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25 nov  2024
ConsultingNewsLine

Inauguration de l'AM Gen chez Posithôt
Alors que les feuilles d'automne tourbillonnent, Posithôt - un spin off du CEA - reçoit ses invités sur le Technoparc de Villebon pour la présentation officielle de l'appareillage révolutionnaire qu'il a passé 6 ans à concevoir, construire et mettre au point : l'AM Gen (Antimatter Generator), financé par la région Ile de France et le programme des investissements d’avenir (PIA 3)

Posithôt
Copyright : B. Villeret - Quantorg 2 pour ConsultingNewsLine 2024

Le 23 nov 2024, l'AM Gen de Posithôt a été inauguré lors d'une séance de démonstration, devant des invités universitaires et industriels, au cours de laquelle le générateur devait être mis en route et son émission de positons mise en évidence à sa valeur nominale. Les invités avant cela avaient été introduits à cette technologie à l'aide d'un diaporama retraçant notamment la construction de l'appareil. Un exercice bien utile du fait que la partie active de l'appareillage est masquée à la vue du public par un sarcophage en plomb et en béton dont le rôle est d'arrêter les rayons gamma qu'il produit pendant son fonctionnement...


La startup Posithôt, née en 2015 au sein du CEA de Saclay est aujourd'hui la seule au monde à proposer aux chercheurs universitaires et industriels un système d'analyse des matériaux basé sur l'usage d'antiparticules : les Positons (anti particule de l'électron), autrement dit des électrons positifs !

Envoyés à la demande et en flux contrôlé sur les cibles à analyser - pièces métalliques ou polymères entre autre - les positons ont le bon goût de terminer leur courte vie en s'annihilant sur les nuages électroniques qui remplissent les vides de la matière. De là, l'émission d'une intense énergie sous forme de lumière - des photons gamma aisément détectés - et en retour un profil très fin des défauts des matériaux : micro failles dans les pièces complexes issues de l'impression 3D ou de la fabrication additive, céramiques poreuses ou encore semiconducteurs de nouvelle génération et surtout amorces de criques dans les métaux soumis à des contraintes ou à une forte pression d'hydrogène - ce vecteur énergétique de demain.

Avec l'AM Gen, les industriels du nucléaire, du spatial, des transports et de la défense pourraient bien bénéficier de retours sur investissement conséquents, à une époque où les stratégies d'allègement, de réutilisation et de recyclage qui accompagnent la transition énergétique reposent essentiellement sur une révolution dans l'usage de matériaux nouveaux.

Pour Posithôt, venir mesurer les défauts comme l’absence de matière dans les matériaux, permet de compléter l'offre classique des microscopes électroniques, scanneurs à rayon X et autres analyseurs, et forme l'enjeu économique des années à venir - alors même que l'on assiste à une recrudescence de fusées qui explosent en vol ou de moteurs d'avion qui prennent feu, quand ce ne sont pas les batteries de portable ou de voitures électriques qui font de même - soit aussi pour Posithôt un marché autant dans la vente de services pour la mise au point de matériaux innovants, que dans la vente d’équipements d’analyse et de contrôle non destructif.

Une université européenne a déjà manifesté l’intention d’acquérir un AM Gen dont l'usage sera grandement facilité par une caractéristique déterminante du dispositif : contrairement aux isotopes radioactifs qui rayonnent en permanence, l'appareillage développé par Posithôt n'émet pas de radiations lorsqu'il est à l'arrêt, ce qui facilite son utilisation comme sa maintenance.

Il y a peu les positons n'étaient observables que dans le rayonnement cosmique, puis au voisinage d'isotopes radioactifs difficiles à manipuler. Avec Posithôt, l'antimonde contrôlé est "enfin en vente sur Terre" et la startup francilienne, qui tire son nom du Dieu égyptien à tête d'ibis, n'a toujours pas de concurrent connu dans la Galaxie…

Bertrand Villeret
rédacteur en chef
ConsultingNewsLine


Posithôt
Copyright : Posithôt 2024 .
L'AM Gen, l'Antimatter Generator, qui produit les positons, est situé dans le sarcophage en béton qui appparaît ici en haut et à droite de l'écran. Les positons générés sont ensuite acheminés vers une chambre d'expérience, ici ouverte et située en bas et à gauche de l'écran, via un guide maintenu sous vide poussé. Un haut flux de positons de faible énergie circule alors librement du générateur à la chambre d'expérience sans rencontrer de molécules d'air. Afin de permettre diverses expériences, deux chambres d'expérience ont été aménagées, le guide de positons se séparant en deux lignes distinctes. Dans la chambre d'expérience les positons sont annihilés lorsqu'ils rencontrent des électrons au sein de la cible à analyser.  Il en résute l'émission de rayons gamma qui sont alors détectés. On voit ici un détecteur de rayons gamma (au Germanium) au premier plan de l'image (tube argenté placé perpendiculirement au guide de positons).


Posithôt
Copyright : B. Villeret - Quantorg 2 pour ConsultingNewsLine 2024
Les guides qui acheminent les positons vers les chambres d'expérience sont entourés de bobinages de cuivre qui assurent la présence d'un champ magnétique parallèle à la trajectoire des positons qui dès lors s'enroulent autour des lignes de champs, ce qui évite leur défocalisation. En effet dans les paquets de positons générés par l'AM Gen, les positons ont tendance à se repousser entre eux et le champ magnétique axial permet de les acheminer correctement vers leur cible, un peu comme les particules chargées du vent solaire atteignent les pôles terrestres en s'enroulant dans le champ magnétique de la Terre. On voit ici deux guides permettant l'usage alterné des deux chambres d'expérience. Une bobine orientable située au point de séparation permet d'affecter le feaiceau vers l'une ou l'autre des chambres. d'expérience.



Posithôt
Copyright : B. Villeret - Quantorg 2 pour ConsultingNewsLine 2024
Jean-Michel Rey, Physicien, fondateur de Posithôt et concepteur de l'AM Gen, présente ici à ses invités la courbe issue du détecteur de rayons gamma placé au niveau d'une des deux chambres d'expérience. Pour l'instant seul du bruit est observable. Il résulte essentiellement du fond diffus de rayons gamma présents dans le rayonnement cosmique qui nous entoure. En arrière plan on apperçoit la salle de commande du disposif où deux physiciens sont à l'oeuvre.



Posithôt
Copyright : B. Villeret - Quantorg 2 pour ConsultingNewsLine 2024
Lorsque l'AM Gen est mis en route, se surajoute au fond diffus un pic situé précisément en énergie à 511 KeV, soit l'énergie précise qui permet de créer ou d'annihiler un positon ou un électron (E=MC2 !). Le compteur indique 10 puissance 2 coups par seconde, soit environ 100 photons gamma détectés chaque seconde. Sur l'ensemble des directions de l'espace qui entourent un échantillon c'est environ 10 puissance 6 coups qui peuvent être mesurés simultannéement ce qui traduit la destruction d'un million de positons par seconde lors de l'annihilation de ces derniers au cours de  leur rencontre avec les nuages électroniques qui emplissent les vides de la matière.  De toute évidence, et devant les invités rassemblés, l'AM Gen produit à sa valeur nominale les antiparticules tant convoitées !



Posithôt
Copyright : Posithôt 2023
L'annihilation des positons lors de la rencontre avec les nuages électroniques qui emplissent les vides de la matière, et l'émission de photons gamma qui en résulte, permet une analyse en profondeur des défauts dans les matériaux. Ici on peut observer le profil du nombre de défauts en fonction de l'épaiseur depuis la surface pour une feuille d'alliage métallique utilisée dans l'insustrie spatiale...  L'échelle horizontale est en nanomètres, 1000 nm étant équivalent à 1 micron. Les mesures sont ici effectuées sur le premier micron d'épaisseur d'un échantillon. On peut observer qu'après des cycles de contrainte mécaniques le nombre de défauts augmente sensiblement dans le corps du matériau.  Ce sont ces défauts qui lorsqu'ils se regroupent forment des criques dont seules celles de plus d'un micron sont observables par les techniques habituelles comme par exemple les rayons X. La spectroscopie d'annihilation de positons permet donc d'analyser finement et très en amont le risque de fissuration dans les matériaux, tout particulièrement sous la surface et sous les traitements de surface, c'est-à dire précisément là où des criques peuvent se former sans qu'elles soient pour autant observables de l'extérieur, ni visibles aux rayons X. Les techniques de fabrication additives, à partir de poudres métalliques ou du 3D printing pour les polymères, génératrices de nombreux défauts, devraient profiter de la nouvelle technologie de spectroscopie d'annihilation de positons (PAS) rendue possible par le générateur AM Gen de Posithôt...

Pour en savoir plus, notamment sur la façon dont les positons sont générés dans l'AM Gen, cf. notre interview
de Jean-Michel Rey, fondateur de Posithôt :

Jean-Michel Rey
INTERVIEW

 
UK  <  Interview in English


Quelques livres pour en savoir plus sur le sujet - A few books to know more about the topic :

Noël 2024 Noël 2024 Noël 2024 Noël 2024 Noël 2024
John David Jackson  Dunod 2021 Walter Greiner
Springer 2009
Francesco Terranova
Oxford 2021
Michael Charlton
Cambridge 2005
Jerzy Dryzek
Springer 2023



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