenge c’est de voir la sphère publique être fertilisée par la sphère privée. Les Technopôles vont devenir des Pôles, plus innervés, plus indépendants et plus internationaux : c’est bien là que l’Intelligence Stratégique peut donner toute sa puissance et sa signification !

Propos recueillis par Bertrand Villeret
Rédacteur en chef, ConsultingNewsLine



Pour Info:
www.ceis-strat.com


Whoswoo:
Olivier Darrason



Copyright Quantorg  2005
pour ConsultingNewsLine
All rights reserved
Reproduction interdite







OD









































































































































































Crédit photo:
Courtoisie CEIS
Reproduction interdite


Convergeonline