A ce stade de mon récit, je dois maintenant vous tenir
informé de la situation politique en France. Situation politique
qui découle d’une débâcle économique sans
précédent, depuis l’élargissement de l’Europe à ce qu’on
surnomme aujourd’hui la « Médieurope » avec son chapelet
de nations sangsues (par ordre alphabétique : l’Algérie,
l’Andalousie, Chypre, le Liban, la Libye, Malte, le Maroc,
la Syrie, la Tunisie et la Turquie). Notre P.I.B a fait une
chute vertigineuse, mais l’euro reste relativement stable
par rapport au dollar car outre-Atlantique, la situation est
encore moins brillante. Les Américains n’ont toujours pas
digéré la seconde guerre du Golfe et Al Qaida profite de
leur faiblesse psychologique pour les frapper là où ça fait
mal. En fin de compte, les Twin Towers… ce n’était qu’un
amuse-gueule !
Quant à notre pauvre France, poussive motrice d’un
train de nations faméliques, elle ne vaut guère mieux !
Ingérer des immigrés en masse, comme à la fin du siècle
dernier, appauvrit déjà un pays ; prendre sous sa tutelle un
agrégat de nations pauvres le met carrément à plat ventre.
Et Dieu sait pourtant si notre France avait de belles mamelles…
à entendre parler les parents ! Maintenant, elle
ressemble à une vache exsangue, du genre de celles qui
déambulent nonchalamment dans les rues de Calcutta.
Au fait, vous devez être étonné de voir l’Andalousie figurer
sur la liste des neuf nations composant la
« Médieurope » ! Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls.
Tout le monde croyait que si l’Espagne accordait son autonomie
à une de ses provinces, l’heureuse élue serait le
Pays Basque, voire la Catalogne. Que nenni ! Bilbao et
Barcelone sont restées – comme des grandes filles – dans
le giron du royaume et c’est l’Andalousie qui s’en est détachée.
Remarquez, tant sur un plan historique que
géographique, c’est beaucoup plus logique. Grenade et
Séville sont redevenues les villes mauresques qu’elles
n’ont jamais cessé d’être et le détroit de Gibraltar n’existe
plus, sauf sur les cartes. Gibraltar, elle, existe toujours…
et elle est toujours anglaise ! Où qu’ils soient, les Roastbeef
ne sont pas faciles à déloger.
La France (ou ce qu’il en reste) vit actuellement une période
préélectorale plutôt mouvementée, compte tenu de la
conjoncture. Non seulement elle ne peut plus nourrir
l’Europe (ni la « Médieurope », née de ses entrailles) mais
elle éprouve de plus en plus de difficultés à subvenir à ses
propres besoins. Dans ce contexte, le discours politique est
particulièrement tendu. Le Président achève son premier
quiquennat et les sondages le voient difficilement en effectuer
un second, étant donné son piètre bilan. Le leader de
l’URNE (Union Républicaine des Nations Européennes),
Benjamin Lazreg, ne vaut guère mieux. Etant de surcroît
Premier ministre, il partage non seulement l’échec du Président
mais porte la responsabilité de l’impéritie
gouvernementale. De fait, si l’abstention pouvait avoir un
candidat, il serait sûr d’être élu. Car tous les autres postulants
ne sont pas crédibles et ceux qui le sont n’ont pas fait
leurs preuves. Dès lors, les électeurs préféreront, de toute
évidence, partir à la pêche le deuxième week-end de septembre;
les présidentiables ont donc peu de chance de
remplir leurs filets. Mais comme il faut un Président,
même par défaut (et le microcosme politique n’en manque
pas…), les duellistes combattent sur le terrain de l’image.
Le seul domaine où ils peuvent encore espérer gagner des
voix. Et c’est là que notre récit intervient car le football
reste un formidable vecteur de communication pour politicards
en mal de programme. Celui qui a échoué sur toute
la ligne et qui continue à lancer des promesses impossibles
à tenir peut encore se refaire une santé par le biais du foot.
Et là, il faut bien reconnaître que Benjamin Lazreg possède
quelques longueurs d’avance. Il a su – l’expression
est de circonstance – saisir la balle au bond.

Jean-François Pré
Le dossier Pouchkine
Editions Publibook, Paris 2007



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