La Chronique d'Yves Perez              
24 Novembre 2006



EADS: suite et fin... provisoire

EADS traverse une phase de turbulences qui s'annonce à la fois longue et difficile. Le temps des économies et des restructurations est là, comme celui de la recherche d'une nouvelle stratégie ...
   
Airbus
Logistique de production et d'assemblage de l'Airbus A380. Source: Wikipedia. Licence: CCBYSA

BEA (British Aerospace Engineering) au courant des retards acumulés par le programme de l'A-380 retire ses billes brutalement d'EADS et déclenche une crise majeure. Le P-dg, Christian Streiff avoue sous le feu des médias que les retrads annoncés sont de 2 ans. Certains clients menacent d'annuler leurs commandes. L'action en bourse d'EADS baisse. Les gouvernements français et allemands s'en mêlent. Christian Streiff démissionne de son poste où le remplace Louis Gallois, dirigeant d'exception.S'ensuit une renégociation complexe de la structure de l'actionnariat, affaibli par le départ de BAE qui pesait 20% du total. Les russes se portent candidats et prennent par surprise 5% des parts. Le Président Vladimir Poutine, en visite en France, affirme son intérêt pour une coopération Euro-russe dans le domainede l'aérospatial. De son côté, le gouvernement espagnol de Luis Zapatero, réaffirmesa volonté de s'engager plus avant dans le consortium Aibus. L'affaire n'est pas terminée et la consolidation de l'actionnariat d'Airbus demeure l'un des enjeux stratégiques de la situation actuelle. L'heure des choix est arrivée et, notamment, l'attitude à adopter face à la propositionrusse de devenir un partenaire majeur d'EADS aux côtés de la France et de l'Allemagne.


L'heure des restructurations a sonné
EADS est un consortium au sein duquel chaque pays s'éfforce de s'assurer une partie de la construction des appareilsen fixant sur leur sol des emplois durables et qualifiés. Le problèmed'Airbus est de passer d'une logique de consortium à une logique de groupe industriel intégré.  En effet, le mode de fonctionnement qui a été celui d'Airbus jusqu'ici, induit des surcoûts liés au maintien des réseaux de sous-traitance de proximité et aux frais de logistique. L'analyse détaillée de la circulation des composants de l'A-380 entre le Royaume-Uni , l'Espagne, la France et l'Allemagne révèlerait sans doute très vite les limites de ce modèle d'organisation. Le Président Gallois va devoir prendre des décisions difficiles et réaliser des économies drastiques sans toutefois briser le subtil équilibre qui s'est peu à peu instauré entre les différents pays participant aux programmes d'EADS.


Au-delà du temps des économies, une stratégie à repenser
Le temps des économies constitue une étape nécessaire du redressement d'EADS mais il conviendra ensuite d'aller plus loin et de repenser une stratégie. Entre temps, il s'agira d'éviter la "débandade" et loes annulations de commandesdes clients déçus. L'annulation de la commande de la compagnie Emirates a laissé un goût amer à la direction d'EADS, même si elle a été compensée par la commande de 150 appareils par la Chine. Il faudra aussi regarder l'évolution de la stratégie de Boeing qui se retrouve, pour au moins 10 ans , conforté dans son rôle de Leader mondial, sans oublier la Chine qui ne se contentera pas à l'avenir de jouer les utilités en commandant 50% de ses appareils en Europe et 50% au Etats-Unis. Ca, ce pays entend jouer et jouera le rôle du troisième larron. Un rôle qui lui convient à merveille...



Yves - André Perez
Directeur de l’IDCE
Institut pour le Développement du Conseil en Entreprise
Université Catholique de l'Ouest


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Images :
Airbus A380. Source:  Wikipedia.  Licence: CCBYSA


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