Edito Janvier 2004

Etudes sur le Conseil
31 Août 2004

Rapport FEACO 2003

Léger retour à la croissance du conseil en Europe en 2003 malgré un fort recul de la France
Le rapport FEACO qui vient de sortir confirme un fort recul du conseil en France en 2003 (-10%) de même que pour la Suisse et les pays nordiques. Toutefois la moyenne européenne redevient positive (+3,5%°) et laisse augurer d’une reprise. Malgré cette embellie le rapport incite à la prudence dans le cas de la France dont il stigmatise le recul économique. La décentralisation et l’Europe arriveront-elles à lancer les réformes structurelles dont l’hexagone a tant besoin ?

Retour à une légère croissance du secteur conseil en Europe en 2003 ! C’est en effet l’un des résultats majeur du rapport que la FEACO a sorti en août 2004. Une tendance intéressante, même si pour cette même année la France est par contre en net recul. Ainsi en 2003 la croissance du conseil en Europe a été de +3,5% par rapport à 2002 et se traduit par un CA européen de 47,5 Milliards d’Euros, soit sensiblement le niveau d’activité atteint en 2001 au début du repli. Autre point positif le nombre de sociétés de conseil qui avait pour des raisons de disparition et de consolidation été en net recul en 2002, remonte en 2003. Pareillement le nombre de consultants est en augmentation alors qu’il stagnait depuis 2001. Aussi c’est vraisemblablement un « retour à la normale » auquel on assiste, même si les niveaux d’honoraires à la baisse risquent eux de ne pas vraiment revenir. Il convient cependant de rester circonspect pour la France qui en 2003 s’est enfoncée avec - 10% de CA, fermant ainsi avec les pays nordiques la queue du peloton européen. S’agissant de la ventilation des activités principales pour 2003, le conseil et l’implémentation des technologies de l’information arrivent largement en tête (28,1%) mais sont en recul constant depuis 2001. La Stratégie qui était pour l’ensemble de l’Europe le second poste d’activité du secteur continue son repli (17,4%) et se trouve depuis 2002 derrière le Management opérationnel (26,9%) qui s’est définitivement installé en seconde position, même s’il commence peut-être à accuser un léger tassement. Le quatrième poste d’activité des consultants est celui des Externalisations (17,4%) qui n’en finissent pas de grimper tandis que la cinquième place revient aux Ressources Humaines (17,4%) qui loin d’être une activité minoritaire voient leur part augmenter de près de +50% en 3 ans ! Pour ce qui est de la performance individuelle des divers pays européens, force est de constater une fois de plus des écarts importants et des variations d’une grande hétérogénéité. Ainsi le Royaume Uni est et reste le « grand pays du conseil » avec 14,8 Milliards d’Euro engrangés, soit près de 1% de son PIB. Un Royaume Uni qui n’a pratiquement pas subit de crise du conseil ces trois dernières années au cours desquelles il a régulièrement affiché une croissance, même si les grands cabinets y ont tout de même eût tendance à réduire leur Staff. Légèrement derrière (assez loin en fait si l’on rapporte le CA au PIB) on trouve l’Allemagne (13,1 MdE) qui stagne quelque peu depuis trois ans en raison notamment du repli industriel outre-Rhin et de sréformes de l’Etat qui n’en finissent pas de s’enliser pour certaines. Dans ce tableau la France avec 5,6 Milliards d’Euros conserve sa troisième place mais fait figure à la fois de « mauvais élève », avec un CA moitié moindre que celui de chacun de ses prédécesseurs, et de lanterne rouge de la croissance avec un recul pour la deuxième année consécutive (-5% en 2002, -10% en 2003). Parmi les autres pays européens, à noter l’Espagne qui continue inlassablement son ascension et qui s’est jusqu'à présent joué de la crise ; d’autre part, et tout au contraire, le recul de pays traditionnellement performants, mais qui depuis deux ans semblent souffrir, tels l’Italie (-2,5%), les Pays bas (-3%), la Belgique (-4,5%), la Suisse (-8,5%) et les Pays Nordiques (-11,5%). A noter enfin que si le Royaume Uni a enclenché un cycle vertueux (+13%) la palme de la croissance revient aux Pays de l’Est (+14%) toutes nations confondues !...

	2001	2002	2003
CA	47,5 MdE	46,5 MdE	47,5 MdE
Variation	+ 11,5%	- 2%	+3,5%
Nb de cabinets	60 000	57 000	58 000
Nb de consultants	300 000	300 000	310 000
(100%)	1 IT (32,2%) 2 Strat (25,8%) 3 Mgt opé(23,1%) 4 Extern (12,4%) 5 RH (4,5%)	1 IT (28,5%) 2 Mgt opé(28,2%) 3 Strat (19,9%) 4 Extern (12,6%) 5 RH (10,7%)	1 IT (28,1%) 2 Mgt opé(26,9%) 3 Strat(17,4,%) 4 Extern (17,4%) 5 RH (10,2%)
Classement des Pays principaux (Milliards d’Euros)	1 UK, et All (12,9) 3 F (6,3) 4 Pays Bas et Espagne (2, 4)	1 UK (13,6) 2 All (13) 3 F (6,2) 4 Espagne (2,4) 5 Italie (2, 2)	1 UK (14,8) 2 All (13,1) 3 F (5,6) 4 Espagne (2,6) 5 Italie (2, 0)

Source : FEACO Bruxelles 2004

Le cas de la France
Selon les termes même du rapport Feaco, l’année 2003 a été caractérisée en France par une absence de reprise économique et de difficiles perspectives ayant conduit à des vagues de réductions des coûts et des coupes budgétaires dans l’administration centrale. Des prises de décision retardées, une mise en concurrence systématique ainsi qu’une pression sur les honoraires ont très clairement marqué la relation client-fournisseur. Le domaine qui a de toute évidence gagné en importance est celui du Management Opérationnel et de l’externalisation des activités principales (Business Process Outsourcig). La demande pour les services en stratégie a contre très clairement diminuée. Dans le secteur industriel (dont le précédent rapport esquissait le déclin), seul un regain de demande du secteur des télécoms a été observé, résultant d’un rétablissement de ce secteur durement touché après 2001. De manière exceptionnelle, le secteur bancaire qui a toujours été moteur a subit un ralentissement du fait du gèle budgétaire et des programmes de réduction des coûts dans les banques de détail. Dans l’ensemble il a été observé une chute du nombre de projets et les grands projets informatiques semblent avoir disparu. La demande parait s’être divisée entre le recours à des cabinets proposants des consultants très qualifiés et ceux proposant des effectifs. Pour 2004 une embellie est attendue pour la fin de l’année, avec une croissance qui pourrait atteindre +6% sur l’ensemble de l’exercice. Le management opérationnel y est supposé croître encore, alors que l’intégration de système devrait être plutôt en déclin. Conséquence des nouvelles régulations du type Bâle II et du retour à la profitabilité il est attendu un regain de la demande de la part du secteur bancaire ainsi que des institutions résultant de la décentralisation.

Les chiffres pour la France sont les suivants :

	2001	2002	2003
Marché (Md Euros)	6,300	6,230	5,600
Croissance	+ 15%	-1% (-5%)	-10%
Nb de firmes	(à vérifier)	6200	5600
Nb consultants	40 000	40 000	32 000

Source: Feaco Bruxelles 2004


Les tendances pour le conseil en Europe

Nous donnons ci-après un résumé des appréciations quantitatives et qualitatives du rapport. Les interprétations sont le fait de la rédaction.

Royaume Uni (+13%)
En raison d’une plus forte croissance qu’ailleurs au cours de 3 dernières années le Royaume Uni est devenu le leader du conseil en Europe (14,8 MdE, 1% de son PIB). C’est de loin le conseil le plus internationalisé avec des pratiques similaires à celles des USA.

Allemagne (+1%)
Même si l’Allemagne talonne le Royaume Uni avec 13,1 MdE d’activité, en raison d’attitudes culturelles (notamment la prééminence de l’ingénierie et des cultures « maison ») le marché allemand rapporté au PIB est moitié moindre (0,44%) que celui du Royaume Uni. La Feaco prévoit une croissance « dans la partie basse du premier digit » en 2004

France (-10%)
Avec 5,6 Milliards d’Euros de CA pour 2003 la France est troisième, mais loin derrière les leaders. Entre autre sa part du marché Européen n’est que de 11,8% alors que le Royaume Uni se prend la part du lion avec 31,2% (soit près du tiers) et l’Allemagne 27,6%. A noter que pour l’activité rapportéz au PIB (0,28%), la France est trois fois moins performante que le Royaume Uni ! La Feaco observe que la France avec la Suisse et les Pays nordiques est un « sous-performeur ». Alors qu’en Europe, et notamment au Royaume Uni et en Allemagne le conseil en informatique est leader, en France c’est le secteur bancaire qui malgré sont recul domine (22% devant la communication et les médias 16%). La Feaco prévoit une croissance de +5% pour 2004

Espagne (+6%)
Quatrième place européenne, l’Espagne est devenue le plus grand marché de conseil d’Europe du Sud avec 2,6 MdE d’activité. Les services financiers sont comme en Ftance le secteur dominant. La relation client-fournisseur traditionnellement très personnelle comme dans tous les pays latins serait aujourd’hui dominée par le client en raison de la compétition sur les prix. Un croissance de +3% attendue en 2004

Italie (-2,5%)
En 5ème position seulement et avec 2 MdE l’Italie est en repli. Le secteur informatique y est le plus important. Pas de reprise attendue pour 2004

Pays bas (-3%) 1,9 MdE

Suisse (-8,5%) 1,2 MdE en repli comme l’année précédente. Optimiste pour 2004

Suède (-12%) 825 ME

Russie (+60%) 698 ME Croissance à l’identique attendue en 2004

Autriche (+2%) 600 ME Croissance de +5% attendue en 2004

Belgique (-4,5) 540 ME

Norvège (-13%) 500 ME Une amélioration attendue pour 2004

Portugal (-5%) 370 ME

Pologne (+3%) 240 ME

Hongrie (-2%) 215 ME Une stagnation, voir légère régression est attendue pour 2004

Grèce (+15%) 205 ME Toujours en forme Olympique. L’effet des jeux et du programme communautaire devrait maintenir une bonne croissance en 2004

Roumanie (+14%) 95ME Croissance de +20% attendue en 2004

Slovénie (+13%) 72 ME Croissance de +5 à +20% attendue en 2004

On le voit donc en 2003 une Europe très hétérogène mais où, à part quelques pays, les fédérations sont relativement optimistes pour l’avenir, même si le double digit n’est pas encore pour demain.

Bertrand Villeret