Techno
Juin
2023 |
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Posithôt
:
Là où
l'anti-matière et l'industrie collisionnent
et révolutionnent les normes du contrôle qualité
non destructif
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Copyright
Posithôt 2023
Le
générateur de Posithôt, aussi surnommé le
« canon à positrons ». À l’intérieur
de cette mystérieuse boîte noire se trouve un
micro-accélérateur de particules qui délivre un
faisceau continu de positrons – les antiparticules d’électrons.
L'Anti matière est désormais disponible sur Terre en
boîtier compact ! C'est les clients industriels qui vont
être contents !
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Il fut un temps où personne ne croyait que l’antimatière
pouvait seulement exister, jusqu’à ce que l’humanité ne
la découvre dans les rayons cosmiques puis crée des
antiparticules dans des accélérateurs. Dès ce
moment, les spéculations se sont multipliées sur ce qui
pourrait bien être fait avec ces étranges particules
sorties de nulle part. Le succès est alors venu lorsque les
physiciens ont choisi de les utiliser pour sonder la matière
existante, avec des résultats des plus étonnants ! De
même que la matière annihile l'antimatière
lorsqu'elles se rencontrent, l'antimatière montre une incroyable
capacité à vivre un peu plus longtemps lorsqu'elle
traverse les vides de la matière révélant au
passage tous les défauts de cette matière. La
spectroscopie d'antimatière est ainsi née et est
devenue rapidement une curiosité de laboratoire : le truc
capable de voir les trous dans la matière. Vint alors
Posithôt, un instrument spécial basé sur
l'émission de positons - et un spin-off de l'administration
française de la recherche nucléaire (CEA) - conçu
pour permettre aux ingénieurs de sonder les lacunes de la
matière et de cartographier les fissures dans les
matériaux d'avant guarde ou encore les pièces issues des
techcnologies les plus avancées. Ainsi est né un
véritable outil
industriel délivrant un faisceau constant d’antiparticules pour
un contrôle qualité optimal qui devrait rendre notre monde
technologique plus sûr ! Et la bonne nouvelle est que ce
générateur d'antiparticules est très compact et
non radioactif lorsqu'il n'est pas en service, ce qui permet un
entretien des plus faciles pendant les temps de maintenance.
ConsultingNewsLine a
rencontré Jean Michel Rey et Pierre Bregeault de la startup
Posithôt pour en savoir plus sur cette toute nouvelle "High Tech" .
ConsultingNewsLine :
Jean-Michel Rey, Pierre Bregeault, Merci de nous recevoir à
Posithôt pour une visite du premier générateur de
positons compact et non radioactif disponible pour le contrôle
industriel de routine. Alors, d’où vient cette technologie, et
comment fonctionne-t-elle, est bien évidemment ma
première question. Peut-être que Jean-Michel Rey, qui est
le
physicien en chef de l'équipe, souhaiterait répondre ?
Jean Michel Rey : Bien
sûr. Posithôt développe les applications
industrielles d'une spectroscopie basée sur l'annihilation de
positrons (positons en français). Et les positons sont les
antiparticules des électrons, comme l'avait anticipé
Dirac en 1928 à travers sa célèbre
équation, lesquels seront très tôt
découverts par Carl Anderson dans le rayonnement cosmique en
1932. Les caractéristiques des positons et surtout leur masse et
leur charge ont été mesurées avec précision
par le physicien français Jean Thibaud, dès 1933. Et
clairement les positons sont apparau comme les antiparticules de
l'électron : même masse mais charge positive ! En 1934,
Frédéric et Irène Joliot-Curie bombardèrent
des feuilles d'aluminium avec des particules alpha (émises par
le polonium) ce qui donna du Phosphore 15, un radio-isotope
émetteur de positons, et accessoirement ce fut la
première radioactivité artificielle connue à ce
jour. Depuis lors, les positons ont été
créés par différents moyens - d'abord comme
espèces transitoires dans des accélérateurs de
particules lourdes, puis pour une utilisation en laboratoire avec des
accélérateurs de protons linéaires et des
cyclotrons, ainsi que dans des réacteurs nucléaires. Et
c’est ainsi que sont fabriqués aujourd’hui des isotopes tels que
l’azote 13, le fluor 18 ou le sodium 22. Ces isotopes émettent
naturellement des rayonnements Beta+ qui sont en fait des positons.
Cependant, depuis la création d'électrons positifs
jusqu'à l'obtention d'applications scientifiques et
industrielles efficaces, le chemin a été très long
et il faut comprendre que nous avons affaire à de
l'antimatière, ce qui rend les choses très
différentes car les positrons s'annihilent à chaque fois
qu'ils rencontrent des électrons, et la matière est
pleine de nuages d'électrons, ils disparaissent donc
facilement, produisant ainsi de puissantes paires de photons gamma.
Cela dit, c'est de cette annihilation dont nous avons profité,
car les photons gamma peuvent être facilement
détectés, ce qui constitue à son tour le concept
principal de la spectroscopie de positons. Ce que nous faisons ici
à Posithôt consiste essentiellement à
détecter les photons gamma résultant de l'annihilation
des positons à chaque fois que des positrons heurtent la
matière. Nous analysons ensuite cette émission de photons
en temps et en énergie dans la gamme des 100 eV à 550 000
eV (on dit 550 Kev).
Mais il faut d’abord produire ces positons, et pour échapper aux
contraintes des matières radioactives, nous avons
remplacé les émetteurs bêta+ par un
générateur de positons non radioactif basé sur un
accélérateur. C’est essentiellement ce que fait
Posithôt !
ConsultingNewsLine : Alors
que
peut-on voir à travers ces collisions de positons et l’analyse
ultérieure des photons que vous réalisez ?
Jean Michel Rey :
Ce que l'on voit avec cet effet apparemment destructeur, c'est bien au
contraire une observation non destructive de la structure de la
matière et de ses défauts. Car la grande
découverte, le « miracle » derrière l'effet -
qui est
en somme le deuxième concept derrière la spectroscopie de
positons
- est le fait que la trajectoire complexe des positons dans la
matière, ces sortes de zigzags de positons dans la
matière, est fortement déterminée par les
défauts qu'elle contient. et les rencontres entre défauts
et positons augmentent
considérablement leur durée de vie avant anihilation. Et
cela permet en retour de sonder les
micro défauts de la matière : lacunes d'atomes,
dislocations, fissures, pores... La spectroscopie de positons est donc
étonnamment une « spectroscopie des défauts »
et on imagine aisément les immenses applications scientifiques
et industrielles qui en découlent...
ConsultingNewsLine :
Alors,
quelles peuvent être ces applications ? Pierre Bregeault,
responsable marketing et commercial chez Posithôt,
pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ce sujet ?
Pierre Bregeault :
Avec plaisir. Différents types de matériaux peuvent
être soumis à la spectroscopie de positons, des
métaux aux polymères. Les applications vont de la
recherche fondamentale au contrôle
qualité industriel. Pour chaque matériau choisi l'analyse
vise à détecter les défauts les plus
caractéristiques. Du plus petit au plus structuré. Ces
défauts peuvent être des atomes déplacés
dans des combustibles nucléaires et des gaines soumises à
des rayonnements intenses dans les réacteurs nucléaires.
Il peut également s'agir de lacunes d'atomes ou des dislocations
dans des couches minces de semi-conducteurs, situation critique si l'on
fabrique des processeurs ou des cellules solaires pour
l'activité spatiale. Il peut également s'agir de fissures
et de réseaux percolants de telles fissures dans des
pièces métalliques pour lesquelles toute rupture devient
critique pour la sécurité des opérations, ce qui
est le cas pour les aubes de compresseurs de réacteurs, les
turbines ainsi que les rotors d'hélicoptères, les
cellules et des ferrures
métalliques des avions. Idem pour les arbres de transmission
dans
les applications marines, les trains de forage et les trépans
pour l'exploration pétrolière, les arbres
d'éoliennes ou hydroliennes pour les parcs éoliens et la
production d'énergie offshore... Dès lors que des
pièces sont essentielles à la sécurité de
passagers, à la sécurité des équipements ou
encore à la continuité et au rythme d'une activité
industrielle tout particulièrement dans un environnement
difficile,
des sites éloignés, l'analyse
des
défauts et des fissures
devient essentielle... et posithôt peut faire celà.
Posithôt
est donc inconstestablement l'une des toutes meilleures technologies de
CND
(Contrôles Non Destructifs), et peut être
considérée comme une véritable Métrologie
au regard de sa
sensibilité.
ConsultingNewsLine :
Cette technologie peut-elle être appliquée à toutes
les pièces réalisées en grande série pour
le grand public ? Je veux dire, de nos jours, nous
utilisons tous des objets high-tech qui peuvent nous lacher à
tout
moment, téléphones portables, ordinateurs portables...
mais dont les prix sont si bas que pour le contrôle de haute
qualité, franchement, ils n'en valent pas le coup...
Pierre Bregeault : C'est
exact. La spectroscopie de positons n'est pertinente que pour les
pièces de haute technologie, comme les moteurs de fusée
ou les
dispositifs uniques équipant les satellites ou encore certaines
pièces nouvelles sur des voitures de course. Idem pour les
petites
séries très coûteuses de pièces critiques
pour lesquelles un contrôle qualité peut
réellement être envisagé ce qui est le cas pour
l'industrie militaire, la fabrication de gros canons et d'obus et ce
sera probablement le cas pour les taxis aériens, ce qu'on
appelle les eVtols, etc... Mais pour la plupart des technologies
vendues à monsieur tout-le-monde c'est le processus de
fabrication qui doit
être sécurisé. Vous avez parlé de
téléphones portables. Certaines batteries ont tendance
à s’enflammer dans ces dispositifs mais
on ne peut pas toutes les tester, ce serait trop cher. Aussi, de
petites
séries de pièces fabriquées dans des conditions
spécifiques et variables doivent être testées en
amant pour
déterminer quelles conditions de processus sont les meilleures
et donnent le meilleur résultat de qualité. Ainsi,
parallèlement au contrôle systématique des
pièces hautement critiques et très coûteuses, il
est possible d'évaluer les processus pour répondre
à la demande industrielle de produits de qualité pour le
client grand public. Un autre exemple est celui des drones.
Aujourd'hui, les petits
drones comme les eVitols doivent éviter de s'écraser dans
des zones
peuplées, mais leur prix est bien trop bas pour un
contrôle
systématique de toutes leurs pièces lors de tests
coûteux, aussi nous proposons l'optimisation du processus
de
fabrication des pièces critiques, que ce soit pour leurs
batteries, leurs
aimants, les arbres, roulements etc... C'est là que
Posithôt
peut également fournir un appui supérieur.
ConsultingNewsLine : Les
matériaux mentionnés jusqu'à présent
étaient pour la plupart solides, en forme de bâtonnets ou
sous forme de feuilles… Les poudres sont-elles également
éligibles à la spectroscopie de positons ?
Pierre Bregeault : Certainement
oui, même si parfois c'est un peu plus délicat, mais c'est
principalement le cas pour l'industrie chimique où la plupart
des réactifs se présentent sous forme de poudres, tout
particulièrement pour la catalyse
hétérogène, les zéolytes pour lesquelles
la surface spécifique des pores peut être mesurée
ainsi que la fraction ouverte de ces pores vers l’extérieur des
grains laquelle s'avère déterminante pour une catalyse
efficace.
ConsultingNewsLine : Et
nous savons tous que les catalyseurs des unités de raffinage
peuvent coûter jusqu'à des quelques centaines de millions
d'euros
pour un seul batch de remplacement. La durée et
l'efficacité des catalyseurs déterminent souvent les
coûts d'exploitation...
Pierre Bregeault : Absolument
et le ROI, le retour sur investissement est ce sur quoi nous nous
concentrons auprès des clients potentiels.
Jean Michel Rey : Avant
d'aborder plus en avant la partie économique du métier,
j'aimerais
ajouter un point de vue scientifique sur ce point de la
porosité.
L'aspect poreux des matériaux n'est pas seulement le cas des
catalyseurs mais aussi celui des électrodes de batteries, des
piles à combustible ou encore celui des hydrures pour le
stockage de
l'hydrogène, et concerne aussi les membranes de dessalement. Et
il peut être démontré que les pores
indépendants d’un côté, les pores liés entre
eux de
l’autre et les pores ouverts vers l’extérieur
donnent tous un signal différent lorsqu’ils sont analysés
en
temps et en énergie par spectroscopie de positons. Nous pouvons
ainsi les discriminer et mieux connaître la structure du
matériau et sa capacité à interagir avec un gaz ou
un liquide, ce qui est au cœur de tous les processus chimiques. Cela
fait
donc de Posithôt un formidable outil pour étudier et
contrôler les nouveaux matériaux de l'électronique,
l'optoélectronique, l'électrochimie, la chimie et la
génération d'électricité. Surtout à
notre époque où nous
découvrons de nouveaux matériaux presque tous les jours
et produisons à un
rythme élevé d'anciens matériaux avec de nouvelles
textures.
Pensez par exemple au silicium polycristallin ou au silicium poreux,
à
l'arséniure de gallium, aux semi-conducteurs multicouches, aux
zéolites, aux membranes polymères, céramiques et
aux composites...
Copyright
Posithôt 2023
L'appareil Posithôt au grand complet, avec son
générateur de positons, ses lignes de faisceaux
équipées de deux chambres d'expérimentation ainsi
que la salle de contrôle commande. Tous les
éléments sont accessibles à l'opérateur,
même lorsque le générateur est en marche, le
rayonnement étant strictement confiné à
l'intérieur du blindage du générateur. A
l'arrêt il peut être intervenu
sur le
générateur de positons qui ne présente aucune
activation radioactive.
ConsultingNewsLine : Qu’en
est-il de l’impression 3D ?
Pierre Bregeault
: C'est un nouveau domaine d'activité qui
présente de nombreuses opportunités. Des prototypes
industriels ainsi que de petites séries de pièces peuvent
être réalisés en impression 3D. Dans le cas du
secteur automobile et aérospatial, les pièces
métalliques fabriquées par impression 3D - la plupart par
frittage de poudres métalliques - des défauts peuvent
survenir et la porosité peut altérer les pièces
obtenues. Aussi la spectroscopie de positons peut s'y avérer
utile pour détecter ces déficiences. Il s’agit donc d’un
domaine d’investigation absolument prometteur pour Posithôt.
ConsultingNewsLine : On
peut donc ainsi utiliser la spectroscopie de positons pour
étudier de nouveaux matériaux et leur porosité.
Mais laissez-moi me faire l’avocat du diable : nous disposons
déjà de nombreuses technologies pour sonder les
défauts de la matière, Adsorption de Gaz, Ressuage,
Courants de Foucault, Ellipsométrie, Imagerie Ultrasonore,
Spectroscopies Electroniques et de Rayons X... Qu'est-ce qui peut bien
faire que la spectroscopie de positons serait une technologie
supérieure et pourrait passer pour la nouvelle arme absolue pour
le 21ème siècle. ?
Jean Michel Rey :
Les différentes technologies que vous évez
évoquées sont pour certaines uniquement utilisables pour
l'analyse de surface, comme l'adsorption gaseuse, le ressuage, les
courants de Foucault ou encore l'ellipsométrie. Et pour les
autres - utilisées pour l'analyse dans la masse - ou encore
celles s'appuyant sur des faisceaux d'électrons, elles sont
destructives lorsqu'elles sont utilisées dans la gamme
d'énergie nécessaire à l'observation des
défauts les plus fins. Pour l'imagerie échographique ou
les rayons X qui ont une très faible résolution, elles ne
peuvent pas sonder les plus petits défauts. Ainsi, dans
l'échelle des défauts qui nous intéresse, depuis
les petits trous auxquels il manque un million d'atomes jusqu'à
des défauts d'un seul atome - en d'autres termes une simple
lacune de réseau - il est clair que la spectroscopie de positons
est la seule technologie non destructive (CND) disponible. Elle
présente également une prise en main aisée
malgré un traitement informatique des données plus
complexe.
ConsultingNesLine :
La facilité de manipulation est généralement un
euphémisme pour les technologies nucléaires.
Pourriez-vous nous en dire plus sur la façon dont vous
générez vos positons, réalisez vos
expériences et pourquoi l'ensemble de l'appareil donne des
résultats supérieurs et une manipulation facile ?
Jean Michel Rey : Posithôt
est un générateur de positons très compact dans
lequel on accélère des électrons avec des
micro-ondes et on les laisse interagir ensuite avec un cristal cible
dont les noyaux dévient fortement les électrons rapides
qui s'en approchent trop. Ceci conduit à une forte
émission de photons gamma due à la
décélération des électrons, ce que l'on
appelle en physique « bremstrahlung » avec un mot allemand,
à savoir un rayonnement de freinage, qui peut conduire à
l'émission spontanée de paires électron – positon
chaque fois que l'énergie des photons est supérieure
à 1,2 Mev, ce qui est le seuil d'énergie exact pour
créer une paire particules-antiparticules selon
l'équation de relativité E=mc2. Une fois que nous avons
les positons, nous pouvons les séparer des électrons car
ils ne portent pas la même charge électrique et
sélectionner leur énergie. Cela se fait grâce
à des filtres et des collimateurs électrostatiques et
magnétiques qui sont des dispositifs classiques de la physique
des particules. Cela dit, l’ensemble du dispositif et les lignes de
faisceaux qui transportent les positons jusqu’à la chambre
expérimentale doivent fonctionner sous un vide parfait. Mais
c'est là aussi du classique pour les physiciens. C'est donc dans
son ensemble que cette technologie se révèle être
unique et a fait l'objet d'un brevet.
ConsultingNesLine : Vous
produisez donc des rayons gamma dans le générateur de
positons (pour
créer des paires électrons - positons) et, à
l'arrivée, vous obtiendrez
également des rayons gamma pour détecter l'annihilation
de vos positons
dans la chambre d'expérience. C'est bien celà ?
Jean Michel Rey : Exactement
et c'est pour cela que le générateur est entouré
de plaques de plomb et
de murs en béton lorsqu'il fonctionne. Mais la bonne nouvelle
est qu’il
n’y a aucune réaction nucléaire ni aucun rayonnement
neutronique impliqué
dans le processus. Ainsi une fois l’expérience terminée
et le
générateur arrêté tous les photons de haute
énergie disparaissent. Nous n’avons plus aucune
radioactivité ou matière
activée dans l’appareil et son générateur. C’est
sans nucléaire. On
peut alors le gérer sans protection particulière pendant
les périodes d'arrêt. C’est aussi simple que d’entretenir
un spectromètre à rayons X.
ConsultingNewsLine : Et
vous pouvez me garantir que l'on a bien les mêmes conditions de
sécurité dans la chambre d'expériences que dans le
générateur?
Jean Michel Rey : A
condition de ne pas travailler sur des matières radioactives
c'est pareil. Nous injectons des positons de basse énergie dans
les échantillons expérimentaux et détectons les
photons gamma émergeant à une longueur d'onde (~ 500 Kev)
pour laquelle ils n'interagissent pas avec le noyau (seuil à 1
Mev) ou les électrons proches du noyau (énergie des
rayons X), donc nous n'avons pas la moindre réaction
nucléaire ni la moindre fluorescence X dans l'échantillon
en cours d'expérimentation et la seule limitation est de
protéger les opérateurs des rayons gamma eux-mêmes
pendant l'expérience et des positrons ou photo-électrons
qui pourraient s'échapper mais qui sont facilement
stoppés par le boîtier métallique. Cette
technologie est donc clairement non destructive pour
l'échantillon, inoffensive et facile à manipuler pour
l'expérimentateur, et permet de sonder des microdéfauts
compris entre 1 et 10 puissance 6 atomes, critiques pour
l'initialisation de fissures dans les métaux ou pour
l'amorçage de la dégradation les semi-conducteurs. Ainsi,
et quand bien même certaines technologies classiques continueront
à être utilisées pour des défauts courants
en surface ou pour de grandes fissures dans la masse, la spectroscopie
de positrons sera l'arme ultime pour détecter le plus tôt
possible les défauts les plus fins, bien avant qu'ils ne se
réticulent et ne forment un réseau destructeur.
Posithôt est donc la seule technologie disponible aujourd'hui
pour détecter les défauts les plus critiques dans les
pièces mécaniques ou dans les matériaux de
l'électronique, ce qui la rend absolument stratégique
pour notre monde de hautes technologies et de transport de masse en
croissance rapide. C’est clairement une technologie d'avenir.
Copyright
Posithôt 2023
Exemple de mesure effectuée par Posithôt : Le Profil du
Paramètre
d'endommagement d'un superalliage utilisé pour des applications
spatiales. Le paramètre mesuré en fonction de la
profondeur montre les
conséquences du niveau de contraintes appliqué aux
échantillons lors
d'un essai de fatigue. Il met en évidence des microfissures
ouvertes
situées sous la surface.
ConsultingNewsLine : Une
technologie d'avant-garde qui a certainement un prix
élevé. Combien ça coûte en fait ? Et quel
est le ROI de Posithôt ? Pierre Brégeault...
Pierre Bregeault : Posithôt,
dans la configuration que vous voyez aujourd'hui, coûte environ 3
millions d'euros. Et pour une machine commerciale, dotée d’une
chambre d’expérimentation adaptée, pleinement
opérationnelle sur le site du client, nous serions plus proches
de 3,5 millions d’euros, ceci incluant les travaux de construction et
la formation des équipes. Pour les opérations sur le site
du client nous réfléchissons actuellement à louer
l'appareil avec son équipage comme cela a été fait
lors de la mise à disposition des ordinateurs centraux au
début de l'ère informatique. Différents types de
contrats pourraient être proposés depuis la location
jusqu'à l'achat-location (leasing) et le rachat (by-back) lors
d'une montée en gamme. Il faut comprendre que ce genre de
machine, dont une nouvelle sera bientôt installée dans un
camion, nécessite un haut niveau d'opérabilité
pour être rentable. Une série de mesures avec recueil des
données coûte entre 5 000 euros et 50 000 euros selon la
complexité, comparable à de l'imagerie médicale.
Et pour la recherche comme pour les applications industrielles, il faut
considérer des journées de travail au prix de
l'ingénierie. Nous pensons donc que les grandes entreprises
pourraient en profiter ainsi que les petites regroupées au sein
de laboratoires mutualisés. Idem pour la recherche fondamentale
et la R&D pour lesquelles des installations communes pourraient
être développées, et ce partout dans le monde car
cette technologie est unique. En termes de retour sur investissement,
nous pouvons fournir aux clients potentiels des évaluations en
fonction de leurs processus métiers.
ConsultingNewsLine :
Encore une fois, je vais essayer de me faire l’avocat du diable. Face
à un coût qui n'est pas négligeable, pourrait-on
essayer de réaliser la spectroscopie de positrons avec des
technologies plus simples telles que des sources radioactives comme
cela se fait pour le PET Scan médical. Vous avez
évoqué les sources Beta + N13, F18 et Na22 au
début de cette interview.
Jean Michel Rey : C'est une manière assez
ancienne de faire de la spectroscopie de positons, même si pour
un usage médical avec le PET scan, elle présente le plus
grand intérêt. Mais faisons face à ce concurrent
naturel. L'utilisation de radio-isotopes, c'est-à-dire de
matériaux dont la radioactivité diminue entre les
expériences mais aussi au cours des expériences
elles-mêmes, la rend inadaptée à des applications
industrielles précises et répétitives. Pour le
médical, environ 10 radionucléides artificiels tels que
le Carbone 11, l'Azote 13 ou l'Oxygène 15 sont utilisés
parmi lesquels le Fluor 18 est le plus couramment
sélectionné (95 %). Ce sont tous des radio-isotopes
à courte durée de vie, émetteurs de positons [11C
(T1⁄2 = 20,4 min), 13N (T1⁄2 = 10 min), 15O (T1⁄2 = 2 min)] et pour le
fluor 18 mentionné dont la demi-vie n'est que de 2 minutes, il
convient à la tomographie par émission de positrons (PET
Scan) mais est bien trop court pour une analyse précise sur des
matériaux. Le problème est qu'ils sont tous produits par
irradiation de cibles naturelles, générant ainsi des
déchets radioactifs. Cela signifie aussi que vous avez besoin
d'un synchrotron ou d'un accélérateur linéaire
pour accélérer des protons, ce qui est non seulement un
moyen compliqué de créer des espèces à vie
courte, mais aussi un processus beaucoup plus coûteux que
l'obtention d'un faisceau de positrons avec le générateur
Posithôt. Et pour les radio-isotopes à plus longue
durée de vie tels que le Zr 89 (T1⁄2 = 58H), ce n'est pas mieux
car il faut également une source de protons et pour certains
radio-isotopes un réacteur nucléaire. Idem pour le Na22
utilisé en labo pour effectuer une irradiation aux positons.
Aussi, dans notre schéma de développement, avant de nous
lancer dans la méthode « électrons > photons
gamma > positons » qui est à la base de Posithôt
pour produire un haut débit de positons, nous avons
comparé toutes les différentes manières de
produire des positons et Posithôt s'est avéré
être de loin la plus efficace et la moins chère pour
fournir un faisceau stable pour un usage industriel. Et nous avons en
plus réussi à le rendre compact.
ConsultingNewsLine : Alors que cette
interview touche à sa fin, je voudrais vous remercier pour cette
introduction à la technologie Posithôt et peut-être
essayer de profiter du temps restant pour en savoir un peu plus sur
Posithôt en tant qu'entreprise, ses objectifs pour le futur et
aussi ses premiers succès.
Jean Michel Rey : Posithôt
est une entreprise privée, un spin-off du CEA (Administration
nucléaire française) qui a pour objectif de construire,
commercialiser et fournir des services autour de la technologie
Posithôt. Elle est détenue à 10,5 % par le CEA et
pour le reste par des actionnaires privés parmi lesquels les
créateurs de la technologie. Nous sommes situés sur le
Technoparc des Ulis, donc tout près du centre d'études
nucléaires de Saclay, du complexe scientifique d'Orsay et des
labos du plateau de Saclay, à un quart d'heure de
l'aéroport d'Orly et de l'aérodrome d'affaires de Toussus
Le Noble ainsi qu'à une heure du centre-ville de Paris par les
trains régionaux rapides ou par l'autoroute. Nous entretenons
aujourd'hui des relations fortes avec Safran, Nexter, le groupe Ariane
et le CNES et avons déjà remporté des contrats
avec le ministère de la Défense français. Un
deuxième émetteur de positons est prévu pour une
utilisation portable sur un camion et nous espérons en vendre
quelques-uns dans un avenir proche. Mais comme nous l'avons
déjà dit, notre objectif est de fournir des services au
sens le plus large, que ce soit en implantant Posithôt dans de
grandes entreprises et en fournissant un support en interne, ou en
sous-traitant des tests dans nos propres locaux ou encore en
développant des installations communes pour des instituts de
recherche et des regroupements d'entreprises.
Pierre Bregeault :
Et si nous devions aider vos lecteurs à retenir une seule
idée, ce serait que Posithôt est bien le nouvel outil du
nouveau siècle, compact, non radioactif, à débit
élevé et régulier, capable de fournir un
accès sans précédent à la microstructure et
aux des défauts des matériaux et ainsi fournir des
contrôles non destructifs (CND), des contrôles
qualité et des contrôles de prévention
supérieurs à ce qui a été fait
jusqu'à présent... et dans un sens plus large pouvoir les
aider, eux ou leurs clients, à sécuriser ce qui est
devenu primordial dans l'activité industrielle : le MRO, la
Maintenance, les Réparation et Opérations ainsi que le
MCO pour les opérations critiques, le rétro traitement et
la rétro composition.
Propos recueillis par
Bertrand Villeret
Rédacteur en chef
de ConsultingNewsLine
bvilleret2@aol.com
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Contacts:
Jean-Michel REY
Jean-michel.rey@posithot.com
Pierre Bregeault
pierre.bregeault@posithot.com
https://www.posithot.com
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Interdit de
reproduction
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